…Et panique face à la “menace Ron Paul”

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A partir de la même circonstance (commentaires de Harwood avec l’ancien parlementaire Joe Scarborough sur un sondage favorable à Ron Paul dans un émission CNBC) que nous avons signalée plus haut, nous détachons un extrait (la conclusion) de la dépêche RAW Story qui en rend compte, qui nous paraît intéressant d’une manière spécifique.

Le dernier paragraphe nous dit ceci:

«Scarborough further noted that if Paul were to run for president as an independent, it “would be really bad news for the Republicans.” He then seemed to think better of his earlier remark about Paul's colleagues considering him crazy, concluding, “He's an extremely impressive man, he's brilliant ... and everybody's excited about this guy.”»

C’est un passage très intéressant, en quelques mots. D’abord, la dernière phrase de Scarborough, revenant sur sa remarque initiale qui aurait pu sembler péjorative («[In the House, everybody's] thought that he's been crazy for a while, as far as too conservative, too libertarian. ... He's a very independent guy. He doesn't play by the rules.»), — Scarborough qui dit : “C’est un homme impressionnant, il est brillant… et tout le monde est très excité à son propos”. Cette phrase montre que même les hommes du système (dont est Scarborough, puisqu’ancien parlementaire, — mais néanmoins plus à son aise parce qu’ancien parlementaire), en même temps qu’ils critiquent Paul pour ne pas se conformer au système, sont séduits par lui pour la même raison, par son attitude non contrainte, hors-système. Il s’agit d’une ambiguïté très caractéristique, montrant à la fois la puissance paradoxale de la position de Paul et l’épuisement que constitue pour ses adversaires le devoir de conformisme imposé par le système.

Là-dessus, il y a une indication plus politique. Nous ne prétendons certainement pas avoir tout lu sur Ron Paul, mais dans ce que nous avons lu nous n’avons jamais rencontré l’hypothèse d’une candidature indépendante de Ron Paul. Elle nous paraît pourtant évidente, et nous l’avons nous-même développée. Voilà pourtant qu’elle est évoquée par Scarborough (« if Paul were to run for president as an independent, it “would be really bad news for the Republicans.”»). C’est donc la première fois que nous rencontrons l’hypothèse et nous avons le signe qu’elle n’est certainement pas inenvisageable, pour une raison cachée ou l’autre, comme nous aurions pu le croire. C’est un point important.

Maintenant, pourquoi n’est-elle pas évoquée plus souvent? De la part de Ron Paul, cela nous paraît explicable. Ron Paul est un homme intègre, qui respecte les vraies règles politiques (et non pas les “règles du jeu” du système) et il se conforme pour l’instant à sa loyauté au parti républicain, jusqu’à ce que les primaires, où il sera sans doute battu, le pousse à éventuellement envisager une candidature d’indépendant. Inutile de dire qu'il doit penser à cette possibilité.

Du côté de ses adversaires, — le système, le parti républicain, — ce silence sur la possibilité d’une candidature indépendante semble indiquer une position défensive, une crainte cachée et une tactique délibérée d’ignorer Paul. Ne pas parler d’une candidature indépendante de Ron Paul, c’est tenter de conjurer un sort peut-être funeste pour le parti républicain.

Les partis ont une peur panique de ce genre de candidature. On se rappelle la victoire dans une des premières primaires, en janvier 1992, du candidat républicain populiste Patrick J. Buchanan (contre le président sortant Bush-père!). Il y avait eu une panique considérable à la tête du parti républicain. Buchanan avait fait un discours fameux, où il évoquait les caciques du parti, tremblant de peur à l’idée de Buchanan et de ses partisans, “armés de fourches et de piques”, marchant sur Washington comme firent des révolutionnaires en d’autres circonstances. (Puis Buchanan avait disparu.)


Mis en ligne le 18 octobre 2007 à 13H56