Et pendant ce temps, la Libye…

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En effet, la situation libyenne continue à évoluer d’une façon intéressante, – c’est-à-dire, pour nous, avec les facteurs de déstabilisation d’une situation faussaire, qu’on veut nous faire, ou nous vendre (histoire de renflouer les caisses publiques) conforme à la narrative américaniste-occidentaliste. Mais la narrative

• Kadhafi, d’abord, l’immonde soi-même, le Hitler des sables, l’homme dont on sait depuis si longtemps que c’est le Diable, comme l’ont montré nos comportements divers à son égard depuis des décennies. Aux dernières nouvelles de la version la plus courante, Kadhafi se trouverait sur la frontière algéro-libyenne, dans les confins de grand Sud, au milieu de tribus touaregs, ces fantastiques guerriers du désert. C’est le Guardian du 28 septembre 2011, qui précise la chose, mais en s’en tenant tout de même, un peu trop prudemment, aux seules sources “rebelles”. (Ce terme de“rebelles”, toujours employé, alors qu’on ne cesse de répéter qu’ils [les “rebelles] constituent le nouveau pouvoir légal en Libye. Dans ce cas, Kadhafi devient un résistant contre le nouveau pouvoir, donc un résistant aux “rebelles”. Drôle d’emploi des mots…)

«Muammar Gaddafi could be hiding near a picturesque town on Libya's borders with Algeria and Tunisia, sheltered by Tuareg tribesmen who are in his pay, according to officials of the country's western-backed rebel leadership. […] Evidence of his presence apparently emerged after an attack at the Algerian border last weekend killed at least nine rebels, though there is suspicion this may have been a diversion to let Gaddafi flee. […]

»“There has been a fight between Tuareg tribesmen who are loyal to Gaddafi and Arabs living there [in the south],” Buhagiar [coordinator of the hunt for Gaddafi] told Reuters. “We are negotiating. The Gaddafi search is taking a different course.”»

• Sur cette affaire précisément, on consultera également le site Debka.com (ou DEBKAFiles), site israélien qui ne manque pas de sources proches du Mossad, qui, dans ce cas, est largement favorable à Kadhafi. DEBKAFiles, le 24 septembre 2011, annonçait effectivement que Kadhafi se trouvait désormais au mieux avec les puissants guerriers touaregs (12.000 hommes) et constituait une alliance particulièrement impressionnantes. DEBKAFiles donne divers détails, y compris ceux qui concernent les capacités de ces guerriers du désert, dont le territoire d’action de leurs tribus ne connaît pas de frontière, entre les confins du Sud, en Algérie, en Libye, au Nord du Niger, etc.

«Muammar Qaddafi and his sons have raised a new army of 12,000 soldiers - all fighters of loyal Tuareg tribes of the Sahara, DEBKAfile’s military sources report. […] DEBKAfile's military sources report that the nomadic Touareg roam freely through the Saharan regions which cover all of eastern Algeria, eastern Mali, western Niger, northern Burkina Faso and southern Libya, fiercely independent of all five governments. They are renowned as crack desert special operations fighters with extraordinary stamina, who can subsist on 100 grams of dried dates and a half liter of water for 24 hours while covering 100 kilometers on foot. They don't need to carry water because of their hereditary knowledge of the Sahara's hidden springs…»

(…Tout cela, qui n’empêche tout de même pas de voir d’autres versions apparaître, sur le sort de Kadhafi, notamment celle qui nous le signale, non point au milieu des touaregs mais plutôt des Biélorusses... [Voir Russia Today du 29 septembre 2011].)

• En parallèle à cette évolution, on relève les signes de tension grandissante entre l’Algérie et la Libye des “rebelles”, et les bruits d’une aide officieuse algérienne à Kadhafi et aux divers résistants au régime rebelle. L’Algérie a reconnu le CNT du bout de la plume, la semaine dernière, mais reste extrêmement méfiante à l'égard des tendances islamistes qui se trouvent dans le nouveau régime libyen. La nouvelle donnée par le Guardian le 26 septembre 2011, et plus ou moins renforcée par d’autres indications depuis, suggère que les Algériens feraient plus qu’accorder un soutien passif aux gens de Kadhafi, qu’ils seraient en fait assez actifs…

«The provisional government in Tripoli will ask Algeria to explain how pro-Gaddafi forces crossed the border to attack its forces on Saturday, the Libyan army chief spokesman has said. Eight were killed in the attack near Ghadames. Algeria announced last week that it recognised the authority of the National Transitional Council (NTC) in Tripoli, but suspicions linger about its attitude, not least because it has given shelter to Muammar Gaddafi's wife, daughter and other relatives…»

• L’autre “front” intérieur en Libye, c’est évidemment les antagonismes des “rebelles” entre eux, situation qui n’est pas nouvelle (voir RAW Story/AFP du 19 septembre 2011) mais ne cesse d’empirer. Ce climat délétère s’est officialisé mardi avec des interventions notables du leader islamiste Belhadj, déjà célèbre, qui affirme nettement ses prétentions sur la direction du pays. Belhadj signe un article personnel dans le Guardian (le 27 septembre 2011), que le même quotidien présente et commente, le même 27 septembre 2011.

«Libya's Islamist groups “will not allow” secular politicians to exclude or marginalise them in the intensifying battle for power in the post-Gaddafi era, the country's most powerful Islamist leader has said.

»Abdel Hakim Belhaj, head of the Tripoli Military Council and founder of a jihadi group that was later disbanded, appears to be firing a shot across the bows of liberal, western-backed rivals after negotiations over broadening the rebel administration foundered. “We must resist attempts by some Libyan politicians to exclude some of the participants in the revolution,” Belhaj writes in the Guardian. “Their political myopia renders them unable to see the huge risks of such exclusion, or the serious ... reaction of the parties that are excluded.”»

• La situation militaire, concernant les points de résistance des régions pro-Kadhafi, montre les mêmes incertitudes que le reste de la situation. Les combats autour et dans la ville de Sirte n’ont jusqu’ici donné comme seule information certaine que la vigueur meurtrière des bombardements de l’OTAN, pérennisant une tactique de guerre qui n’est pas précisément à la gloire de l’“interventionnisme humanitaire” du bloc BAO. Le texte de WSWS.org du 29 septembre 2011 donne un bon aperçu de cette situation à Sirte, marquée également par l’extrême difficulté des forces “rebelles” de venir à bout de leurs adversaires, malgré le soutien aérien des forces de l’OTAN, agissant en suivant la même tactique d’écrasement des milieux urbains selon les leçons dispensées généreusement par les maîtres en la matière que sont les USA.

«Refugees from the Libyan coastal city of Sirte report that thousands have died as a result of relentless NATO bombardment and shelling by the the Western-backed “rebels.” The two-week-old NATO siege of Sirte has left the city without adequate food, drinkable water, medicine and other basic necessities of life, creating hellish condition for its population of 100,000.

»While the Benghazi-based National Transitional Council (NTC) has repeatedly issued announcements that the so-called rebels had advanced toward the city center under NATO air cover, they have again and again been forced to retreat under heavy fire from forces loyal to Col. Muammar Gaddafi, as well as what have been described as citizen volunteers. In their frustration, the anti-Gaddafi militias have pounded the coastal city with artillery and mortar rounds, tank shells and Grad rockets, wreaking horrific destruction.»

L’ensemble donne une impression bien mitigée de ce qui est unanimement présentée dans la presse-Système à la fois comme une “guerre juste” et comme une “grande victoire” occidentale. (A cet égard, on mettra particulièrement en évidence la presse-Système française, en même temps que les élites politiques, y compris celles qui se glorifient parfois de positions critiques par rapport à ce qu’on nomme dans ce pays “la pensée unique”. La presse-Système française est en train de montrer une capacité d’alignement sur les thèses officielles, de type sarkozyste, qui égale sinon dépasse les comportements US du temps de l’Irak à cet égard. La presse britannique est infiniment plus nuancée, bien que le Royaume-Uni soit également engagé dans cette bataille. C’est une leçon étrange à retenir, à cet égard, pour illustrer l’évolution française dans l’époque postmoderniste, notamment depuis ce que fut la position française du temps de l’Irak.) L’ignorance de la réalité de ces positions-Système représente un cas exemplaire d’une intoxication collective par les thèses humanitaristes du “parti des salonards”. Il n’y a rien de politique là-dedans, ni même rien d’une véritable propagande de combat, mais la “capitulation molle” des esprits devant la terreur des bons sentiments propagée par les milieux people et publicistes.

Cette ignorance française de la réalité libyenne est particulièrement dangereuse, surtout avec un président comme Sarkozy, parce qu’elle risque de précipiter la France dans un engagement dans l'extension d'un conflit risquant de devenir, sinon un bourbier, dans tous les cas un sable mouvant dont il serait difficile de s’extraire. Le cas est d’autant plus dangereux que la saison électorale conduit à tous les excès, entre les polémiques d’une part, entre les consensus de conformisme d’autre part (la Libye-“guerre juste” faisant partie du second). Au contraire, les facteurs en développement en Libye font craindre pour l’instant un développement vers une guérilla d’enlisement, vers un gouvernement faible et divisé, vers des affrontements au sein de la coalition “rebelle”, – bref, la situation-type de ce qu’on a coutume de nommer un “Etat failli” s’agitant dans une situation de troubles et de guérilla marquée par l’anarchie et l’absence de contrôle.


Mis en ligne le 29 septembre 2011 à 12H31

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