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5484• L’“esprit de la Troisième Guerre Mondiale” règne partout : les officiels russes au plus haut niveau ne s’en cachent plus et le proclament hautement : “Nous sommes en guerre !” • C’est une bien étrange “Guerre Mondiale” puisqu’elle existe d’abord dans la communication et souvent s’y cantonne. • Bref, il reste, très sérieusement, à définir désormais ce qu’est une “Guerre Mondiale”. • Un historien envisage le cas, évoquée partout, qui devrait (automatiquement ?) entraîner l’holocauste nucléaire. • Contribution d’Eric Zuesse.
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Désormais, la “parole officielle” est libérée en Russie ; dans le sens de l’affirmation, sans aucun fard ni la moindre dissimulation de ce qu’il existe désormais un état de guerre entre la Russie et le désormais fameux (on parle de l’expression) “Ouest Collectif” qui vaut bien notre bloc-BAO. L’état de “Guerre Mondiale” (la troisième, à propos) est devenu effectif comme les choses se font aujourd’hui, sans déclaration solennelle (ni acte officiel, bien sûr), simplement porté, emporté par le torrent furieux de la communication et le nombre extraordinaire de déclarations furieuses d’hostilité, essentiellement antirusses ; et puis aussi, tout de même, par les opérations en Ukraine, qui prennent une vilaine tournure pour l’“Ouest Collectif”. Mais s’il y a déferlement (mobilisation, regroupement, mise en œuvre opérationnelle, comme dans toute Guerre Mondiale), il est essentiellement dans la communication et les innombrables chicayas entre “allliés”, – comme celle qu’on voit à propos des chars lourds/très-lourds, etc., à livrer d’urgence à l’Ukraine en quelques dizaines pour que ce pays balaie l’armée russe.
Les Russes, qui parlaient peu et assez prudemment il y a un an, se sont déchaînés. Cette fois, ils ont admis que la guerre, y compris la “mondiale”, est faite d’abord de communication. Ils s’y mettent.
On mentionnera ci-après quelques exemples de ces déclarations russes sur la “Guerre Mondiale”, de la part de personnalités d’habitude plus mesurées parce que c’est leur fonction même, mais désormais dénonçant le danger existentiel contre leur pays. Il y a cette déclaration de Lavrov, en visite officielle en Afrique du Sud, cet important pays africain qui assure la présidence des BRICS cette année, et donc excellent ami de la Russie. Lavrov parle au cours d’une conférence de presse à Pretoria, suivant un entretien avec le ministre sud-africain des affaires étrangères Naledi Pandor :
« La situation actuelle en Ukraine montre que le conflit entre la Russie et l'Occident ne peut plus être défini comme une “guerre hybride”, mais qu'il est en passe de devenir une véritable guerre, a déclaré lundi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
» Le ministre russe a également noté que cette guerre “presque réelle” était quelque chose que l'Occident “prépare depuis longtemps contre la Russie”. Le ministre a affirmé que les puissances occidentales cherchent à détruire tout ce qui est russe, de la langue à la culture qui existe en Ukraine depuis des siècles, allant jusqu'à interdire aux gens de parler leur langue maternelle. »
Il y a aussi des déclarations, – fait assez rare de sa part, – du général Gerasimov au journal ‘Argumenty I Fakty’. Outre sa fonction de chef d’état-major général, Gerasimov a été placé directement à la tête des opérations en Ukraine depuis quelques jours. Grand penseur de l’“art opératoire” militaire russe, visage énigmatique, Gerasimov joue un rpole essentiel dans l’actuelle partie.
« La Russie résiste à un effort commun de la quasi-totalité des nations occidentales contre son opération militaire en Ukraine, a déclaré le chef de l'état-major général russe, le général d'armée Valery Gerasimov.
» “La Russie moderne n'a jamais vu des hostilités d'une telle ampleur et d'une telle intensité... [...] Notre pays et ses forces armées sont aujourd'hui confrontés à l'opposition de la quasi-totalité de l'Occident collectif”, a ajouté le général, faisant référence au soutien militaire important apporté à Kiev par les États-Unis et d'autres États membres de l'OTAN pendant le conflit. »
Il y a enfin, sans étonner personne désormais que l’on connait sa verve antioccidentakiste, une déclaration de Dimitri Medvedev. Il a, lui, une approche originale : s’il a déjà dit de nombreuses fois que c’est une guerre entre la Russie et l’“Ouest Collectif”, il apporte cette précision que si la Russie n’était pas intervenue le 24 février 2022, l’Occident aurait attaqué la Russie et l’on serait immédiatement passé à la Troisième Guerre mondiale, – d’une façon plus conventionnelle quoiqu’avec possibilités nucléaires...
« Les États-Unis et leurs alliés ont failli déclencher une troisième guerre mondiale en se préparant à attaquer la Russie, qui n'avait d'autre choix que d'agir, a déclaré lundi l'ancien président Dmitri Medvedev. Il s'adressait aux dirigeants du parti au pouvoir, Russie Unie, à Moscou.
» “Notre parti devrait aider les gens du monde entier à comprendre que l'opération spéciale en cours était une réponse forcée et de dernier recours aux préparatifs d'agression des États-Unis et de leurs satellites”, a déclaré Medvedev. “Il est évident que le monde s'est rapproché de la menace d'une troisième guerre mondiale à cause de ce qui se passait”, a-t-il ajouté. »
Nous mentionnons ces diverses déclarations surtout pour confirmer combien le climat dialectique a changé en quelques jours, dans un conflit qui ne cesse d’évoluer au niveau de la communication au point de ne pas lasser son vaste public malgré le nombre finalement assez restreint d’événements marquants. (Ainsi, l’on a appris une bonne dizaine de fois, de source excellente, depuis mars 2022, que la Russie était à cours de missiles, et la Russie continue à tirer ses missiles. On voit ici combien la communication domine les actes opérationnels, jusqu’à les éliminer complètement...).
Nous sommes effectivement passé dans le même temps, comme nous l’observions hier, du « “turning point” au “perfect storm” », les deux se confondant sans que nous ayons pu le prévoir. Il est absolument nécessaire de prendre conscience de ce que signifie cette nouvelle vérité-de-situation, qui s’est installée finalement, d’abord, par la puissance extraordinaire de la communication. Il est nécessaire de s’habituer à cette nouvelle structuration de l’histoire, qui est d’ailleurs la voie pour elle pour devenir directement métahistoire, qui se fait non pas par des actes ensuite rapportés par la communication, mais par la communication, souvent réalisée par des esprits ignares-incultes et inconscients-irresponsables (caractéristiques des dirigeants et des élitesSystème) pour des entreprises sordides, qui dissimule des orientations capitales, qui engendre des actes par conséquent hors de notre contrôle, – et surtout de tout contrôle de la part aussi peu conscients de manier des composants dont ils ne distinguent rien de l’essentiel.
C’est dans cet esprit que nous voulons introduire le texte ci-dessous, dont l’auteur est l’historien de gauche Eric Zuesse, ardent activiste pacifiste et anti-impérialiste. Zuesse est un auteur précis, farci de références également très précises, ami des textes originaux et des lois comme choses respectables et à respecter. Son antiaméricanisme, contre la politiqueSystème que développe son pays, est radical.
Dans ce texte, Zuesse présente l’idée quasiment juridique que des attaques contre la Russie (Crimée et ailleurs) soutenus effectivement et opérationnellement par les USA ne pourraient que conduire à la grande guerre nucléaire stratégique par un affrontement entre ces deux puissances. Le raisonnement logique est intéressant à signaler et à suivre, notamment par rapport à ce qu’on peut penser du comportement des USA en fonction des risques qu’ils prennent. Il n’est pas dans notre démarche de recommander d’accepter l’hypothèse de Zuesse mais de réaliser le climat communicationnel qui permet de développer en toute “sérénité” rationnelle de telles hypothèses qui portent l’hypothèse nucléaire comme point de conclusion.
Zuesse fait un essai, qu’il sait sans doute vouée à l’échec pour ce qui le préoccupe, qui est d’atteindre le grand public pour lui faire prendre conscience des dangers qui menacent le monde : il adresse son texte (le 2 janvier 2023) à des centaines de médias en leur demandant de le publier. Pour notre part, nous avons trouvé ce texte sur ‘TheDuran.com’ en traduction française et avons décidé de le publier. (Cela fait donc au moins deux publications.) On ne pourra lui dénier le fait d’être dans l’air du temps, – ce qui est d’ailleurs, justement (c’est-à-dire injustement), l’argument central du censeur pour se servir de ses ciseaux, – ce dont le censeur ne se prive pas avec Zuesse..
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Le 18 janvier, le New York Times a publié un article oblique intitulé « U.S. Warms to Helping Ukraine Target Crimea » et sous-titré « The Biden administration is considering the argument that Kyiv needs the power to strike at the Ukrainian peninsula annexed by Russia in 2014 ». On y lit que "l'administration Biden commence enfin à concéder que Kiev pourrait avoir besoin de la puissance nécessaire pour frapper le sanctuaire russe, même si un tel geste augmente le risque d'escalade, selon plusieurs responsables américains qui ont parlé sous couvert d'anonymat pour discuter de ce débat sensible". La Crimée, située entre la mer Noire et la mer d'Azov, abrite des dizaines de milliers de soldats russes retranchés et de nombreuses bases militaires russes." L'article poursuit en disant que "ce serait l'une des actions les plus audacieuses de la Russie à ce jour, en aidant l'Ukraine à attaquer la péninsule que le président Vladimir V. Poutine considère comme une partie intégrante de sa quête pour restaurer la gloire passée de la Russie". Ce reportage a omis de mentionner que, selon la loi russe, la Crimée (qui a fait partie de la Russie de 1783 à 1954, lorsque le dictateur de l'Union soviétique, un Ukrainien, l'a arbitrairement transférée à l'Ukraine) a été restituée à la Russie le 16 mars 2014, lorsqu'un vote des habitants de la Crimée a soutenu à plus de 90 % le retour de la Crimée au sein de la Russie, et que la Russie a accepté la demande du peuple de Crimée de faire à nouveau partie de la Russie. Rien de tout cela n'a été mentionné dans le reportage du NYT, pas plus que le fait que même les sondages américains auprès des habitants de Crimée, avant et après le plébiscite de 2014, ont montré que plus de 90 % des personnes interrogées souhaitaient que la Crimée redevienne une partie de la Russie. Toutes ces informations cruciales ont été tenues secrètes pour le peuple américain, et pour les habitants des pays alliés des États-Unis - ils ne le savent pas. L'article du NYT dit seulement que la Crimée est "la péninsule que le président Vladimir V. Poutine considère comme une partie intégrante de sa quête pour restaurer la gloire passée de la Russie".
En outre, le reportage du NYT omet de mentionner que, le 8 juin 2020, la Russie a publié, depuis le bureau de Poutine, les "Principes fondamentaux de la politique d'État de la Fédération de Russie en matière de dissuasion nucléaire", qui présentent quatre circonstances, référencées de “a” à “d”, dans lesquelles "la possibilité d'une utilisation d'armes nucléaires par la Fédération de Russie" existerait ; et à la lettre "a", il y a : "l'arrivée de données fiables sur un lancement de missiles balistiques attaquant le territoire de la Fédération de Russie et/ou de ses alliés". En d'autres termes : "la possibilité d'une utilisation d'armes nucléaires par la Fédération de Russie" existerait si l'Amérique et l'Ukraine effectuaient "un lancement de missiles balistiques attaquant" la Crimée. Selon la loi russe, la Crimée est, encore une fois, une partie de la Russie ; elle fait certainement partie du "territoire de la Fédération de Russie et/ou de ses alliés." Elle tombe sous le parapluie nucléaire déclaré de la Russie, la protection de la Russie jusqu'à et y compris l'utilisation d'armes nucléaires - les quatre conditions officielles dans lesquelles la Russie POURRAIT répondre au moyen d'armes nucléaires. (Et : cela relève de la "circonstance" "a" - la première qui est énumérée).
La Russie pourrait ne pas utiliser d'armes nucléaires dans le cas d'une telle attaque contre la Crimée - elle pourrait répondre sans ogives nucléaires, mais seulement avec des ogives non nucléaires ; et, puisque l'invasion de la Crimée aurait été menée à la fois par l'Ukraine et l'Amérique, l'Ukraine et/ou l'Amérique seraient visées. Si l'Ukraine était visée, l'Amérique pourrait défendre l'Ukraine en attaquant davantage la Russie - peut-être seulement en Crimée, mais peut-être pas. Dans tous les cas : Washington et Kiev auraient conjointement violé la condition supérieure dans laquelle la Russie pourrait répondre avec des armes nucléaires ; et, ainsi, une deuxième attaque de l'Amérique et de l'Ukraine contre la Russie entraînerait presque certainement une réponse nucléaire de la Russie ; et, comme Scott Ritter l'a déjà noté, toute circonstance dans laquelle une ou plusieurs des lignes rouges de la Russie auraient déjà été franchies par l'Amérique et/ou par l'un des alliés de l'Amérique précipiterait le lancement par la Russie de l'ensemble de son stock nucléaire de milliers d'armes nucléaires, depuis la terre, la mer et les airs, ce qui signifierait, dans un délai de 30 minutes à une heure, la fin de la partie pour tout le monde, et la fin de la vie sur Terre - non pas par un "hiver nucléaire" retardé, mais immédiatement par les effets directs de l'explosion et les radiations nucléaires intenses alors répandues dans toute l'atmosphère de la planète.
Bien que le NYT ait caché cette information supplémentaire cruciale, ce n'est pas mon cas ; et peut-être les centaines de médias américains et alliés auxquels je soumets ce rapport d'information pourraient tous décider de ne pas le publier. Quoi qu'il en soit, ils le recevront tous le 22 janvier. Nous verrons lesquels le publieront, et si SEULS ceux qui sont interdits par Google le publient, auquel cas ce rapport apparaîtra quand même ici [sur ‘TheDuran.com’] ».
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