Et s'ils étaient 4 en novembre 2016 ?

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Et s’ils étaient 4 en novembre 2016 ?

La détérioration de la structure-Système du système de l’américanisme est en phase d’érosion correspondant à notre “déstructuration” dans ses effets, qui pourrait rapidement conduire à un processus de dissolution, avant l’élection de novembre 2016, introduisant un facteur révolutionnaire de la plus grave crise qu’ait affronté le Système depuis le début de la phase crisique générale en cours. C’est l’hypothèse que développe Russell Whitehouse, de OrientalReview.org, repris par ZeroHedge.com le 26 mars. Le résultat concret pourrait être celui de quatre campagnes présidentielles parallèles pour l’élection présidentielle, entre Clinton, Cruz (s’il est le candidat retenu par l’establishment républicain), Sanders et Trump.

Il s’agit d’une hypothèse extrêmement intéressante, et surtout intellectuellement très excitante pour un esprit et un caractère antiSystème. Pour autant, nous ne croyons pas une seconde qu’il s’agisse d’une lubie ou d’une utopie, tant le climat se dégrade aux USA entre les différents candidats, tant les deux antiSystème résistent ou font plus que résister, tant les establishment respectifs des deux partis sont prêts à des mesures extrêmes, arbitraires et illégales pour contrer les antiSystème jusqu’à susciter paradoxalement chez les deux candidats, avec le soutien qu’ils ont, leur maintien dans la course présidentielle jusqu’au terme.

Pour Trump, cette perspective est évidente en cas de blocage de l’establishment dans son antagonisme contre lui, lequel se dessine de plus en plus nettement. Pour aller dans ce sens, il y a eu l’annonce de sources proches de la direction du parti républicain que Trump ne serait pas désigné, même s’il avait la majorité relative en-dessous des 1237 délégué formant la majorité absolue. (Aucune précision de la même source au cas où Trump aurait la  majorité absolue de 1237 délégués.)  Pour Sanders, un nouveau sondage le place à égalité avec Clinton au sein du parti démocrate. Dans cette situation l’on comprend évidemment que les bruits de fraude manipulées par l’establishment et la fraction Clinton-Soros exaspèrent de plus en plus la partie anti-Clinton du parti démocrate, et la poussent à faire pression sur son candidat pour qu’il se lance dans la dernière phase de l’élection, éventuellement comme indépendant, si Clinton est désignée comme candidate démocrate.

Le principal problème de l’establishment est qu’il n’a, dans aucun des deux partis, aucun candidat “rassembleur” et suffisamment ripoliné par le système de la communication pour faire illusion, qui serait capable de donner au Système une impulsion suffisante pour discréditer dans le mode terroriste les candidats antiSystème. Il y a là un phénomène remarquable, qui est pour bonne partie une cause de la dégradation du climat, notamment par la démonstration de l’extraordinaire faiblesse du Système qui n’est plus capable de figurer dans les règles qu’il s’est lui-même imposes. L’effondrement de la réputation de Clinton, qui se transforme de plus en en archétype de la corruption et du mensonge, qui sont les principaux vices que la population reproche au Système, est un exemple absolument remarquable de ce phénomène de psychologie collective.

On l’a dit, Sanders reste en théorie très bien placé, et si un démocrate peut tenter l’aventure antiSystème c’est bien lui d’autant qu’en plus des avantages qu’on a détaillés dans son cas, le scandale emailgate continue à tourner autour d’Hillary Clinton comme un satellite-espions, sinon de la CIA dans tous les cas du FBI. A l’effondrement de sa réputation correspond naturellement, chez Hillary Clinton, une perte de crédibilité qui réduit à néant le caractère d’irrésistibilité qui caractérisait, il y a un an encore, sa position théorique. Dans son cas, l’expérience (comme secrétaire d’État), qui était un de ses plus puissants atouts, devient un désavantage parce que constituant la preuve vivante de la corruption et des mensonges que le public perçoit chez elle. Certes, Sanders n’a pas d’argent comme Hillary qui est alimentée par le Système, mais s’il se lance dans une aventure personnelle, poussé par son électorat, il pourra se tourner vers lui (vers cet électorat) pour lui demander son soutien financier. Il l’a déjà fait avec beaucoup de succès, et cette fois le résultat pourrait crever tous les plafonds d’un financement populaire (populiste) d’une candidature.

Du côté des républicains, le concurrent le plus proche de Trump est beaucoup plus radical que lui dans nombre de matières culturelles et sociétales, se rangeant ainsi plutôt du côté des extrémismes ultra-conservateurs et religieux ; mais il a pour l'establishment l’inestimable vertu d’avoir engagé une équipe de politique extérieure la plus fortement belliciste et “néoconisée” qu’on puisse imaginer. En attendant, Ted Cruz, plus ou moins impliqué dans une première attaque anti-Trump par épouse interposée avec la diffusion de Melinda Trump (mannequin célèbre) posant nue pour un magazine, se retrouve empêtré dans une attaque venue d’un tabloïd à scandale (Washington Insider) qui nous donne tous les détails sur ses cinq maîtresses courantes. Cruz, séducteur type-Rambo assez prompt au coup de poing, hyper-conservateur au puritanisme rocambolesque, menteur appointé et patenté, n’est pas le candidat idéal pour envoyer Trump par le fond. L’establishment préfèrerait-il alors un Kasic au motif qu’il a obtenu le moins de votes populaires et de délégués, ou bien ressortirait-il de sa naphtaline mormone et monotone Mitt Romney, qui mène la charge des leçons de morale anti-Trump, et s'appuie pour démonstration de sa sagesse et de sa popularité sur la gloire de sa défaite de 2012 face à Obama ?

On ne voit rien d’irrésistible dans tout cela, rien qui règle décisivement la situation du point de vue de l'establishment, par rapport à ce que fut toujours sa position de force. Dans les deux cas, démocrate et républicain, il n’y a guère de circonstance qui puisse prétendre signifier aux deux candidats antiSystème que leur aventure est terminée et qu’ils peuvent rentrer chez eux, et tout pour leur conseiller au contraire de poursuivre et qu’il s’agit de l’occasion ou jamais...

Voilà donc quelques arguments de Whitehouse pour estimer qu’on pourrait se retrouver en septembre avec la situation tiotalement inédite quatre candidats et quatre partis pouvant chacun prétendre à la victoire, hors de la dictature bipartisane qui a marqué le XXème siècle et au-delà. En effet, s’il y a eu des cas de division, essentiellement du côté conservateur ou républicain qui firent perdre ce parti (Roosevelt-Taft en 1912, faviorisant la victoire de Wilson ; Perot comme troisième candidat qui fit gagner Clinton en 1992) ; il n’y eut jamais, comme dans l’hypothèse évoquée ici (et comme dans la vérité-de-situation d’ailleurs) les deux principaux partis aussi profondément divisés jusqu’à envisager tous les deux une division rupturielle, et par conséquent tous deux aussi complètement affaiblis. Pour Whitehouse, la convention républicaine sera évidemment décisive dans la mesure où elle montrera où en est le parti qui est le plus susceptible de se scinder en deux, avec le candidat antiSystème le mieux placé.

L’hypothèse envisage évidemment un cas extrême de la situation, mais dans une situation générale où le cas le plus extrême n’est plus du tout le plus improbable... Le caractère révolutionnaire de cette situation hypothétique tient moins dans cette abondance de candidats, et même moins dans cet éclatement potentiel des deux partis de l’establishment qui est pourtant déjà un événement extraordinaire, que dans la situation immédiate qui en résultera. La tension est tellement vive, les oppositions tellement irréductibles qu’on ne voit guère quelle possibilité d’arrangement pourrait avoir lieu avant ou après l’élection, ni dans l’intervalle entre l’élection et l’inauguration, dans cette sorte d’hypothèse qui est évoquée.

Le résultat net est alors la délégitimation de la fonction présidentielle avant même qu’un nouveau président (présidente) soit installé(e) et le développement d’une situation sans précédent où le processus de direction du système de l’américanisme est à la fois dans une dynamique de blocage, et sur une voie qui est celle d’une impasse. On ne peut encore, dans ce cas, envisager d’évolution vers l’issue habituelle des hypothèses de crise ontologique de l’Amérique, – la tension politique se transformant en tension centrifuge, avec risque de sécession, à cause de la fragilité structurelle du pays, – parce que les antagonismes en jeu, très nombreux et complexes, ne sont pas marqués géographiquement d’une façon cohérente (comme ce l’était avec la Guerre de Sécession entre Nord et Sud). Par contre, le problème peut apparaître indirectement, si certains États de l’Union (par exemple, les plus importants, comme le Texas ou la Californie) estimaient qu’un éloignement constitutionnel du centre représente la meilleure solution pour ne pas subir les conséquences économiques et sociales de la crise du Système.

Rien n’est dit et rien ne peut être encore dit. Il n’empêche, le charme de la situation actuelle est qu’on peut envisager sans trop passer pour des rêveurs, et même d’une façon assez “réaliste” désormais, de telles possibilités. Cela est le cas alors qu’il reste encore sept mois pour arriver à l’élection, et qu’on ne voit pas un seul élément capable d’apaiser la situation alors qu’on ne voit que des éléments ayant la capacité de l’envenimer, – c’est-à-dire sept mois pour monter de paroxysme en paroxysme... Voici donc le texte de Russell Whitehouse, de OrientalReview.org, du 25 mars 2016.

 

dedefensa.org

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The Slow, Inevitable Collapse Of The Two-Party System

In this election year, it’s clear that a seismic political shift is rumbling through America.  Widespread discontent for the status quo is surfacing from both the left and right.  A year ago, it would have been impossible to envision a card-carrying socialist and a pre-WWII style populist mounting legitimate presidential campaigns (much less without Super PACs).  Now, far-left and far-right sentiments are emerging from the underground as perfectly palatable options to Middle America.  Establishment darlings like Hillary Clinton, Jeb Bush & Marco Rubio have faced extreme pressure from the New Normal in their respective political tents.

It has become clear that the traditional 2-party system in America is starting to erode.  Sanders’ supporters view Clinton as too untrustworthy & beholden to Big Business.   Meanwhile Trump’s blue-collar base has rejected rank-and-file Republicans as being too unsympathetic to their economic concerns, while his surprising chunk of the evangelical contingent is refuting the Bush-flavored puritanism of Ted Cruz.  Conversely, Clinton’s supporters reject Sander’s bold platform as delusional and Cruz’s base is increasingly being filled by #NeverTrump neocon purists and Romey-ite country club Republicans.

One can see political parallels across the pond, in the UK’s 2015 Parliamentary elections.  The two main parties in Westminster Palace, Conservative and Labour (roughly equivalent to the GOP and Democrats), were shaken up by two popular insurgencies.  UKIP, the UK Independence Party, rose up from the rising flames of the relatively conservative British heartland’s fears of free trade in the EU and immigration, winning an eighth of the popular vote in England. To the north, SNP, the Scottish National Party, won 95% of Scotland’s seats by inspiring among other things, record youth turnout and social media support (sound familiar?), with a message of social democracy and defiance against the British status quo.

Intra-party schisms are also forming in the two Anglophone democracies.  The Tories are tearing themselves apart over the Brexit, austerity and jockeying to succeed Cameron as Party Leader, while the American neocons are assessing the fallout of Trump’s ascendance while in free fall.  Labour officials are debating whether to follow their insurgent leader Jeremy Corbyn to the far Left after 20 years of Tony Blair’s New Labour movement, which moved the party to the center to win back the support of big business and blue-collar voters.  The New Labour centrist putsch coincided with Bill Clinton (and later Obama’s) similar efforts as the face of the Democrats.   Now, Democratic voters are beginning to second-guess this political realignment, spearheaded by the presumptive Democratic nominee’s husband.  Her opponent Bernie Sanders is siphoning away the youth vote and blue-collar moderates from the Democratic establishment, two of the Party’s traditional constituencies, by railing against neoliberal policies like free trade and social welfare cuts.

Given the rise of social-democratic populism and nativist-protectionist populism to either flank of American politics, it would make sense to look at the formation of entirely new parties.  Bernie Sanders can form a Stars-and-Pinstripes version of SNP; he too has the momentum of a more secular, progressive generation reaching political maturity as the more religious, conservative Baby Boomers begin to die out.  Assuming Trump completes his takeover of the Grand Old Party at July’s convention, the neocon brain trust can form a new conservative movement; this is already being planned by members of the #NeverTrump triad. Evangelical and free market diehards can unite to mount a serious challenge to Trump’s right by fielding a Texas crusader like Ted Cruz or Rick Perry, or Mormon elder statesman Mitt Romney.

Regardless of how Trump and Sanders fare in their respective conventions, they could still operate a serious race for the White House.  Both New York loudmouths boast a gigantic wave of rabid new voters, as well as a wellspring of working-class Americans desperate to reverse Wall Street’s increasingly oligarchical dominance, mass layoffs/underemployment, stagnant wages, crumbling infrastructure & the other byproducts of the neoliberal-neoconservative economic policy alliance.  Sanders could march into November as the nominee of the new Democratic Socialist Party, with a trail of young, idealistic future leaders tweeting and live-streaming behind him. 

Depending on July’s RNC, we could see a Make America Great Again Party (MAGAP, for short) trumpeting Trump’s message of putting power back in the hands of the American working class or a Romney-Cruz True Conservatives Party ticket touting Christian piety and Wall St fiscal policy.

Get used to Sanders, Clinton, Trump & Cruz.  You may see all 4 of them, come November...

 

Russell Whitehouse