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533Tout de même, lire cet avis dit par le général britannique qui fut en charge de la préparation et de la planification de l’après-guerre en Irak, en coordination constante avec les Américains :«There is still no coherent national campaign plan for the so-called global war on terror which is, after all, where this all started, nor seemingly sufficient resources overall to have any real effect.»… Cela nous est dit aujourd’hui, 21 octobre 2007, alors que cette guerre, leur guerre, la “Longue Guerre”, le “choc des civilisations” est commencée depuis six ans. Ils n’ont toujours pas de plan pour cette guerre. Ils n’ont pas assez de ressources, alors que le Pentagone est à plus de $650 milliards par an et que le coût de la guerre en Irak approche les $500 milliards.
Il faut donc lire le corpulent article du Sunday Times d’aujourd’hui sur la catastrophe que fut la préparation de l’après-guerre en Irak, sur la préparation catastrophique de la catastrophe. Le général Tim Cross nous explique… «The heart of the matter was simple: postwar planning was completely incoherent. “The plan was, we do not need a plan,” said Cross last week.» Il résume, le brave général : «We got it wrong. We underestimated the resources we would need to see the campaign through. We underestimated the amount of time we would need.»
Ainsi pouvait-il déjà prévoir ces conclusions après avoir informé le Premier ministre des difficultés qui les attendaient tous en Irak, et que personne n’était préparé non seulement à résoure maisc à envisager. Cross «left Downing Street with a nagging fear that Blair did not understand what was really going to be needed to deliver a stable or reconstructed Iraq: “I knew, liked and respected Blair from our earlier operations in the Balkans. But he didn’t seem to have the instinct for or understand the scope and complexity of what was going to be needed in the aftermath of an invasion. I don’t think he understood what the possible consequences could be”».
Tout, absolument tout est confirmé dans le sens du pire, une fois de plus, et toujours de façon plus documentée.
• L’extraordinaire lourdeur et la paralysie réglementée de la bureaucratie plongée dans ses querelles d’influence. Arrivé en février 2003 à Washington, de toute urgence, pour travailler avec le général Garner qui va prendre en charge l’Irak après la victoire, «[i]t took him more than two weeks just to get the necessary clearance to go in and out of the Pentagon without having to be escorted constantly around the building». En mars 2003, à quelques jours du déclenchement de la guerre, Garner «didn’t have a piece of paper that made it clear he was in charge. The military never saw him as the boss, in fact they didn’t know what to make of him. It was unclear what his position was, so he never had the authority to say to the head of the US forces that he was in charge.»
• La réalité, à Washington, c’est simple, on la connaît, – absolument le virtualisme, de A jusqu’à Z. «What frightened [Cross] was the Washington neoconservatives’ certainty that once the Americans and British arrived, Iraqi oil revenue would rebuild the country: “Too many people lost themselves in the luxury of political theory and forgot or chose to ignore the practical realities of what was actually going to happen on the ground, and that was at the heart of the planning blight.
»“The cabal in Washington convinced themselves that they didn’t need a plan because everything would be fine once Saddam Hussein was toppled . . . There were few dissenting voices; you either agreed with their paradigm or you were frozen out.”
»He added: “What they didn’t seem to understand was that you cannot bring true democracy to these fragile places in less than a generation or two.”
»As for Britain, “it was apparent that Whitehall had got itself locked into the US way of thinking, not realising just how little America understood of the issues. When we got to Iraq and things started to go wrong there was just this stunned silence. There was no reserve to fill the vacuum, no ability to rethink the issues”.»
Que s’est-il passé sinon le pire qui était possible dans cette aventure? L’Irak s’impose de plus en plus dans l’Histoire comme le sommet de la folie anglo-saxonne, suscitée autant par l'usage démentiel de la communication pour réaliser la création d’un univers fictif que par la paralysie des structures bureaucratiques de la civilisation anglo-saxonne. L’affaire irakienne dépasse largement l’histoire militaire pour devenir un cas exemplaire de la décadence de la civilisation occidentale et de la modernité sous l’inspiration anglo-saxonne conduite par une psychologie pervertie par une vanité sans peu de précédent. Tout se passe de manière barbare et cela n’a rien pour étonner… Et, au bout du compte, devant l’ampleur de la catastrophe, «just this stunned silence».
Mis en ligne le 21 octobre 2007 à 15H44
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