… Et une surprise Ron Paul dans le même Nevada

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Pour les républicains, le Nevada était moins important que pour les démocrates. (Leur campagne s’était concentrée sur la Caroline du Sud, avec la victoire de McCain.) Il n’empêche, ils y concourraient, et Mitt Romney l’a emporté. La grande surprise, c’est la deuxième place de Ron Paul, devant McCain, Giuliani, Huckabee, etc. (L’écart des voix est important : 51% pour Romney, 14% pour Paul.)

Paul a fait activement campagne, comme Romney, et son résultat trouve là une partie de son explication. Mais on ne peut s’en tenir à cette comptabilité. Pour ce candidat marginalisé par les instances et l’appareil du parti, souvent pris à partie par les présentateurs dans les débats télévisés lorsqu’il y est invité (ce qui n’est pas toujours le cas, la censure veille), ce résultat a une réelle signification politique.

Un article du Los Angeles Times du 19 janvier salue cette performance du candidat libertarien. L’enthousiasme de l’article vaut d’être noté. Dans un média de l’importance du Los Angeles Times, et surtout de sa tendance “mainstream” de la presse de l’establishment, c’est une rareté, – ou bien c'est un signe.

«Boy, oh, boy! Hidden behind all the hoopla, headlines and the Nevada caucus victories of Mitt Romney and Hillary Clinton is one little-noticed but stunning political development and number:

»Ron Paul, the one-time Libertarian candidate and 10-term Republican congressman from Texas, was in second place. That's right, Second Place. The 72-year-old ob-gyn who's always on the end of the line at GOP debates or barred altogether, was running ahead of John McCain, Fred Thompson, Rudy Giuliani, in fact, ahead of.... all other Republicans except Romney, who easily captured his second state in a week after Michigan.

»Now, Romney and Paul were basically the only Republicans who actively campaigned and advertised in the desert state. But a win is a win. And second place is second place. When Romney won Wyoming a couple of weeks ago, Paul won zero there.

»In Iowa, Paul also beat Giuliani and he topped Thompson in New Hampshire, where Paul was excluded from the Fox News debate, which only energized his fervent followers. His jump in GOP election standings comes despite recent reports about a long series of newsletters from the 1990s carrying Paul's name and numerous racist and anti-Semitic remarks. Paul has denied writing them and denounced their contents.

»Thanks to those passionate and tireless supporters, Paul, the only Republican to oppose the Iraq war and favor significant dismantling of the federal government, won about 10% of the vote in Iowa and 8% in New Hampshire, coming in just behind the former New York mayor in the Granite state.»

Laissons la comptabilité électorale de côté. Ron Paul ne peut prétendre jouer un rôle important au sein du parti républicain, dans le processus de sélection du candidat. Tout est contre lui, la machine des partis, le monde médiatique, les autres candidats par réflexe de solidarité de l’establishment, les attaques diverses contre lui, etc. Même ses positions politiques n’ont qu’une importance très secondaire et, pour notre part, elle ne compte que d’une manière extrêmement négligeable dans l’importance que nous accordons à sa candidature. Ce qui compte c’est son statut de candidat “anti-système”, classification symbolique mais d’une très grande importance. C’est la seule raison pour laquelle il est l’objet de l’ostracisme de la part de l’appareil. C’est aussi le seul véritable grand intérêt de ses résultats.

Les résultats de Ron Paul montre que le mécontentement des électeurs, – et essentiellement des seuls électeurs républicains dans ce cas alors que certaines de ses positions (anti-guerre) pourraient attirer nombre de démocrates, – arrive à percer le mur de protection du système. Si Ron Paul continue de cette façon, compte tenu du fait que sa marginalisation par rapport aux structures du parti devrait se poursuivre jusqu’au bout, la tentation d’une candidature indépendante deviendra très grande pour lui. Cela peut d’autant plus se faire que Paul continue à amasser de l’argent par ses réseaux Internet, lui permettant de tenir la distance. Là encore, notre intérêt n’est pas pour l’aspect politique d’une telle candidature, mais bien entendu pour l’affaiblissement du processus et des structures du système auquel elle contribuerait. La multiplication des candidatures fractionne et affaiblit le système en réduisant d’autant la légitimité du processus électoral normalement réduit aux deux partis, et la légitimité de l’élu au bout du compte. D’autre part, une candidature indépendante sérieuse brouille les cartes, au niveau des engagements politiques, d’un système dont la logique est un affrontement des deux candidats représentant les deux ailes démocrate et républicaine du “parti unique“.


Mis en ligne le 21 janvier 2008 à 08H45