Etrange revanche de l’Histoire: le Vietnam se détourne du dollar… Un détail significatif dans la crise du dollar

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On pourrait y voir un curieux raccourci de l’Histoire et c'est en tout cas un pas supplémentaire dans l’affaiblissement des fondements de la monnaie américaniste: la Banque du Vietnam abandonne sa politique de rachat de dollars pour soutenir la monnaie nationale. Cette politique est considérée comme une cause de la “surchauffe” de l’économie, avec une inflation qui a grimpé jusqu’à 8,8%. Par rapport à la signification internationaliste de la possession de réserves en dollars, il s’agit d’une décision de “nationalisme économique” qui renvoie étrangement à la lutte qui opposa les USA et le nationalisme vietnamien entre 1962 et 1975.

Cette décision est considérée plutôt comme un signe annonciateur que comme un incident isolé. Le Vietnam détient des réserves en dollars pour $40 milliards, part très minime des réserves asiatiques, — $3.575 milliards, ou 65% des réserves étrangères en dollars. Le plus gros détenteur asiatique est bien entendu la Chine, avec $1.340 milliards. Des rapports récents signalent que la Chine aurait commencé à transférer des fonds en dollar vers des investissements en “fonds souverains”. Il sera également intéressant de suivre l’attitude de pays comme Taïwan ou la Corée du Sud, voire le Japon, qui sont des alliés politiques des USA.

Dans le Daily Telegraph, Ambrose Evans-Pritchard écrit aujourd’hui:

«The concern is that once one or two members of the region jump ship, it could set off a broader scramble. None of them want to be the last one left holding a devalued asset. Vietnam's central bank said this week that it would move “gradually” to a floating currency.

(…)

»“Vietnam is a relatively small country but it is symptomatic of Asia. The entire region is seeing inflation move up as a result of mercantilist policies of holding down their currencies with ‘dirty floats’, which are designed to help their export sectors. They need to change monetary policy,” said [Hans Redeker, currency chief at BNP Paribas].

»There have been reports that China is already pulling out of US bonds to fund its new sovereign wealth fund. Foreign central banks slashed holdings by $32bn in the last two weeks of August. We will not know which country was responsible the Treasury's TIC data is released in November.

»Japan also has colossal reserves, now near $914bn, but it is does not face the same inflationary threat as the rest of Asia, and is in any case an intimate military ally of the United States. It is likely to coordinate its dollar policy very closely with Washington for geo-strategic reasons.»

• Une autre alerte pour le dollar, un autre avertissement, vient du Qatar. Ce pays du Golfe vient d’annoncer qu’il réduisait ses investissements en dollars dans les “fonds souverains” ($50 milliards) de 99% à 40%, la différence étant redirigée vers la Chine , le Japon et le reste de l’Asie.

«The move is intended to increase long-term returns for future generations, but it can easily be seen as a vote of no confidence in US economic management.

»The drastic shift by the Qatar Investment Authority is a warning that petro-dollar powers with some $3,500bn under management may pull the plug on the heavily endebted US economy — which needs to suck in the majority of the world's savings just to stay afloat.»

• Simultanément l’Iran annonce qu’il n’acceptera plus de paiement en dollars pour son pétrole . (Ce pays reçoit actuellement 15% du paiement de son pétrole en dollars, 65% en euros et 20% en yens.) Selon Evans-Pritchard :

«The demarche is largely political, since oil is a fungible commodity and the currency markets are highly liquid.

»However, if a number of OPEC suppliers began demand long-term futures contracts in euros instead of dollars, this would have an impact over time.»

L’évolution de la crise financière et de la crise du dollar s’apparente plus à une érosion qu’à une explosion et à un effondrement ; ou bien est-ce que l’érosion prépare un éventuel effondrement en cas d’événement brutal, mais même dans ce cas le principal événement est bien l’érosion. Il s’agit de la perte de confiance continuelle dans la puissance américaniste, que ce soit l’économie, la puissance politico-militaire, la puissance d’influence, etc. La crise du dollar n’est pas une crise seulement monétaire et financière. Pour le fond des choses, cette crise fait partie d'un ensemble, une vaste crise politique générale du système américaniste.


Mis en ligne le 4 octobre 2007 à 14H21