Euromissiles-II, — on en parle…

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On a beaucoup parlé des anti-missiles US en Europe, ou BMD, ou euromissiles-II dans notre jargon de crise, au conseil des ministres des affaires étrangères de l’UE hier à Bruxelles. Ni les Polonais ni les Tchèques n’étaient vraiment à la fête. Tout le monde commence à mesurer la potentialité déstabilisatrice de l’aventure.

• Les Allemands, qui président l’UE, ont joué un rôle d’apaisement, lequel convient d’ailleurs parfaitement à leur tempérament et à leur politique. «Ce que nous devons faire maintenant, a dit le ministre des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, c’est discuter de ce problème calmement à l’OTAN et au sein de l’Union, et aussi, nous devons parler avec les Russes.» Tout le monde doit donc parler avec tout le monde, ce qui signifie que les Allemands ont une crainte grandissime de voir resurgir un euromissiles-II, après leur première expérience de la crise des euromissiles (1977-1987).

• Les autres prennent moins de gants. Beaucoup de pays au sein de l’UE sont mécontents à divers degrés de l’engagement polonais et tchèque qui fait peser un très grave risque sur les rapports de l’UE avec la Russie. La palme revient au ministre des affaires luxembourgeois Jean Asselborn, qui semble d’une trempe approchante de son Premier ministre, fameux pour ses éclats de voix sans trop de langue de bois. Jean Asselborn juge purement et simplement «incompréhensibles» les plans de déploiement des missiles anti-missiles américanistes en Europe, ce qui reprend précisément le jugement du chef d’état-major de l’armée russe. Il explique que les Européens doivent faire comprendre aux Polonais et aux Tchèques qu’ils se sont aventurés dans une situation très difficile et qu’ils doivent songer à revenir un peu là-dessus pour retrouver la cohésion européenne («Nous n’aurons plus de stabilité en Europe si nous poussons les Russes dans un coin. Nous devons aider les Polonais et les Tchèques à montrer leur solidarité avec la position européenne».)

• Hier également, et parallèlement à cette réunion des ministres des affaires étrangères, le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek s’est rendu à l’OTAN pour y discuter du déploiement des BDM en Europe et de l’installation d’une base d’écoute en Tchéquie.


Mis en ligne le 6 mars 2007 à 04H42