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7 juin 2005 — Pour saluer l’événement du 29 mai et le reste, et pour un peu de détente de l’esprit nous l’espérons, voici l’éditorial du numéro 18, Volume 20, de notre Lettre d’Analyse de defensa & eurostratégie, à paraître le 10 juin 2005.
Badaboum tsoin tsoin, comme disait, de façon immortelle, Boris Vian. (Est-ce bien Boris Vian? N'est-ce pas “En avant la zizique”?) Ou bien, selon le non moins immortel Albert Paraz, “Valsez saucisses”.
Le 29 mai fut et ce n'est pas demain que nous l'enterrerons dans nos manuels d'Histoire revue et corrigée par le virtualisme. Quelle audace, mes peuples! Le français, certes, rien pour étonner, — celui-là ne changera jamais. Et là-dessus, ces impeccables et exemplaires Bataves! Et pas qu'un peu, avec une participation de fancy fair et un “non” d'une insolence à vous faire transpirer un Barroso, l'homme de fer-blanc inaltérable placé en haut de l'édifice. Bordel, Sire, ils ont osé.
Le monde s'écroule. Pearl Harbor, à côté, ce n'est rien. Qui se souvient de la miraculeuse émotion collectivisée qui avait transi d'une indignation bienheureuse le monde civilisé à l'occasion du 11 septembre? Que ces temps heureux où le troupeau avançait d'un bon bêlement collectif vers la lumière de la civilisation sont loin. Nous ne sommes même plus “tous Européens”, comme aurait dit l'autre, en titre d'édito.
Ce fut donc une débauche de vinaigre et de pisse-vinaigre, saupoudrée d'une trouille générale. Les prophètes de malheur nous l'avaient bien dit mais ils étaient déjà occupés à défendre leurs places, leurs voitures de fonction et tutti quanti, des fois qu'un vote vous dissimule une Révolution. Est-ce un simple vote? No, Your Grace; it is just “the second French Revolution” (selon le Daily Mail). Et nous n'avons ni Burke, ni Maistre pour lui dire son fait, à cette Révolution. (Glucksman en hystérique transi ou le commentateur-trice paraplégique [côté gauche] Christine-Serge Juliockhrent, c'est un peu court, un peu caca-pipi, un peu blette comme disent les pommes de l'état équivalent.)
Et voilà. Le lavement nous a été administré, à nous autres, élites de tous les pays. Le crime de lèse est consommé, sanctifié, voté, et ils ne semblent même pas éprouver le moindre remords. Ce fut vraiment, à voir leurs billes qui n'en croyaient pas leurs yeux, une humeur soudain joyeuse et légère qui rattrapait, à elle seule, de tant de chagrins rentrés, étouffés, étranglés. Il y a des jours où il faut savoir écarter l'analyse, la réflexion minutieuse, le pour et le contre, pour laisser aller un instant ce grand éclat de joie silencieuse, d'une profonde et admirable santé, aussi simple que le granit des hautes montagnes, aussi profond que le grand silence bleu des abysses océanes.
Ce n'est pas pour dire que ce vote a tout changé. Il n'a pas entraîné une démission simultanée et collective, avec indemnités de départ, de tous les establishments du monde civilisé, de tous ces cadres Bien-Pensants de l'ex-Washington consensus. Il n'a rien résolu des relations transatlantiques, de l’Amérique, de la globalisation et du désordre du monde (tautologie complexe et courante). Mais il nous a rassurés, car ce fut ce miracle qui montre que Dieu ne nous laisse pas tomber: il était une fois où la démocratie, ça marche.
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