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1399Quelques déclarations du ministre égyptien des affaires étrangères mesurent combien la “révolution” égyptienne aura d’abord des effets sur la politique étrangère de ce pays ; singulièrement, sur ses relations avec Israël, qui ne seront plus, qui ne sont plus du tout “spéciales” comme elles l’étaient du temps de Moubarak. Quant à l’Iran, ce n’est plus du tout le pestiféré selon la narrative américaniste-occidentaliste...
UPI donne un rapide résumé de ces déclarations, ce 3 avril 2011.
«Egyptian Foreign Minister Nabil el-Araby said Israel upheld its peace agreement with Egypt but has yet to meet the Palestinians' requests for peace. El-Araby made the comment on Egyptian television Saturday night, Israel Radio reported Sunday.
»“The Palestinians want peace but Israel has not yet met their demands,” he said. Egypt will continue to play an important role in the peace talks, Ahram Online quoted him as saying. Under the rule of former President Hosni Mubarak, Israeli officials felt they could do anything, but this is no longer the case, the Web site quoted him saying. The peace treaty signed with Egypt does not say Israel is entitled to special treatment and the Camp David Accords do not obligate Egypt to sell petrol or gas to Israel at low prices, he reportedly said.
»Noting the number of countries with ambassadors in Tehran, he also said Cairo may renew diplomatic ties with Iran.»
Une révolution, une vraie celle-là, en quelques mots… Elle confirme en tous points l’évolution qu’il faut attendre de la politique extérieure et de sécurité de l’Egypte. Notre appréciation est que “le printemps arabe” n’est nullement un mouvement politique “révolutionnaire” au sens des XIXème-XXème siècles, dont on verra les fruits aux niveaux de la politique intérieure, de la sociologie politique, d’un bouleversement structurel selon les normes occidentalistes de la démocratie (normes prônées, rappelons-le, par le pouvoir libéral, et qui arrangent bien le Système). Notre appréciation est que le but de la “démocratisation” idyllique que tout le monde met en avant, – avec différents niveaux d’hypocrisie, de dissimulation et d’inconséquence cela va de soi, – pour caractériser l’objectif souhaitable du “printemps arabe” ne sera certainement pas atteint, et qu’il n’est certainement pas le véritable objectif souhaitable du “printemps arabe”. De toutes les façons et dans tous les cas, une situation idéale de “démocratisation” du monde arabe ne résoudrait certainement pas le problème central du monde arabe, qui est la main mise du Système sur lui, en l’occurrence par sa représentation la plus ferme qui est la politique américaniste et l’influence du bloc BAO, avec Israël complètement sous protection. Il n’y a aucune raison qu’une démocratisation du monde arabe n’aboutisse pas au même effet que dans la région la plus parfaitement démocratisée du monde qu’est l’Europe, où l’influence américaniste, par corruption psychologique et vénale, fascination psychologique, conformisme de système, etc., est plus forte qu’ailleurs si c’est possible, et perdure sans soulever de réel problème depuis la fin des années 1940.
Le véritable “printemps arabe”, c’est ce qui est en train de se passer en Egypte. Les forces oligarchiques qui tiennent toujours le pouvoir, qui viennent du système Moubarak, ont compris les faiblesses mortelles de ce système Moubarak qui tiennent dans son absence structurelle de légitimité. Elles sont donc embarquées dans une entreprise de reconquête, – qu’on parera du beau et doux nom de “démocratisation”, bien entendu, – qui va faire la promotion certainement démagogique d’une politique générale susceptible de plaire à la population. On se rappelle les déclarations du ministre israélien de la défense au Wall Street Journal (voir notre Bloc-Notes du
Nous avons déjà écrit, à diverses reprises (voir notamment le 15 février 2010 et le 17 février 2011), combien nous pensions que ces pseudo-“révolutions”, notamment dans le chef du modèle égyptiens, aboutiraient d’abord à un durcissement intéressant des politiques extérieures, dans un sens anti-US et anti-Israël. Il s’agit du seul moyen, pour ces divers pays, à l’image de l’Egypte, de réaffirmer leur identité et leur souveraineté, donc la légitimité du pouvoir en place, tant le Système et ses courroies de transmission (USA et Israël) ne peut être que prédateur de cette chose fondamentale qu’est l’ensemble identité-souveraineté, qui donne leur essence aux peuples et aux collectivités et se dresse contre la poussée déstructurante dudit Système ; et cette réaffirmation de l’ensemble identité-souveraineté, elle, est le seul moyen pour ces oligarchies post-Moubarak de se rallier le peuple sans perdre le pouvoir, mais au contraire en légitimant leur pouvoir.
Le “printemps arabe” n’est pas une nouvelle situation idyllique qui résoudrait enfin la crise du monde, une sorte de mélange 1789-1848-1917-1968 enfin fondu et transmuté en une seule mayonnaise. Cela, cette croyance, c’est faire le jeu du Système. Le “printemps arabe”, c’est le “désordre créateur”, histoire de retourner contre le Système sa formule favorite ; “désordre créateur” qui maintient sa pression, ; notamment et essentiellement populaire, sur un pouvoir déstabilisé et affaibli, qui ne peut trouver sa sauvegarde que dans la voie d’une politique identitaire et souveraine qui rencontre certains des souhaits fondamentaux de la population. On comprend combien les déclarations du ministre des affaires étrangères égyptien, dont on peut être évidemment assuré qu’il ne les a faites qu’avec le blanc seing de l’armée, vont effectivement dans ce sens.
Mis en ligne le 4 avril 2011 à 14H31