Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
1122
16 avril 2002 — Il est courant de constater la mésentente grandissante, très vite, aujourd’hui et depuis le 11 septembre, entre l’Europe et les USA. Il est rare de tenter de l’expliquer ; très rare en Europe, par crainte de panique de découvrir que le roi est nu (mésentente irréversible ou pas ?) ; disons, rare aux USA, souvent par ignorance, souvent par indifférence, parce que les USA sont plus que jamais repliés sur eux-mêmes. Saluons donc Jim Hoagland qui a essayé dans son dernier article du 15 avril. Saluons et voyons rapidement ce qu’il en est.
« Atlantic Can Become a Chasm », nous avertit Hoagland. Il constate ce que nous observons, — cette mésentente qui est la conséquence d’une différence de plus en plus visible, qui est en fait une différence qui apparaît au grand jour. Hoagland s’en tient au 11 septembre pour s’en expliquer. (Nous pourrions, nous devrions pour notre part aller beaucoup plus loin dans l’explication. Ici, dans ce commentaire très court, nous nous en tenons là.)
D’abord, Hoagland fait le constat de cette différence d’attitude entre Européens et Américains, qui conduit à la perception d’une mésentente grandissante, en même temps que cette mésentente s’installe effectivement. Ce que Hoagland met en évidence, c’est l’importance du changement intervenu aux USA avec le 11 septembre, et que les Européens ne semblent pas avoir mesurée.
« Despite the outpouring of deep, genuine sympathy and help from Europe in the wake of Sept. 11, many Europeans do not seem to understand the profound changes that the day of terror brought to American lives. Above all, they do not appreciate that open threats of harm and revenge voiced by Saddam Hussein, Palestinian mobs or Iranian mullahs sound different in the ears of Americans today than they did on the day before the attacks. Woven into the texture of French, German and other commentary is the belief that Saddam Hussein, Islamic Jihad and the rest are the same unpleasant or murderous entities that they were on Sept. 10. That prompts questioning of the Bush administration's decision to assign urgent priority to combating those who openly and repeatedly threaten American lives while working to acquire weapons of mass destruction. »
Le (court) paragraphe que nous citons ci-après est le plus intéressant. Après avoir fait l’observation de la mésentente, Hoagland avance une explication. Celle-ci est intéressante par sa dimension et ses perspectives, et c’est bien à ce propos que nous parlerions, avec cet article de Hoagland, d’un effort réel fait pour tenter d’éclairer la situation transatlantique actuelle.
« Europeans are accustomed to the insecurity of their geography and history. A decade after the Cold War ended, they feel more secure from the direct threat of war and annihilation than they have in centuries. At the same moment, Americans have had the security blanket of oceans and distance yanked away in particularly brutal fashion. »
Il s’agit du rappel d’une réalité finalement peu complexe, qui s’appuie sur des évidences géographiques et historiques, qui devrait être constamment à nos esprits à cause de son importance et qui ne l’est pas. Souvent, dans notre époque marquée par un conformisme de la pensée sans précédent, les réalités appuyées sur des évidences sont écartées comme des éléments de réflexion dangereux et révolutionnaires. Celle-ci a effectivement des prolongements qui ressemblent à des bouleversements, si l’on explore la voie ainsi ouverte par Hoagland.
Lui-même, l’Américain, ne cherche pas à voir plus loin. Une autre explication qu’il donne à la séparation transatlantique grandissante est conjoncturelle, et moins intéressante. La voie qu’il propose pour parvenir à une solution est pour l’essentiel conventionnelle et sans intérêt, mais aussi, pour une faible part qui n’est pas sans intérêt, pleine de territoires nouveaux à explorer. Certains de ces territoires nouveaux pourraient s’avérer révolutionnaires et déstabilisants.
« In the Cold War, Americans and Europeans actively needed each other. They quarreled knowing that the limits of discord would soon have them working together again. Now the limits of accord dominate this vital relationship. New balances of understanding and mutual help must be developed. »