Face à Mandelson, Sarkozy sort du bois

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Les choses s’aggravent entre la France et Peter Mandelson (le Commissaire européen au Commerce), parce que Mandelson propose dans les négociations de Doha des choses qui sont inacceptables pour la France. Même si Mandelson estime “avoir un mandat” parce qu’une majorité de ministres des AE de l’UE l’a soutenu, il méconnaît le réel rapport des forces, — ou feint de le méconnaître en espérant que la chose passera sans trop de douleurs, comme les Anglo-Saxons en Europe ont toujours manoeuvré. Mandelson se trompe parce qu’il y a eu, depuis, le référendum du 29 mai et que les dirigeants français, bons lecteurs des résultats électoraux, savent jusqu’où ils ne peuvent plus aller. Bref, nous ne sommes plus en 1992-95, quand les commissaires anglo-saxons, Sir Leon Brittan en tête, pouvaient jouer solo en s’arrangeant sur le GATT avec leurs copains d’outre-Atlantique. Cette sorte de dérive finira par un affrontement où la Commission perdra encore des plumes.

En attendant, la chose révèle les véritables attitudes. C’est le cas pour Sarkozy, le “libéral français de tendance anglo-saxonne” de service. A propos de Mandelson, Sarkozy quitte ses oripeaux et attaque bille en tête, avec une argumentation digne d’un souverainiste à peine européanisé. L’argument principal de Sarkozy est bien du type souverainiste : la Commission n’a pas la légitimité qui importe pour traiter les grands dossiers européens. Les arguments annexes (retour de “la préférence européenne”) vont également dans le sens contraire des conceptions de l’Europe hyper-libérale.

Ci-dessous, un compte-rendu de son intervention dans une tribune des Échos.

« Le président de l'UMP Nicolas Sarkozy proteste contre les déclarations du commissaire Peter Mandelson qui a proposé que l'UE réduise ses aides internes aux agriculteurs. Dans une tribune jeudi dans Les Echos, Sarkozy déclare que “les exigences américaines et les nouvelles propositions de la commission sont inacceptables” et qualifie les négociations en cours de “marché de dupes”. “A terme, elles signifieraient le démantèlement de la politique agricole commune (PAC) et le renoncement de l'Europe à son statut de puissance agricole”, ajoute-t-il. “Je peux à la rigueur comprendre les Etats-Unis. Ils sont dans leur rôle quand ils essaient de maximiser leurs gains tout en s'employant à affaiblir notre agriculture”, souligne le ministre de l'Intérieur. “Je comprends moins bien le négociateur européen, qui n'hésite pas à mettre en péril les intérêts européens dont il est le dépositaire”, ajoute-t-il.

» “Tant que l'Europe ne sera pas représentée par un responsable politique élu par ses pairs et rendant des comptes devant le peuple et ses représentants, tant que ses intérêts seront défendus par une personnalité nommée... nous exposerons les citoyens de l'Europe à ce genre de dérives”, estime Sarkozy. Le président de l'UMP insiste en outre sur la nécessité de remettre “la préférence communautaire au centre du projet européen”. »


Mis en ligne le 20 octobre 2005 à 17H26