Il y a 2 commentaires associés à cet article. Vous pouvez les consulter et réagir à votre tour.
2180Un de nos lecteurs (MG) nous communiquait, le 22 août, un texte de Paul Craig Roberts (CGR) du même 22 août sur Information Clearing House. Depuis, ce texte a été largement diffusé, CRG disposant d’un vaste réseau à cet égard. Le texte fait une critique de Poutine qui se veut mesurée, mais qui n’en est pas moins fondamentale, de la part d’un homme (CRG) qui n’est certes pas antirusse ni antipoutinien ; en un mot, il irait plutôt dans ce cas dans le sens de reprocher à Poutine de n’être pas assez “poutinien” au sens où on l’entend généralement, c’est-à-dire dans le sens d’une politique de fermeté vis-à-vis des USA. C’est une critique générale de toute la politique russe de la part de CRG mais elle s’exerce dans ce cas à propos de la Syrie et de l’attitude la Russie vis-à-vis de la Turquie depuis le putsch, et par conséquent en fonction du comportement de la Turquie.
Nous éviterons la discussion sur le fond et nous en expliqueront dans un autre texte où nous aborderons un problème plus vaste. Cette analyse engloberait ce texte de CRG, et d’autres adressant des critiques à Poutine d’une part, et d’autre part le fait même de se référer dans le chef de ces critiques (ce qui est indirectement le cas de PCG) à des analyses sur l’actuelle attitude de la Turquie (l’“invasion” en Syrie, paraît-il avec l’aide d’éléments US et donc en coordination et avec l’accord avec les USA) selon l’idée que “Poutine s’est fait rouler par Erdogan”. Ensuite, nous élargirons le débat vers le thème qui nous importe.
D’ores et débat, et pour ne pas laisser cette rapide entrée en matière sans quelques éléments concrets, nous ferons au moins quelques remarques, qui ont trait à la “politique” US vis-à-vis de la Turquie (et du reste dans la zone Syrie-Irak, etc.), laquelle “politique” US fonde en général les accusations de “faiblesse” portées contre Poutine. (Poutine ne riposte pas assez fermement aux entreprises US.) On notera que nous ne prenons pas position sur le cas de cette “faiblesse” mais montrons simplement l’extraordinaire difficulté de définir le principal facteur (la “politique” US) qui serait déterminant dans le fait de cette “faiblesse”.
• Il est de notoriété publique, nous l’espérons, qu’il est extrêmement aventureux de parler d’une politique US engendrant une “stratégie” biern coordonnée. Par exemple, sans aucun doute parmi beaucoup d'autres, on a eu de nombreux échos, depuis le début de l’année, de deux organisations “rebelles” qui se sont affrontées (s’affrontent-elles toujours ? Mystère) en Syrie, l’une étant armée, financée et parrainée par la CIA, l’autre étant armée, financée et parrainée par le Pentagone. (Sputnik.News le 21 février 2016 : « This week Furqa al-Sultan Murad, the CIA-backed rebel battalion, was under attack by Kurdish militants or YPG, supported by the Pentagon in Syria’s Aleppo. ») ...
Imaginez cette sorte de situation transposée dans le cadre de la base d’Incirlik, d’où les USA coordonnent paraît-il leur action contre paraît-il Daesh, et leur coopération avec la Turquie, ou leur putsch contre la Turquie c’est selon. Cette base turque concède une partie d’elle-même, non pas à l’OTAN, mais aux USA ; et, dans ce cas, Incirlik Air Base est utilisée de facto par trois commandements US : European Command à Bruxelles et Mons (qui dirige les forces US de l’OTAN, le commandement des forces alliées de l’OTAN, etc.), qui a dans ce cas le commandement officiel ; African Command, qui est situé à Ramstein, en Allemagne, et utilise un relais important avec Incirlik ; enfin, Central Command, qui est basé à Tampa, en Floride, et couvre la zone Moyenne-Orientale. Il va de soi que ces trois commandements structurellement intégrés par nature ne dépendent organiquement d’aucune arme quelconque (il y a rotation de généraux des quatre armes, dont le Corps des Marines), qu’ils n’ont donc aucune spécification de coordination ni même de coopération, en renvoyant tous trois directement au Pentagone. Ajoutez-y les forces et agences autonomes qui ont évidemment leurs antennes à Incirlik et qui ont tendance à opérer d'une façon évidemment indépendante (les forces spéciales, dépendant d’un commandement intégré propre, le JSOC, la CIA, etc.). Bonne chance à celui qui, considérant les forces US de toutes natures (aériennes, logistiques, terrestres, etc.) transitant à Incirlik, saura dire qui fait quoi et avec qui à partir d’Incirlik, selon l’unité, le commandement, voire la “politique” dont il dépend.
On ajoutera à ces considérations le constat, d’ailleurs développé à un autre propos ci-dessous, de la totale inexistence du président Obama en tant que tel, ce qui achève d’annuler la notion de politique US par rapport à une autorité centrale. Ce que veut Obama, aujourd’hui, c’est un legs pour l’histoire : apparaître comme un grand président, c’est-à-dire si l’on veut “paraître être” (ou “paraître avoir été”, du point de vue historique). Pour cela, il ne veut pas de vagues, rien qui soit apparemment incontrôlable de son chef et qui paraisse mettre en cause, soit sa politique affichée (“homme de paix”, ce serait assez chic pour les salons), soit son autorité (indispensable pour les sorties en ville et les terrains de golf). Le fait que les USA puisse être, selon une hypothèse parmi d’autres, avec les Turcs dans leur “invasion”, et même si cela est le fait d’un des “États parallèles” US ou l’autre, sera aussitôt pris à son compte par Obama du moment que le risque d’engagement US est limité. Dans ce cas, l’apparence de l’autorité sur l’apparence de l’“homme de paix” prime : voilà la “stratégie” US, la Grande, la vraie.
• Encore ne parlons-nous pas de la paralysie ontologique, sinon de l'inexistence totale de cette “stratégie” US dans sa vérité-de-situation, – hors de la stature historique d’Obama, – avec la dictature inflexible d’une narrative générale concernant l’hégémonie formidable, sinon plus forte que jamais des USA, avec chaque “État parallèle” interprétant cette narrative selon sa partition, ses intérêts, ses distorsions propres. (Nous avons documenté et nous documentons ce phénomène très largement.) Cette “stratégie”-narrative est réalisée, “opérationnalisée”, sous le soi-disant empire de ce même président dont on sait qu’il vit dans une forteresse d’une “narrative impénétrable”, y compris vis-à-vis des services qui sont les plus nécessaires à l’élaboration d’une politique de sécurité nationale.
(Pour l’anecdote, mais combien significative pour le constat de la puissance et de la durabilité du phénomène de la narrative, nous observerons combien il est extraordinaire d’entendre le président Obama, qui pose à l’homme d’État, dire que le moment de son mandat dont il est le plus fier est la période où il résista, “seul” et héroïquement certes, guidé par sa vision historique, aux pressions des faucons et de leurs relais innombrables, et refusa l’intervention en Syrie en août septembre 2013, après l’attaque chimique du 21 août, montage essentiellement saoudien immédiatement attribué à Assad pour justifier une attaque : « [Obama’s] decision to avoid sliding into Syria, in his mind, isn’t just about one conflict: It was prioritizing the maintenance of a key global institution over trying to ameliorate a crisis, even though it made him look bad. “I’m very proud of this moment,” he told Goldberg. “The fact that I was able to pull back from the immediate pressures and think through in my own mind what was in America’s interest, not only with respect to Syria but also with respect to our democracy, was as tough a decision as I’ve made — and I believe ultimately it was the right decision to make.” » Obama retourne totalement la vérité historique, en deux occurrences, pour complaire à sa narrative d’une arrogance extrême et dissimuler sa couardise et son absence totale de la conscience des enjeux. Il omet de dire qu’il s’engagea d’une manière précipitée dans cette affaire, non pour éviter une attaque mais pour obtenir un soutien massif à l'attaque qu'il avait décidée d'effectuer ; qu’il se retrouva “piégé” entre sa décision d'attaquer qu'il soumit au Congrès pour avis favorable, face au Congrès et à l’opinion publique hostiles à l’attaque ; qu’il “réussit” à s’en sortir à 100% grâce à Poutine qui lui offrit une porte de sortie exceptionnelle en convainquant Assad de faire détruire son stock d’armements chimiques et donc en supprimant le motif de l’attaque. [Voir le 12 septembre 2013 pour une analyse complète du “triomphe de Poutine”. sauvant Obama in extremis, mais surtout pour empêcher une intervention militaire susceptible de déclencher un cataclysme : « La proposition russe [aussitôt acceptée par Obama] n’a pas été faite pour marquer des points contre le bloc BAO mais pour stopper, – ou tenter de stopper, l’avenir le dira, – la marche vers une intervention militaire catastrophique pour tous... »] ... On voit là qu’il est déjà question de la faiblesse ou pas de Poutine.) (*)
• Le plus remarquable, pour nous, c’est de lire toutes les analyses disons à moyen terme de l’évolution de la Turquie notamment en fonction de la “politique US”, celle-ci étant considérée comme suivant une “stratégie” bien défini. On connaît la situation interne aux USA en ce moment, en pleine fluidité peut-être révolutionnaire et l’on a à l’esprit la structure (ou la déstructuration) de son pouvoir ; n’en pas tenir compte pour les analyses qu’on signale ici conduit à se fourvoyer complètement au bénéfice suspect d’une analyse qui se voudrait complète et impérative. On ne peut tout de même pas ignorer qu’il y a une possibilité importante que soit élu le 8 novembre un homme dont le premier acte important probable de politique extérieure serait une rencontre avec Poutine pour tenter de normaliser la situation entre les deux pays, de coordonner la lutte contre le terrorisme, avec, dans l’esprit de cet homme (l’élu potentiel dont nous parlons), une tendance à laisser le plus de place à la responsabilité russe et à réduire de plus en plus l’engagement extérieur de la politique US et de ses moyens, notamment au Moyen-Orient ? Encore parlons-nous là d’une possibilité dans une situation normale, c’est-à-dire l’élection acceptée par tous, car l’on ne sait exactement comment tourneront les événements après le 8 novembre, quel que soit l’élu. (Nous ajouterions qu’une élection de la candidate, à l’inverse du candidat cité pour l’orientation de la politique extérieure, ne serait pas plus la moindre garantie de la stabilité de la fantomatique “stratégie” US, dans la région considérée comme ailleurs.)
Cette échéance très proche (un peu plus de deux mois) ne peut pas ne pas être prise en compte lorsqu’on analyse aujourd’hui les sujets qui sont abordés ici, ne serait-ce que parce que les relations entre les USA et la Russie constituent le principal sujet de politique extérieure du débat de la campagne USA-2016, avec des positions maximalistes affirmées dans les deux sens. Il est impossible de n’en pas ternir compte, notamment pour notre cas envisagé, lorsqu’il s’agit de juger s’il y a ou non des “faiblesses” dans la politique actuelle de Poutine. C’est un facteur, cette considération d’événements qui semblent extérieurs au sujets traités mais qui les influencent indirectement mais massivement, que tout analyste doit absolument prendre en considération comme base même de sa réflexion, y compris et même surtout un analyste antiSystème.
Il existe ce que nous nommons un “bruit de fond”, qui est à différencier complètement du conformisme parce que c’est une création mécanique très active sans aucun devoir de contrainte apparente (contrairement au conformisme) de l’hyperpuissance de la circulation de l’information répondant à l’omniprésence, à l’omnipuissance et donc à l’hégémonie du système de la communication dans le registre des forces qui s’exercent. Il s’agit d’une sorte de “brouhaha des opinions” qui, sans se plagier ni même s’imiter, s’influencent les unes les autres, le plus souvent d’une façon complètement involontaire. Ce “bruit de fond” existe aussi bien désormais, de façon très puissante, dans le cas de l’antiSystème, ce qui mesure d’ailleurs la force considérable et la quasi-institutionnalisation de l’antiSystème, sa reconnaissance en un sens qu’il constitue une réelle force d’influence, à l’égal du Système. Il serait bien que, dans ce cadre d’influence puissant, l’antiSystème ne succombât par à certaines fascinations récurrentes et considérât pour en juger des événements dans le contexte qui leur sied ; la fascination, même hostile dans les cas que nous évoquons, empêche, à la fois par une sorte de sentiment de respect et d’impuissance par rapport aux événements fascinatoires, de tenir compte et d'utiliser souplement pour l'analyse ces phénomènes qui sont la cause de cette fascination. Les antiSystème se battent contre la puissance tentaculaire et éclatée du Système et contre le globalisation imposée par le Système, qui sont des faits malheureusement bien réels qui se renforcent l’un l’autre, et qui sont les faits essentiels de la situation du monde qui pèsent sur toutes les situations sectorielles : cette stature quasi-hégémonique entraîne souvent cette fascination dont nous parlons (négative répétons-le mais fascination tout de même : on peut très bien, et même très souvent, être “fasciné par son ennemi”, et surtout “fasciné mortellement par son ennemi mortel”). N’en pas tenir compte dans des analyses sectorielles, comme dans ce cas de la “faiblesse” de Poutine de la Russie et des rapports de la Russie avec la Turquie en tenant compte de l’élément dit de la “stratégie” américaniste conduit à des fourvoiements absolument regrettables. Cela ne signifie pas que nous considérons que Poutine n’a pas de “faiblesse”, car cela serait succomber a contrario au “bruit de fond”, cela signifie qu’il faut tenir compte de tous les facteurs, et surtout des plus importants, pour en juger ; et, pour les cas considérés (Russie-Turquie), notablement dans le contexte très précis d’une opération lancée il y a deux jours par la Turquie en Syrie, nous admettons bien volontiers que nous ne nous sommes pas fait notre religion, en aucun cas. Pour paraphraser l’enseignement, qui se discute peut-être bien, d’un de nos lecteurs qui nous caractérisait a contrario (« La vision d'un être perdu qui essaie d'exister mais, le paraître ne sera jamais l'être. / L'humilité qui vous fait défaut se trouve sur le chemin de l'être. »), nous dirions simplement que l’humilité du jugement immédiat (le paraître) suggère la sagesse du jugement à venir (l’être).
Voici donc le texte de Paul Craig Roberts (22 août sur Information Clearing House). On verra qu’il s’attache d’abord au problème spécifique des rapports de la Russie avec la Turquie dans la phase actuelle, en observant très justement qu’il ne peut se prononcer parce qu’il ne dispose pas de tous les faits. Puis il fait des hypothèses et l’on voit qu’elles sont toutes influencées par ce qu’il juge être de la “faiblesse” de Poutine, qu’il attribue de façon assez classique aux “Intégrationnistes Atlanticistes” qu’on trouve dans certains milieux proches du pouvoir. Cela le conduit effectivement à exposer de façon complète ce qu’il juge être la “faiblesse” de Poutine.
(*) On rappellera dans cette note assez longue, hors du texte principal pour ne pas l’alourdir, que la séquence de cette crise montre dans le détail la déroute complète d’Obama, et expose toutes ses faiblesses à lui. Aussitôt convaincu par les rapports d’authentification de l’opération-faussaire de l’attaque chimique du 21 août 2013 montée par les Saoudiens pour la mettre au compte d’Assad, prisonnier de sa propre rhétorique de communication de la doctrine de “la ligne rouge à ne pas franchir” (l’emploi du chimique), Obama avait effectivement décidé l’attaque. On rassembla les alliés … Les Français piaffaient d’impatience, le président-poire se voyant enfin en grand “président de guerre”, avec des vraies bombes larguées sur une vraie ville, causant dévastation, souffrances, ruines et pertes civiles, bref la distinction humanitaire même pour un homme d’État-BAO de type postmoderne. (L’attaque serait “extrêmement modérée” affirma Kerry, jamais en mal d’une volte-face mensongère, à la fin de la séquence ; on sait aujourd’hui qu’elle aurait été massive et terriblement destructrice, les plans du Pentagone prévoyant de tirer 164 cruise missiles sur Damas.) Les Britanniques étaient évidemment pour et sabre au clair, et Cameron, sans doute le Premier ministre britannique le plus nul des XXème-XXIème siècles, eut l’idée brillante d’aller quérir, fort démocratiquement, l’accord acquis d’avance des Communes. (Préfiguration du Brexit.) Las ! Les travaillistes passèrent à l’ennemi pour une des très rares fois de leur existence depuis Blair et permirent un vote négatif. Ce fut le début de la débâcle. Brusquement rendu incertain par un événement de communication de cette ampleur, Obama vacilla et annonça deux jours plus tard (le 31 août 2013) qu’il consultait le Congrès. Il ne donnait pas pouvoir au Congrès, il demandait son avis au Congrès, – c’est-à-dire son aval c’était évident, étrange et même erreur que celle de Cameron, – à propos d'une décision qu’il avait prise d’ores et déjà. En cinq jours, dès les 3-4 septembre, il apparut qu’Obama allait devant une défaite parlementaire colossale et la crise terrifiante du pouvoir US apparut en pleine clarté et commença à envoyer des ondes de choc dans le monde. Obama était placé devant son alternative du diable, un piège terible où il tomberait après l'avoir lui-même mis en place si, comme cela devenait évident, le Congrès votait “non” : devait-il y aller tout de même puisqu’il avait décidé l’attaque, qu’il s’agissait pour lui de la prérogative essentielle de l’exécutif, mais avec le Congrès et l’opinion publique de plus en plus massivement contre l’attaque, c’est-à-dire contre Obama et le “droit” constitutionnellement illégal du président de déclencher une guerre, la Constitution réservant ce droit au Congrès ? Devait-il céder au Congrès (et à l’opinion publique) et établir un précédent nucléaire qui pulvériserait le pouvoir du président ? La perspective était d’une sorte de “ni-oui, ni-non” bien dans la manière d’Obama, qui aurait du conduire en droite ligne à une crise institutionnelle majeure. C’est alors qu’intervint Poutine, et l’on peut alors se demander si sa prétendue “faiblesse” n’est pas en fait une sagesse prudente qui pêche parfois par excès et qui, dans ce cas, l’engagea grâce à une trouvaille brillante (l’accord de Damas pour détruire les armes chimiques syriennes) à ne laisser aucun risque se développer ; effectivement, ce serait une faiblesse d'une politique en un sens trop intelligente, mais nullement une politique faible ; au prix d’un coup d’audace qui comportait des risques, il y avait effectivement là, en laissant Obama se débattre dans son propre piège, l’opportunité de déstabiliser complètement la puissance US par l’intérieur, là où cela marche le mieux (surpuissance-autodestruction)... Enfin, aujourd'hui il y a Trump.
_____________________
News services abroad ask me if President Erdogan of Turkey will, as a result of the coup attempt, realign Turkey with Russia. At this time, there is not enough information for me to answer. Speculation in advance of information is not my forte.
Moreover, I do not know if it is true that Moscow warned the President of Turkey of the coup, and I do not know if Washington was behind the coup. Therefore, I do not know how to weigh the scales. As I see it, whether Turkey stays with Washington or realigns with Moscow depends first of all on whether or not Moscow warned Turkey and whether or not Washington was behind the coup. If this is what Erdogan believes, whether true or false, Erdogan is likely to align with Russia. However, other factors will also influence Erdogan’s decision. For example, Erdogan’s belief about how resolute Putin is to standing up to Washington.
Erdogan will not want to align with Russia if he thinks Russia is not up to Washington’s challenge. Erdogan sees Putin endlessly asking for Washington’s cooperation, and Erdogan understands that Washington sees this as a sign of Russian weakness. Washington slaps Putin in the face, and Putin replies by asking for cooperation against ISIS. I understand why Putin responds this way. He wants to avoid a war between US/NATO and Russia that neither side can win. Putin is a man of peace and accepts affronts in order to save life. This is admirable. But that might not be the way Erdogan sees it. Erdogan might see it like Washington sees it: weakness.
The second consideration is whether Washington or Moscow offers Erdogan the best deal. Washington most certainly does not want the breakup of NATO and will strive to keep Turkey in NATO at all costs. Washington, for example, might deliver Gulen to Erdogan, and Washington might put one billion dollars in a bank account for Erdogan. This is easy for Washington to do, as Washington can print all of the world’s reserve currency it wishes to print. It is impossible for Moscow to deliver Gulen, and because Yeltsin accepted US advice conveyed through the IMF, the Russian ruble is not a substitute for the US dollar.
The world is accustomed to seeing Washington prevail, because Washington relies on force. Except for Putin’s response to the Georgian attack on South Ossetia, the world is accustomed to seeing Putin rely on diplomacy. As Mao said, power comes out of the barrel of a gun, and so the world believes. Putin seemed to be decisive when he accepted the Crimean vote and reunited the Crimea with Russia, But Putin turned down the requests of the breakaway republics of Donetsk and Luhansk to rejoin Russia, and this made Russia look weak. It also prolonged the conflict and the death and destruction continues.
In my opinion this strategic failure by Putin is the result of advice from the Russian “Atlanticist Integrationists”—the people who think that Russia does not count unless it is part of the West. In every sense, these pro-Western members of the Russian government are de facto members of the Treason Party. Yet they serve as a constraint on Russian decisiveness. The absence of Russian decisiveness provokes more pressure from Washington. It is a losing game for the Russian government to invite pressure from the West.
Washington sees that Putin is unable to break away from the influence of the Atlanticist Integrationists, which includes the Russian economic establishment led by the independent central bank. Therefore, Washington continues to make Washington’s cooperation with Russia in Syria dependent on Putin’s agreement that “Assad must go.” Putin wants to get rid of ISIS, because ISIS can infect Muslim areas of the Russian Federation. But if he agrees to get rid of Assad, chaos will prevail in Syria just as chaos prevails in Iraq and Libya, and Russia will have accepted Washington’s overlordship. Russia will become another vassal country added to Washington’s collection.
The real danger for Russia lies in Russia’s desire for Western acceptance. As long as Russians have this desire, they are a doomed people.
Forum — Charger les commentaires