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2288Les Américains se plaignent souvent que les Russes ne sourient pas autant qu’ils le souhaiteraient. En retour, les Russes ont tendance à penser que les Américains sourient souvent sans raison – comme le font souvent les idiots. Les Russes sourient pour une bonne raison : lorsqu’ils regardent un bon ami après une longue absence, lorsqu’ils regardent leur téléphone et constatent qu’une somme importante a atterri sur leur compte en banque, lorsqu’ils regardent des aigles copuler en plein vol… Je ne parle pas d’une sorte de sourire idiot aux dents nues, comme celui que l’on voit sur les photos officielles des fonctionnaires américains. Un simple soulèvement des coins de la bouche de 2,5±0,5 mm suffit, car tout autre geste pourrait entraîner une réprimande automatique : “Pourquoi souris-tu, idiot ?” (« Чё лыбишься, мудак ? »).
Compte tenu de tout cela, les Russes ont souri plus que d’habitude ces derniers temps, et ce pour d’excellentes raisons. Les choses vont très bien en Russie, mais comme j’écris ceci en anglais, et non en russe, et que peu de gens en dehors de la Russie sont au courant de ce qui se passe en Russie, je vais passer outre. Pour les quelques Russes qui prêtent attention aux nouvelles étrangères (la Russie est un pays fascinant à l’infini, ce qui laisse peu de temps libre à la plupart des gens pour ce genre d’activités), les nouvelles leur fournissent un flux constant de raisons de sourire. En voici trois, petites et grandes, choisies au hasard.
1) L’Ukraine a décidé d’imposer des sanctions à la grande compagnie pétrolière russe Lukoil, réduisant ainsi son accès au pétrole russe. Étant donné que l’Ukraine n’a plus beaucoup de capacités de raffinage, cela ne semble pas être un gros problème. En fait, la seule raffinerie qui lui reste est Krememchugsky NPZ, qui appartient à Igor Kolomoisky, l’ancien ami oligarque de Vladimir Zelensky, qui l’a lancé dans la politique et qui est aujourd’hui en prison. Même Kremenchugsky ne fonctionne qu’à 16 % de sa capacité nominale, produisant quelque 3 millions de tonnes (5 millions de barils) par an.
Les Ukrainiens ont donc importé du pétrole russe et l’ont envoyé en Slovaquie pour qu’il soit raffiné en diesel à la raffinerie Slovnaft (détenue par le groupe MOL de Hunary). Slovnaft recevait environ 40 % de son pétrole brut de Lukoil via l’Ukraine. Et maintenant, voici une mauvaise nouvelle évidente pour le régime de Kiev, qui ne manquera pas de faire sourire les Russes : aujourd’hui même, le premier ministre slovaque Robert Fico (pour ceux qui ne connaissent pas le slovaque, cela se prononce “pieds douloureux”) a appelé son homologue théorique, le premier ministre ukrainien Denis Shmygal (appelez-le simplement “Mr. Shmyg”, ou “Mr. Le Sournois” si vous voulez traduire son nom du russe) et a expliqué à Shmyg ce que la décision de Zelensky du 24 juin de sanctionner Lukoil signifiait : plus de diesel pour l’Ukraine !
Étant donné que les Ukrainiens ont deux tâches peu enviables qui nécessitent l’utilisation de la guerre moderne, qui, à son tour, consomme des quantités prodigieuses de diesel, cela ne manquera pas d’entraver leurs efforts. Les Ukrainiens tentent en vain de s’accrocher à ce qui est désormais un territoire souverain russe : des morceaux des régions de Lougansk, Donetsk, Zaporozhye et Kherson. Ils tentent également en vain d’empêcher la Russie d’établir une zone tampon de 300 km de large dans le nord de l’Ukraine afin d’empêcher les nazis au service de la junte de Kiev d’utiliser les armes fournies par l’OTAN pour terroriser les habitants de la région russe de Belgorod. Ce n’est pas une vidéo, donc vous ne pouvez pas me voir, mais je vous assure que je souris en ce moment.
Le 21 juillet 2024, Club Orlov – Traduction du Sakerfrancophone
Note du Saker Francophone
Depuis quelques temps, des gens indélicats retraduisent “mal” en anglais nos propres traductions sans l’autorisation de l’auteur qui vit de ses publications. Dmitry Orlov nous faisait l’amitié depuis toutes ses années de nous laisser publier les traductions françaises de ses articles, même ceux payant pour les anglophones. Dans ces nouvelles conditions, en accord avec l’auteur, on vous propose la 1ere partie de l’article ici. Vous pouvez lire la suite en français derrière ce lien en vous abonnant au site Boosty de Dmitry Orlov