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19 novembre 2002 — Aujourd'hui, mardi 19 novembre 2002, il n'y a pas de sujet précis mais une multitude de sujets pour notre Faits & Commentaires. On en vit en effet rarement autant, allant dans le même sens... Nous reprenons ci-après des “liens” figurant déjà dans notre rubrique Nos choix, pour indiquer des situations qui nous font toutes nous demander, — de quoi parlons-nous ?, dans quel monde vivons-nous ?, tout cela est-il vraiment sérieux ?, et ainsi de suite. Il caractérise, d'une façon grossière et ironiquement stupide, car les moeurs se dégradent, une situation que nous avons coutume de caractériser par notre néologisme “virtualisme”.
Voici une suite, comme on dit en musique, présentée rapidement et avec juste un commentaire ou l'autre.
• Le pauvre Hans Blix... Pendant quelques semaines, il a été choyé par les Américains (tendance-Powell/GW). Il a été reçu à la Maison-Blanche. Les Américains ont insisté pour qu'il paraisse devant le Conseil de Sécurité et témoigne. Blix a eu des paroles de fermeté sur la façon dont il fallait procéder aux inspections. Il fut applaudi à Washington. Aujourd'hui, il est conchié par les Américains (tendance faucons/GW) parce qu'il est arrivé à Bagdad avec l'idée de favoriser « la coopération avec les Irakiens plutôt que la confrontation », selon les termes employés par les faucons.
« In his first response, Mr Blix said yesterday: “I haven't seen the criticism myself but I have heard about it. I don't see the point of criticising inspections that have not taken place... it's not very meaningful.” He described the accusations that he was not up to job as “not very meaningful, and certainly unhelpful.”
» One of his team also dismissed the criticism, rejecting the allegation that Mr Blix had failed to find evidence of the nuclear programme. “That's absolutely wrong. Back then inspectors were only allowed to visit sites that were declared,” the inspector said. He added that the powers now available to the inspectors, such as the ability to visit sites without prior notice, did not apply before the 1991 Gulf war.
» Washington's alarm over Mr Blix intensified after a recent speech in which he said he favoured cooperation with the Iraqis rather than confrontation. His colleagues said Mr Blix was acutely aware of the animosity aroused by the last team of inspectors who were accused by Iraq of abrasive behaviour and of spying for the US. »
• Puisque Blix est sur place pour tenter de trouver une issue sans la guerre, c'est qu'il faut préparer la guerre. Quelle guerre ? Celle contre l'Irak. Ah tiens : on croyait qu'on était prêts, que c'était une question de jours, qu'elle aurait du déjà être faite puisqu'on s'y prépare depuis un an. Le New York Times et l'International Herald Tribune annoncent qu'il faudra du temps, sans doute des mois...
« The Bush administration is initiating a series of diplomatic and military steps that must be completed before the United States could go to war in Iraq, American and allied officials say.
» The tasks, some of which could take weeks or even months, include formalizing allies' roles in any offensive, discouraging neighboring countries from launching their own strikes against Iraq, and deciding whether to seek UN support for an attack. Failure to accomplish many of these objectives could delay or complicate the onset of war. »
• Il y aussi l'histoire de l'OTAN qui, d'un coup, passe du statut de “bonne à rien” à celui de bonne à tout”. Cela est l'objet de rapports dignes et sérieux. La veille, Thomas Friedman nous instruisait de l'intérêt absolument nul auquel est réduit l'OTAN aujourd'hui, tout juste une sorte de “club” pour les alliés divers.
• En supplément, l'histoire de « Daniel and the rest of the world » ... C'est-à-dire le reporter Leon Daniel qui raconte comment la Guerre du Golfe-I, modèle de toutes les armées et de toutes les stratégies, avec sa réputation d'avoir faire un minimum de pertes, sut parfaitement dissimuler les carnages qu'elle avait causés dans les rangs des soldats irakiens. Idem pour la soi-disant efficacité des smart bombs. La Guerre du Golfe-I établit une sorte de standard dans la transformation de la réalité, non pas pendant la guerre, mais après la guerre, pour ce qu'elle nous apparaîtra plus tard. Désormais, notre référence de guerre est un événement dépendant d'une virtualité totale.
Il n'y a aucun enseignement particulier à tirer de l'un ou l'autre événement, mais le constat que l'univers tel que nous le percevons est devenu une matière molle, la réalité est devenue quelque chose de malléable à merci. Plus aucune barrière de bon sens n'arrête le flot des affirmations en tous sens, qui n'ont comme référence que l'achèvement d'un schéma qui corresponde à une construction virtualiste. (Nous avons mis hier en ligne un “Journal” consacré à cette question.) Le constat que nous pouvons tirer, qui est fortement rassurant, est que cette transformation perpétuelle du monde ne donne pas un univers à la Orwell, dont nous serions à la fois prisonnier et dupe. Il installe un désordre de plus en plus formidable.