Fallon en porte-à-faux

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L’exercice biannuel Bright Star a lieu tous les deux ans en Egypte et coordonne dans des manoeuvres grandioses l’action des forces de pays arabes amis (principalement l’Egypte) et les forces US de Central Command. L’amiral Fallon, désormais une star lui-même, dirigeait les manœuvres. Il a fait des déclarations politiques caractérisées cette fois, au contraire de son habitude, par une fermeté très affirmée à l'encontre de l’Iran. Il a dénoncé le comportement de l’Iran et a exprimé l’idée, particulièrement révélatrice, que cette attitude n’était pas “d’une grande aide” pour la réduction des tensions dans la région.

Extraits de armytimes.com, dépêche AP du 19 novembre

«Speaking at a press conference in Cairo with Egyptian President Hosni Mubarak, Central Command chief Adm.William J. Fallon said that Iran’s behavior since he assumed his post eight months earlier has not been helpful.

»“I don’t want the Iranians to make a mistake and feel that we are afraid of them or not willing to stand up for things that we should in this region,” he said. “There’s concern over the Iranian behavior, concern in the region from the radical talk that is constantly threatening other people.”

»Fallon was in Egypt for the massive regional Bright Star military exercises held every two years between Egypt and the United States that include several other nations.

»“Iran is a challenge to us, to me as a commander in chief in this area,” he added. “Iran’s behavior has not been very helpful in the region.” The U.S. accuses Iran of supporting armed groups in Iraq that attack American forces — a charge the Iranians deny.

(…)

»“We would like to see the Iranians actively seek ways to cooperate with other countries and not be challenging the other nations of the world,” he said.

Fallon tient un langage très différent de celui qu’on lui entend d’habitude. Il se trouve actuellement dans une situation nouvelle. D’une part les pressions des adversaires d’une attaque (dont lui-même) portent leurs fruits et les partisans d’une attaque à Washington sont sur la défensive. D’autre part, les Iraniens de la tendance extrémiste (le président Mahmoud Ahmadinejad) ont profité des querelles internes à Washington, et aussi du nouveau foyer de tension au Pakistan qui inquiète les USA et change l'orientation de leur dispositif stratégique, pour accentuer leurs pressions et affirmer que la puissance US est incapable de réaliser une attaque contre l’Iran. Les militaires US, même adversaires d’une attaque contre l’Iran, sont aussi comptables de la perception de la puissance US et ils ne veulent pas que celle-ci se dégrade. Ils le veulent d’autant moins que ce serait encourager l’extrémisme des Iraniens de la tendance Ahmadinejad. D’où la réaction de Fallon, dont le jeu dans cette affaire est extrêmement délicat.

On observe tout de même que les déclarations de Fallon contiennent un appel implicite aux Iraniens. En affirmant que leur attitude n'est pas “d’une grande aide pour la réduction des tensions dans la région”, il suggère que les Iraniens pourraient au contraire coopérer (notamment avec Central Command) et renforcer sa propre politique visant à écarter tout risque d'attaque contre l'Iran.


Mis en ligne le 20 novembre 2007 à 16H23