Farage hypersonique vers le pouvoir

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Farage hypersonique vers le pouvoir

La Royaume-Uni est, avec l’Allemagne quasiment ex-aequo, et tous les deux un peu avant la France, le pays européen le plus massacré par la crise de la civilisation américaniste-occidentaliste. UK est hors UE- par rapport aux autres,  (Lui, UK, hors-UE d’accord, mais peu importe dans ce cas puisque tous ses dirigeants jusqu’ici se sont conduits exactement comme des membres de la “Secte” bruxelloise.) Tout, chez les Britanniques, répond aux normes crisiques de l’effondrement enropéen : Ukraine, économie, immigration, déconstructuration, destruction de l’identité et de la souveraineté nationales, – comme on dit, “toutes les cases sont cochées”.

Mais survint Farage et, derrière lui, survint Elon Musk. Farage, l’homme qui avait imposé le Brexit puis quitté la politique, a fait sa réapparition au printemps dernier, in extremis pour les élections, obtenant 5 sièges au Parlement à partir de rien et d’un ‘Reform UK’, quasiment réduits aux actes écrits de sa fondation. Depuis, la présence de Farage et ‘Reform UK’ pour les prochaines élections s’est faite de plus en plus fortement et rapidement sentir entre les restes catastrophiques de la débâcle des partis de l’establishment.

Puis survint Musk, comme nous disions. Devenu l’activiste numéro un de Trump en attendant son ministère de l’efficacité gouvernementale (DOGE), Musk s’est plongé à fond dans l’ingérence politique, jouant ainsi le rôle qu’on a tant reproché aux Russes et qu’ils n’ont jamais tenu. Sa critique de l’establishment britannique est d’une intensité quasiment égale à sa critique de l’establishment allemand. Il a mis l’establishment allemand en fureur en mettant au point un face-à-face entre la leader de l’AfD vouées (elle et l’AfD) aux gémonies, sur tweeterX le 8 janvier, sept semaines avant les élections. Les Britanniques, que Musk écrase de son mépris, sont encore plus favorisés à cause des liens d’amitié entre Trump et Farage. Musk a mis 100 $millions à la disposition de ‘Reform UK’ pour se renforcer en vue des prochaines échéances et, – Musk n’en doute pas, – de la prise (démocratique, ma chère) du pouvoir.

Les derniers résultats de sondage, effectué fin décembre 2024 par le cabinet de stratégie politique Stonehaven, pour le congrès de ‘Reform UK’, sont impressionnants :

• ‘Reform UK’ gagnerait 120 sièges si les élections avaient lieu aujourd’hui (on en prévoyait 85 il y a trois mois, à mesure que Trump-Musk s’affirmaient et encourageaient Farage).

• Les travaillistes passeraient de 411 à 278 sièges et les conservateurs prendraient 157 sièges.

• L’essentiel des nouveaux électeurs de ‘Reform UK’ viennent du parti travailliste au pouvoir.

« L’enquête a montré que 55% des électeurs qui ont soutenu le parti travailliste lors des élections de l’année dernière, mais qui soutiennent désormais le parti réformiste, ont cité l’immigration comme leur principale préoccupation, suivie par les soins de santé (47%), le coût de la vie (46%) et les prix de l’énergie (32%). »

Stenehaven estime que le soutien au parti travailliste est complètement « superficiel ». Son énorme majorité de près de 75% aux Communes repose sur un socle électoral de 34% des voix au niveau national. Le cabinet de stratégie politique estime que les travaillistes ne peuvent survivre que s’ils montrent qu’ils sont capables de s’attaquer à l’immigration de masse, ce qui n’est absolument pas dans les plans, ni dans les capacités, ni dans le jugement de l’actuel Premier ministre qui préfère préparer l’attaque décisive contre la Russie. Keir Starmer est en bonne place pour s’imposer comme le premier ministre le plus stupide de l’histoire du royaume, malgré la concurrence de ses prédécesseurs conservateurs immédiats.

Pendant ce temps, le président de ‘Reform UK’, au nom que certains esprits courts jugeraient étonnant de Zia Yusuf pour un parti qui veut limiter drastiquement l’immigration, exulte comme le véritable anti-immigrationniste qu’il est :

« ‘Reform UK’  est sur le point de marquer l’histoire et de remporter les prochaines élections générales.

»  Le parti réformiste a remporté cinq sièges en juillet. Six mois plus tard, ce sondage montre que nous gagnerions 120 sièges. Imaginez où nous en serons dans un an et dans quatre ans. L’emprise séculaire des deux vieux partis est enfin brisée. » 

Après lui, Farage est venu définir l’orientation inéluctable du parti, en attaquant directement les conservateurs qui restent le parti de l’establishment à désosser, après avoir désintégré les travaillistes, pour accéder au pouvoir :

« “Je pense que l’explosion démographique de plus de 10 millions d’habitants au cours des 20 dernières années est le principal facteur de la diminution de notre qualité de vie. Nous n’avons pas accès aux soins de santé, nos enfants et petits-enfants ne peuvent pas accéder au logement, la circulation est impossible, plus rien ne fonctionne”, a-t-il déclaré. “Ce n’est pas seulement Tony Blair et le Parti travailliste qui nous ont fait ça, mais surtout un Parti conservateur qui a menti à chaque élection générale et notre tâche est maintenant de les remplacer comme parti d’opposition dans la politique britannique et c’est ce que nous allons faire”, a promis Farage. »

La situation, telle que déterminée par Stonehaven, est un boulevard majestueux vers le pouvoir pour ‘Reform UK’. Par rapport à ses premiers travaux statistiques sur la question, en 2019, Stonehaven détermine les chiffres les plus extrêmes : 70% de Britanniques trouvent le niveau d’immigration “trop élevé”, dont 50% disent “beaucoup trop élevé” ; 15% trouvent ce niveau “à peu près correct”. Pour 52% des Britanniques, l’économie est leur principale préoccupation ; pour 46%, c’est l’immigration ; pour 40%, ce sont les soins de santé. Pas d’Ukraine à l’horizon, ni d’agitations LGTBQ avec débat sur le transgenrisme.

Le Royaume-Uni se prépare donc à tenir un rôle important dans le courant populiste et antiSystème qui secoue le monde avec un entêtement et une résilience remarquables. Heureusement, les montreurs de marionnettes camouflés dans l’ombre, – 0,05% du troupeau mondial aux derniers recensements ukrainiens, – vont finir par faire toute la lumière sur ce complot universel ; “On les aura”, disent-ils. 

 

Mis en ligne le 5 janvier 2025 à 12H55