Florilège de l’intelligence aveuglée

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Comme on le remarque d’une façon constante et appuyée, le monde entier regarde l’élection présidentielle française, et particulièrement, comme nous le voyons par ailleurs, le monde anglo-saxon. D’où notre intérêt pour cette longue analyse du Financial Times, ce jour, de la plume de John Turnhill, European Editor du FT, donc en théorie l’homme le plus (le mieux) au fait des problèmes européens et, a fortiori (peut-être, d’ailleurs pas sûr), des problèmes français.

D’abord, un constat préliminaire : il transparaît de l’article de Turnhill que Sarko n’est plus le favori du FT, qu’il en a même été la grande déception. (Turnhill est même secoué d’indignation que les Français n’aient pas choisi plutôt Villepin que Sarko comme candidat de la droite classique et gaulliste…) Lui (Sarko) et Ségolène, et d’autres, sont classés dans la rubrique de ceux qui ont effectué un “virage nationaliste”, — ce qui, pour un Britannique, “right or wrong my country”, est proprement incompréhensible et insupportable. Leur impudence (aux Britanniques), à force d’être toujours repoussée au-delà du concevable, doit devenir, à force, objet d’admiration et d’émulation du parfait fomenteur de la fortune de son pays. Mais on le savait (pour leur cas) et les félicitations s’arrêtent là. Au-delà, il s’avère tout de même qu’ils n’y comprennent rien.

Faire de ces élections présidentielles un événement indifférent au monde extérieur alors qu’il y a été question essentiellement de l’identité nationale est une contradiction per se : comment définir l’identité nationale sinon par rapport au monde extérieur ? Toutes les questions intérieures abordées l’ont été par rapport à la globalisation, — est-ce là tourner le dos au monde extérieur ? Enfin, l’absence de discussion des questions de politique extérieure et de défense marque simplement l’existence d’une union nationale sur ces questions. Il est vrai que la France n’a pas à discuter d’un engagement en Irak ou d’une force nucléaire entièrement contrôlée par un pays étranger.

«To a striking degree, France’s presidential elections have revolved around immediate every day issues and questions of national identity. When voters have had the opportunity to quiz the candidates they have bombarded them with questions about jobs, purchasing power, crime, pensions, education, immigration and healthcare. Rarely have the great international issues of the day been raised, even though such matters are the traditional domain of the French head of state.

»So for the moment, at least, France has turned in on herself and it is far from clear what expression she will be wearing when she turns outwards again.»

La preuve la plus évidente pour Turnhill de ce rejet du monde extérieur fut le rejet de la Constitution européenne en 2005. Ainsi rejeter un texte qui est, pour une part importante, une atteinte à la souveraineté et à l’indépendance d’un continent entier (la mention de l’OTAN, contrôlée par les USA, comme “organisation de défense de l’Europe”), est une marque de désintérêt pour les questions internationales et pour l’Europe. (Quant à la référence à Victor Hugo comme penseur politique central français au XIXème siècle, surtout dans son petit travail “sur commande” pour l’Expo Universelle de 1867, Turnhill aurait pu nous épargner ça. Il y avait Tocqueville, Talleyrand, Renan, Taine, Michelet, d’autres encore.)

«The most glaring symptom of France’s gloomy introspection was its rejection of Europe’s constitutional treaty in a referendum in 2005. In a stunning electoral insurrection, voters ignored the overwhelming advice of the Parisian political, business and media elite and voted against the treaty. In a single blow, France’s disgruntled voters killed off the secret dreams of those federalists who still envisaged the creation of a United States of Europe. “France is to be admired in that she is destined to die, but to die like the gods by transfiguration. France will become Europe,” wrote Victor Hugo, the 19th-century idealist. No one talks like that any more in Paris.»

Cela dit messeigneurs, et allez comprendre pourquoi, ce pays taré, ringard, fermé, inutile et sans influence, son élection d’aujourd’hui et du 6 mai va faire du bruit. Car son importance est essentielle.

«Even if the world has not impinged much on these presidential elections, they could still rebound on the world. France is the sixth biggest global economy, the second most important country in the eurozone and a leading member of the Group of Eight industrialised nations. France plays a pivotal role in the European Union. Its determined defence of the Common Agricultural Policy has defined the EU’s approach to talks within the World Trade Organisation. Alongside Britain, France is a permanent member of the UN Security Council and the only other country in Europe with the ability to project serious military force abroad.»


Mis en ligne le 22 avril 2007 à 14H08