Folamour, de Taïwan à Pékin

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Folamour, de Taïwan à Pékin

• Nouveaux “bruits de bottes nucléaires” à propos de Taïwan, de la Chine, et bien entendu des États-Unis qui sont partout où les “bruits de bottes” se font entendre. • Il s’agit donc des pressions militaires que la Chine fait peser sur Taïwan, dans une situation fortement détériorée depuis l’annonce du pacte AUKUS et l’aventure des sous-marins australiens. • Comme à leur habitude, les USA envisagent le pire d’une situation où ils endossent une très grande part de la responsabilité, outre cette étrange prétention de réguler un espace qui jouxte la Chine, à des milliers de kilomètres de leurs côtes. • Ils envisagent le pire parce qu’ils savent qu’ils seraient battus s’ils s’opposaient aux Chinois dans une bataille au niveau conventionnel, s’il y avait une bataille pour Taïwan. • Alors, ils n’envisagent rien de moins qu’une frappe nucléaire stratégique préventive contre l’arsenal nucléaire chinois. • Plongés dans une crise intérieure exisdtentielle, les États-Unis tournent au gré de leur hybris déchaîné, qui s’exerce au nom d’une puissance de plus en plus vide, sinon celle de l’anéantissement.

7 septembre 2021 – Nous avons tant de fois envisagé le pire, ces dix, quinze, vingt dernières années, que cela semblerait routine de le faire une fois encore. C’est pourtant le cas, et une fois encore nous sommes obligés d’écrire :
• “cette fois, c’est très sérieux” ; et
• “mais il est, disons assez probable, que l’on se trouvera tout de même détournés de cette possibilité”.

Il s’agit de la Chine, il s’agit de Taïwan, il s’agit bien entendu des États-Unis. Les pressions chinoises, largement alimentées par des années de tension avec les USA dans cette zone de l’Asie-Pacifique, et aussi de l’évolution stratégique des États-Unis à l’égard de cette question de Taïwan, sont extrêmement fortes en ce moment. Des vols de “démonstration de force” chinois avec jusqu’à 40 avions de combat, dans une zone que Taïwan a déclarée comme faisant partie de son espace de défense aérienne, ont eu lieu ces derniers jours. La tension est « la pire que l’on ait connue en 40 ans » ; en fait, effectivement depuis 42 ans...

« Plus fondamentalement, c’est Washington, et non Pékin, qui a fortement ébranlé le statu quo du point d’affrontement explosif que constitue Taïwan. Lorsqu’ils ont établi des relations diplomatiques avec la Chine en 1979, ils ont effectivement accepté la politique de la “Chine unique”, qui reconnaît Pékin comme le gouvernement légitime de toute la Chine, y compris Taïwan. Les États-Unis ont rompu leurs relations diplomatiques avec Taipei et abrogé leur traité de défense avec l'île.

» Au cours de l'année écoulée, les États-Unis ont fait monter en flèche les enjeux concernant Taïwan. Dans les derniers jours de l'administration Trump, le secrétaire d'État Mike Pompeo a levé toutes les restrictions sur les contacts officiels, – militaires et civils – entre les États-Unis et Taïwan à tous les niveaux. L’administration Biden a maintenu cette politique, avec des modifications mineures, et a continué à envoyer, de manière provocante, des navires de guerre américains dans le détroit de Taïwan, entre Taïwan et la Chine continentale. En août, elle a approuvé une autre vente importante d'armes, –  des systèmes d'artillerie howitzer autopropulsés, – à Taïwan... »

Surtout, au mois de septembre, il y a eu l’affaire des sous-marins australiens et du “pacte” AUKUS, que les Chinois ont évidemment très mal considéré dans la situation stratégique générale, avec riposte sous la forme de pressions sur Taïwan. Au lieu de nous parler d’un “tournant stratégique majeur”, les experts du bloc-BAO, y compris ceux du pays “allié-ami” bafoué et cocufié dans cette affaire, feraient mieux de nous parler d’un “tournant majeur de la provocation”. De ce point de vue, certes, rien de bien nouveau de la part des États-Unis

Pour les Chinois, par contre, il y a du nouveau. Ils prennent cette affaire (celle de la tension dans la zone Asie-Pacifique) très au sérieux et leur réaction concernant Taïwan le montre à suffisance. S’estimant menacés par les réactions chinoises, les experts américanistes travaillent d’arrache-pied à divers plans de guerre dans un cadre strictement calibré, puisqu’ils savent qu’ils n’ont guère de chance de l’emporter dans une bataille conventionnelle à Taïwan, soit pour empêcher une intervention chinois, soit pour vaincre les Chinois dans une bataille terrestre. On en est donc à travailler sur l’option nucléaire ou quelque chose d’approchant ; et WSWS.org de se déchaîner dans le texte déjà référencé :

« Le lieutenant-colonel Daniel Davis, retraité de l'armée américaine, a lancé mardi dans le Guardian un avertissement sévère contre le risque que les États-Unis “se lancent” dans une guerre nucléaire avec la Chine si un conflit éclate entre les deux pays au sujet de Taïwan.

» Dans son commentaire intitulé “Les États-Unis doivent à tout prix éviter une guerre avec la Chine au sujet de Taïwan”, Davis écrit : “L’humeur dominante parmi les initiés de Washington est de se battre si la Chine tente de conquérir Taïwan. Ce serait une erreur”.

» “Avant que la guerre n’arrive dans l’Indo-Pacifique et que Washington ne subisse des pressions pour mener une guerre potentiellement existentielle, les décideurs américains doivent faire face à la froide et dure réalité : se battre contre la Chine au sujet de Taïwan risque d'entraîner une défaite militaire quasi certaine, – et il faut alors espérer que nous ne nous lancerons pas dans une guerre nucléaire”, prévient-il.

» Les remarques du colonel Davis reflètent sans aucun doute les discussions intenses qui se déroulent à huis clos à Washington dans les cercles politiques, de renseignement et stratégiques sur les préparatifs d'une guerre avec la Chine et la probabilité croissante que Taïwan soit l'élément déclencheur.

» En mars, le chef sortant du commandement américain pour l’Indo-Pacifique [PACOM], l’amiral Philip Davidson, a averti que les États-Unis pourraient entrer en guerre contre la Chine au sujet de Taïwan d'ici six ans et a demandé le doublement du budget de son commandement.

» Davis affirme que les États-Unis perdraient presque certainement une guerre conventionnelle avec la Chine au sujet de Taïwan “au prix de la destruction d’un grand nombre de nos avions de combat et de navires, et de la mort de milliers de nos soldats”. Pour éviter la défaite, il insiste sur le fait que les États-Unis doivent refuser de se laisser entraîner dans un tel conflit, même si cela signifie que la Chine s’emparera de l'île.

» Après trois décennies de guerres menées par les États-Unis, le déclenchement d'une troisième guerre mondiale, qui serait menée avec des armes nucléaires, est un danger imminent et concret. »

Encore plus significatif, et aussi très étonnant pour notre compte, est le commentaire du colonel Lang, sur son site ‘Turcopolier’, le 6 octobre. Lang ne propose rien de moins qu’une frappe nucléaire préventive contre « tous les sites d'armes nucléaires chinois connus. Tous », – dès le moment où les États-Unis auront la certitude que la Chine va attaquer, ou est en train de diriger ses forces pour une attaque de Taïwan. C’est une proposition étonnante, comme l’on verra plus loin, car elle rejoint le maximalisme belliciste, aussi bien d’un Curtis LeMay du temps de la splendeur du ‘Strategic Air Command’ (SAC) que du temps beaucoup moins lointain du déchaînement permanent des neocons hurlant en flanc-garde du très sagace et perspicace président GW Bush.

Ainsi Lang emploie-t-il, pour cette occasion, du corps gras pour souligner sa détermination théorique...

« Le point essentiel de cette crise émergente et croissante est la question, dans l'esprit collectif de la RPC/CPC, de la solidité de l'engagement américain envers Taïwan. Les États-Unis entreraient-ils en guerre contre une puissance nucléaire capable d'envoyer des missiles balistiques intercontinentaux sur des villes américaines ? Telle doit être la question essentielle pour la RPC.

» S'il est vrai que l’“ambiguïté stratégique” recherchée par l'administration Biden à l’égard de la Chine est en réalité une “couverture” pour une détermination “solide comme un roc” à défendre Taïwan à tout prix, et s'il devient clair à un moment donné que la Chine va bientôt envahir Taïwan, alors la seule ligne de conduite logique pour les États-Unis serait de lancer une attaque préventive contre tous les sites d'armes nucléaires chinois connus. Tous.

» Vous pouvez être sûrs que les États-Unis ont déjà effectué le ciblage et que cette option fait partie des nombreuses options contenues dans la valise aux codes nucléaires qui suit le président et le vice-président partout. Une terrible spéculation ? Certainement.

» J'entends des arguments selon lesquels l'économie chinoise est en mauvaise posture, que le statut de la Chine en tant qu’hôte des prochains Jeux olympiques serait endommagé, que des sanctions seraient appliquées à la Chine. Oui, oui, ce ne sont qu’arguments de gamins en cours de troisième cycle.

» Dans ma vie, une vie parcourue tout au long de choix attristants et destructeurs, il était et est toujours vrai qu’il faut prévoir le pire et espérer le meilleur.

» Les Chinois devraient être prudents. »

« Le pari de l’apocalypse »

Poursuivons ce texte du colonel Lang par les commentaires de lecteurs, ici le pseudo ‘Barbara Ann’ abordant le problème évidemment crucial de la position de la Russie dans le cas d’une frappe stratégique nucléaire préventive... Le colonel Lang lui répond dans la même section des commentaires.

Barbara Ann’ : « La question de savoir si une frappe préventive sur la Chine pourrait être effectuée sans déclencher une réponse russe est assez importante.

La Russie a mis à jour sa doctrine de dissuasion nucléaire en juin de l'année dernière. Elle conserve la clause LOW (Launch On Warning) (“rassemblement de données fiables sur un lancement de missiles balistiques attaquant le territoire de la Fédération de Russie...”). Elle inclut également la formulation “et/ou ses alliés” dans cette clause et dans la suivante, qui traite de l'utilisation effective d'armes nucléaires par un ennemi. La Russie décrit la Chine en ces termes ces jours-ci, même s'il n'existe pas de pacte de défense officiel.

J'ai toujours supposé qu'une première frappe avec des ICBM/SLBM contre la Russie ou la Chine renvoyait à la doctrine MAD [Destruction Mutuelle Assurée], – parce que LOW signifie que la Russie supposerait qu'elle est la cible dans les deux cas. Mais si la Russie a confiance dans la sécurité de sa capacité de deuxième frappe, je suppose qu'elle a la possibilité d’attendre et de voir où les missiles atterrissent. Et ensuite regarder son allié être détruit ? Le pari de l’apocalypse, c’est sûr. »

Colonel Lang : « “Savoir si une frappe préventive sur la Chine pourrait être effectuée sans déclencher une réponse russe est une question assez importante.” Bien sûr que c'est une question importante. Selon mon opinion, les Russes ne risqueraient pas la destruction de leur pays pour les chinois. Un allié ? Vous pensez que les Russes considèrent vraiment la Chine comme un allié ? Bien audacieux. »

Nous nous attachons à ce texte de Lang et à sa réponse à son lecteur, parce que sa position nous paraît extraordinairement inhabituelle. Nous suivons depuis longtemps Lang, qui a fait sa carrière dans la DIA, parce que nous le tenons comme une source non seulement fiable, mais en plus raisonnable et mesurée, et qui a pris nettement ses distances des pouvoirs du Système. Dans ce cas, par contre, il ne l’est plus du tout, raisonnable et mesuré, et c’est à la fois étonnant et préoccupant, surtout pour un tel enjeu, – en plus avec l’hypothèse courante avec lui, qu’il est bien informé des tendances en cours dans les milieux de la sécurité nationale.

Il nous paraît incroyablement difficile et irréaliste que l’on puisse seulement concevoir qu’une “frappe stratégique nucléaire” contre la Chine puisse être envisagée comme un événement sans autre conséquence que l’élimination heureuse de la puissance nucléaire chinoise ; ne pas voir qu’il s’agirait d’une catastrophe qui détruirait tout ce qu’il reste d’équilibre dans ce monde déjà aux abois, qui ouvrirait avec une brutalité inouïe et peut-être définitive un effondrement crisique de la civilisation dans une occurrence absolument catastrophique.

On peut dans tous les cas, avant d’éventuellement spéculer à notre tour, avancer plusieurs remarques sur la situation des USA, dans la posture des USA, par rapport à l’hypothèse du lancement d’une frappe stratégique nucléaire préventive. Il s’agit d’éléments objectifs justifiant notre scepticisme quant à la possibilité d’une telle frappe.

• Il y a la question de la décision de frappe, dont on sait qu’elle est débattue sérieusement en fonction de l’état du prédisent Biden, en théorie seule autorité, – l’autorité suprême, – à être habilitée à prendre une telle décision. Débat en cours depuis l’arrivée au pouvoir de Biden, mais débat toujours non résolu dans une Amérique en ébullition, préoccupée par bien d’autres problèmes...

• Or, il se trouve que Biden ne va pas mieux du tout, comme on s’en doute. Biden n’est informé de rien de ce qu’il fait lui-même, il ne sait rien de ce qui se passe selon ses propres ordres qu’il ne donne même pas, etc. On le sait, notamment, comme le rapporte Nick Adams, de ‘RedState.com’, en se rapportant aux confidences que John Kerry (ministre de l’environnement de Biden) est venu faire à ses amis français (Kerry parle si bien français) à propos de la complète ignorance de son président des aléas de la vente des sous-marins à l’Australie, et notamment des fureurs françaises et macronistes... Ce qui a permis à la porte-parole du président, Psaki, de faire des prodiges dialectiques pour démontrer à la presse que Biden était au courant de ce qu’il ignorait.

« “Il m’a demandé...”, a dit Kerry : “il a dit, ‘Quelle est la situation ?’. Et j'ai expliqué exactement, euh... Il était, euh, il n’était pas au courant de cela, il n’était littéralement, littéralement pas au courant de ce qui avait transpiré. Et je ne veux pas entrer dans les détails...” Mais il a dit que Biden voulait faire ce qu’il pouvait pour réparer la situation.

» Je ne suis pas sûr de ce que Kerry pensait faire, mais il n'a pas dû être très rassurant pour les Français de voir qu’il semblait dire essentiellement : “Écoutez, nous ne voulions pas vraiment vous snober, c’est juste que Joe Biden n’avait aucune idée de ce qui se passait”. Les Américains n’ont certainement pas été rassurés d'entendre dans cette interview que Joe Biden, qui fait de la politique étrangère l’un de ses chevaux de bataille, n’avait aucune idée de ce qui se passait, selon l’un de ses plus proches conseillers... »

Bien, cela n’étonnera pas grand’monde dans le camp des dissidents, de savoir que Biden ne sait rien ; mais qu’est-ce que cela nous dit à propos d’une “frappe nucléaire préventive” contre la Chine ? Et si l’on ajoute aux égarements du président les incertitudes quant au déclenchement d’un tir nucléaire, qu’est-ce que cela nous dit ? Pas de réponse précise mais beaucoup d’hypothèses effarées et angoissées, c’est-à-dire une situation incertaine et insaisissable qui n’est certainement pas propice à une décision de cette importance (l’attaque), qui doit être planifiée, contrôlée, faire l’objet d’un appui unanime de la direction, etc..

• Il y a également la question de la connaissance et de la perception par le Pentagone de la puissance chinoise. On a déjà vu à cet égard beaucoup de supputations et d’hypothèses agitées, dont par exemple celle-ci, de l’adjoint au président du JCS [Joint Chiefs of Staff] :

« Toutefois, [le général Hyten] a déclaré que Washington s'inquiète de plus en plus de l'absence de mesures [de limitation] similaires [à celles mises en place avec la Russie,] avec la Chine, un pays qui, selon lui, connaît “une modernisation nucléaire sans précédent qui devient maintenant publique... vous voyez apparaître des centaines et des centaines de silos fixes”. »

Certains diraient que cette situation encouragerait le Pentagone à frapper, pour stopper, éradiquer, pulvériser la puissance nucléaire chinoisequi est en train de se développer. D’autres noteraient que ces « centaines de silos fixes » brusquement apparus font douter que le Pentagone soit parfaitement informé de l’emplacement de toutes les armes nucléaires chinoises. Cette hypothèse est d’autant plus envisageable à l’heure où il apparaît fort possible que la CIA, qui voit ses ‘illégaux’ et ses sources en Chine décimés à partir de sources mystérieuses, semble très limitée dans son apport d’informations sur la situation stratégique de la Chine.

• Enfin, la situation interne du pays (les États-Unis), dans sa division incroyable, dans le concert de ses haines et de ses angoisses, ne nous semble pas le cadre approprié pour une aventure de cette sorte. Certes, on a souvent évoqué, dans les machinations courantes, le cas d’une “bonne petite guerre” pour refaire l’adhésion des foules : mais le risque de l’apocalypse, une “bonne petite guerre” ? Mais l’adhésion des foules, dans un pays où la sécession est une option presque majoritaire ? C’est tout un symbole de voir ce texte si surprenant de Lang, enchaîner sur son site à trois jours de distance, sur une appréciation des possibilité pour le Texas de constituer ses propres forces pour ne pas obéir aux consignes de Biden (qui n’est au courant de rien) et boucler ses frontières.

Il y a toujours cette extraordinaire distance entre ce monde du simulacre rhétorique, mécanique, mégatonnique, quantitatif de la description hybris ad nauseam de la puissance théorique et chiffrée des États-Unis au garde-à-vous ; et la vérité-de-situation qui court, pour s’en tenir aux forces armées, de l’armée devenue woke, de la chasse aux sorcières suprémacistes blanches du Pentagone, à l’hallucinant désordre de Kaboul souligné par les chuintements de Biden. Qu’un homme comme le colonel Lang, qui ne cesse de dénoncer ce désordre, de mettre en accusation le président-zombie et ses hordes de harpies-wokenistes piétinant la Constitution, se range dans l’illusion du simulacre constitue une énigme bien attristante... Ou bien s’agit-il d’une indication de plus que seule la montée aux extrêmes les plus terribles parvient désormais à conserver un équilibre paradoxal aux psychologie, et à préserver, malgré-tout et désespérément, ce qu’il reste de foi dans l’aventure américaniste.

Le problème est qu’il nous semblerait bien, à nous, que le « pari de l’apocalypse » est terriblement risqué, – quel euphémisme ! – et ne réserve, dans tous les cas de figure, qu’un désordre mortel qui emportera tout.

“Les Américains devraient être prudents”.