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90410 janvier 2003 — On trouve sur le site du Guardian ( http://www.guardian.co.uk) les différents liens donnant accès aux articles relatifs à la conférence Guardian/RUSI (Royal United Servuces Institute) du 8 janvier. On y parlait du nucléaire dans notre “nouvel âge”. En fait, on ne parlait, en tournant autour, que du seul problème autour du nucléaire aujourd'hui : qu'est-ce que l'évolution américaine sur cette question va provoquer ? Nous citons ci-après quelques textes du Guardian à propos de cette conférence :
• L'article présentant plus directement les relations USA-Europe dans cette question du nucléaire, notamment autour de l'OTAN. On peut rapporter, pour goûter le climat, cette appréciation qui est faite sur l'un des intervenants, qui mesure vers quelle situation peut conduire aujourd'hui l'évolution politique etr militaire des États-Unis : « Another speaker said that Nato might even be used by Washington as the delivery boy for a nuclear strike if it was unable to gain support for its plans through the UN. In those circumstances, said Otfried Nassauer, director of the Berlin Information Centre for Transatlantic Security, Nato would provide a limited legitimacy, as an alliance of democratic governments. » L'article montre bien dans quelle mesure les intervenants considèrent aujourd'hui l'OTAN comme un instrument des conceptions les plus follement déstabilisatrices de la politique washingtonienne.
• L'intervention de Dan Plesch, expert travaillant avec le RUSI, qui plaide pour une attitude européenne vigoureuse, notamment en choisissant sa propre voie pour conduire une dynamique de désarmement. (« The European Union should become a world leader in weapons management and elimination. This would be a more useful means of countering the negative aspects of US policy than trying to compete militarily. ») Quelques-unes des recommandations de Plesch sont radicales, même si elles sont animées d'un bon sens et d'une mesure politique évidentes ; elles sont radicales en fonction de nos habitudes de sujétion et des réactions probables des USA si elles étaient appliquées. (Par exemple, celle-ci : « The UK and other European states should not participate in the US missile “defence” programmes and should base their opposition on the offensive nature of these systems. At a minimum, support should be linked to full implementation of the NPT and other arms control regimes by all states, including the USA. »)
• L'intervention de Sir Joseph Rotblat, Britannique d'origine polonaise, physicien et membre de l'équipe du Manhattan Project qui fabriqua la bombe en 1941-45, Prix Nobel de la paix en 1995. Rotblat a fait un réquisitoire en règle contre l'Amérique, contre la politique suivie par l'Amérique et ainsi de suite.
« (...)The year 2002 was remarkable for the formulation of new policies, starting with the Nuclear Posture Review in January, and ending with the National Strategy to Combat Weapons of Mass Destruction, released in December.
» This last document starts with: “Weapons of mass destruction — nuclear, biological, and chemical — represent one of the greatest security challenges facing the US.” If we added at the end “and the rest of the world”, I would be in full agreement with this statement. But I regret to say that I have misled you — this is a misquotation: I have omitted a few words.
» The whole quotation reads: “Weapons of mass destruction — nuclear, biological, and chemical, in the possession of hostile states and terrorists, represent one of the greatest security challenges facing the US.” And this is the crux of the matter. According to the current counter-proliferation policy, nuclear weapons are bad, but only if in the possession of some states or groups.
» In the possession of the US, they are good, and must be kept for the sake of world security. The fact that, as a signatory of the NPT, the USA is legally bound to their elimination, is completely ignored. »
Cette conférence apparaît comme un de ces événements publics importants, qui nous signalent que nous sommes entrés dans une nouvelle “ère nucléaire”, après un “blanc” d'une décennie suivant la période de la dissuasion nucléaire. Cette nouvelle époque ne dit pas que l'arme nucléaire est devenue une arme “comme les autres”, ce qu'elle ne sera jamais, mais qu'elle a perdu le caractère théorique et théologique qui caractérisait son statut et son possible emploi durant l'ère de la dissuasion. L'arme nucléaire est entrée dans le débat politique général, avec des positions extrêmement spécifiques :
• D'une part, la position de l'Amérique, qui sacrifie tout à sa propre sécurité et, par conséquent, l'arme nucléaire comme le reste ; dans les conceptions US, cela signifie que l'arme nucléaire est devenue relative à une situation, qu'elle peut en théorie être employée pour toutes les circonstances, y compris de façon préventive. (La position américaine est encore mieux illustrée par le commentaire du professeur Rotblat, ci-dessus, sur la façon dont les USA sont en train de se mettre complètement à part du reste dans le domaine de la réglementation internationale du nucléaire.)
• la position des autre, du “reste du monde” (sauf les Britanniques), qui est une position d'attente, qui peut conduire à ce que certains acceptent la logique américaine et envisagent pour leur compte l'emploi du nucléaire de façon “banalisée” ; qui a d'ores et déjà amené, dans ce domaine comme dans tant d'autres, à une position de distance, voire une position de défiance à l'encontre des USA, et reproduisant là aussi le schéma USA versus le reste du monde.
• la position britannique est plutôt d'accepter la thèse US, mais cette position produit de plus en plus de remous au Royaume-Uni et elle est fondamentalement liée à la situation politique dans la crise irakienne ; la question, ici, est de savoir si une possible (et de plus en plus probable) évolution politique britannique influera sur cette politique nucléaire, d'ailleurs non encore formulée. (D'autre part, quelle influence auront les liens techniques et stratégiques entre USA et UK dans ce domaine, sur la liberté d'action de UK à cet égard ?)