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4960A juste titre, la référence est constante en France, lorsqu’il s’agit de caractériser la situation sécuritaire, aux “zones de non-droit”, désignées également et plus pudiquement “les quartiers-difficiles”, et tout à fait pudiquement enfin “les quartiers”. (On peut aussi, bien bien-entendu, utiliser le maître-mot “banlieue” et le soumettre aux mêmes variations.) C’est en ayant cela à l’esprit qu’on peut s’attarder à la situation de Chicago, sans doute l’une des villes des USA les plus dangereuses en “temps normal”, et qui semble être aujourd’hui une ville en état de siège. On a alors une bonne illustration de la situation actuelle aux USA, essentiellement dans les villes et les États contrôlés par les démocrates, où les directions politiques laissent faire, – “émeutes” [pardon, “protestation”], pillages, incendies, etc., – parce qu’il s’agit d’un épisode entièrement soutenu par les démocrates, impliquant ce qui est censé être l’électorat de ce parti ; où l’essentiel de la presseSystème nationale aux USA fait le blackoutsur cette situation (pas de vérité-de-situation), suivie fidèlement en cela par les organes de direction et de communication fidèles au Système dans les autres pays du bloc-BAO, et notamment en France.
Dans le cadre des événements et des troubles en cours, Chicago vient de connaître « son jour le plus sanglant des 60 dernières années », avec 18 meurtres, – « Nous n’avons jamais vu cela, absolument jamais », commente le directeur des recherches du Laboratoire Criminelle de l’Université de Chicago. La situation spécifique de Chicago dans le cadre général des émeutes USA2020 est commentée dans des termes véhéments par un ancien commissaire de la police de New York, avec des observations du type « si l’organisation ‘Black Lives Matter’ et le groupe anarchiste de gauche Antifa croyaient vraiment que les vies des Noirs sont importantes, ils marcheraient aussitôt sur Chicago ».
Mais plus encore, il s’est passé à Chicago un incident intéressant, permettant d’éclairer bien la situation de la ville. Une vidéo avec enregistrement d’une téléconférence du conseil municipal a fuité. La fuite est centrée sur un affrontement entre Raymond Lopez et la maire, Lori Lightfoot, d’une violence remarquable, se terminant par des injures caractérisées. Le sel de la situation est que les deux garnements sont démocrates, qu’ils font tous deux parties des “minorités” et avec des caractères très dans l’air de temps, qui devraient les rapprocher si tendrement : Lopez est Mexicain-Américain, et ouvertement homosexuel ; Lightfoot est femme, certes, et Africaine-Américaine. On ne peut rêver mieux.
... Sauf que, ou d’autant plus que Lopez rêve, lui, de balancer Lightfoot pour prendre sa place, s’estimant semble-t-il plus qualifié qu’elle, et s’appuyant sur une situation de Chicago dramatiquement aggravée dans ces temps d’émeutes permanentes par le laxisme de la maire qui suit la politique générale des extrémistes de gauche dans le parti démocrate. L’intérêt de l’échange est qu’on a par son contenu, notamment les explications de Lopez, une bonne idée de la situation dans la ville, où les habitudes des gangs et des trafiquants de drogue, essentiellement Noirs et Latinos, se trouvent formidablement amplifiées par la situation insurrectionnelle aux USA, et la quasi-impunité dont bénéficient les “protestataires” au nom de la conformité bienpensante du PC (Politiquement Correct), de la promotion des minorités, de la mise en accusation de la police, etc. Les détails de l’affrontement ont ceci de vertueux qu’ils sont largement débarrassés de cette gangue totalitaire du langage-PC et permettent effectivement d’avoir une bonne idée de la situation. Il est tout à fait probable que c’est Lopez qui a fait fuiter ce compte-rendu extrêmement révélateur des débats et de la situation au sein du conseil municipal (On trouve notamment ce matériel sur ZeroHedge.com.)
(Dans notre traduction-adaptation, nous avons choisi le vouvoiement entre Lopez et Lightfoot, mais nous doutons pas qu’on pourrait choisir plutôt le tutoiement, mieux dans le style... Sans doute, un reste de nostalgie des bonnes manières.)
« “Maintenant que le centre-ville est sécurisé, ils [les pillards & Cie, ci-devant “protestataires”]passent aux quartiers de la périphérie et l’on ne peut que constater notre incapacité à nous préparer pleinement à ce qui se passe ; nous voyons cette destruction, et nous espérons que cela va d’une manière ou d’une autre se terminer ce soir. Nous avons vu, dans d’autres villes, comment cela se passe, cela dure depuis des jours. Nous devons élaborer un meilleur plan pour les jours à venir, au moins pour les cinq prochains jours, afin d'essayer de stabiliser la situation de nos communautés", a déclaré Lopez.
» Des conseillers municipaux ont rapporté que certaines parties des quartiers Back of the Yards et Brighton Park étaient virtuellement transformés en “zones de guerre”.
» “Nous ne pouvons pas attendre de notre police qu’elle soit capable de contrôler cela, et je ne la blâme pas du tout”, a dit Lopez. “La moitié de nos quartiers sont déjà dévastés. Il est trop tard.”
» Lopez a dit qu'il craignait que les pilleurs ne commencent à attaquer les particuliers après avoir saccagé les commerces dans toute la ville.
» “Une fois qu'ils auront fini les pillages et les émeutes et quoi qu'il arrive ce soir, que Dieu nous aide, que se passera-t-il quand ils commenceront à s'en prendre aux résidents ? En pénétrant dans les immeubles des quartiers ? Une fois qu'ils commencent à vouloir forcer et enfoncer les portes des appartements, pour voir s’ils peuvent y trouver quelque chose...”.
» “Nous savons que ces types sont là pour se battre et inciter à la violence, et aujourd’hui vous [Lightfoot, allusion à des déclarations]les avez tous stimulés pour ce soir. Ils ne vont pas se coucher à 20 heures. Ils vont se concentrer sur les quartiers. J'ai des membres de gangs avec des AK-47 qui se promènent en ce moment dans les rues, cherchant à régler quelques comptes. Qu’allons-nous faire, et qu’allons-nous dire aux habitants, à part demander aux gens de bonne foi de se lever et de résister ? Ce ne sera pas suffisant.”
» Lorsque Lopez a eu fini de parler lors de cette téléconférence du conseil municipal de Chicago, la maire Lightfoot a refusé de répondre, et a essayé de passer à un autre conseiller municipal, mais Lopez a exigé une réponse.
» “Ce n’est pas quelque chose que vous ignorez. C’est une question que je pose”, a déclaré Lopez.
» C’est alors que l’échange est devenu plutôt salé et ordurier.
» “Je pense que vous êtes un sac plein de merde à 100%, voilà ce que je pense”, a dit Lightfoot.
» Lopez est devenu furieux.
» “Allez vous faire foutre alors, si vous le prenez comme ça. Qui êtes-vous pour me dire que je suis un sac plein de merde ? Vous devriez peut-être sortir et voir ce qui se passe.”
» La maire a nié avec véhémence avoir protégé le centre-ville aux dépens des quartiers.
» “Si vous pensez que nous ne sommes pas prêts, et que nous sommes restés là à laisser les quartiers être investis, alors je ne peux rien vous dire d’intelligent que vous puissiez comprendre. C'est la chose la plus stupide que j'ai jamais entendue. Vous n’avez qu’une idée en tête, c’est de parader et de faire le malin.”
» “Madame la maire, vous devriez surveiller votre putain d’attitude. Vous avez intérêt à le faire”, a riposté Lopez.
» À ce moment, plusieurs autres conseillers municipaux se sont interposés pour tenter de ramener le calmer, l’un disant à Lopez : “Ray, arrête s’il te plaît. Calme-toi, s’il te plaît.” »
Il s’agit d’une aimable plongée, sans surprise excessive, sur la vérité-de-situation, aussi bien dans les rues de Chicago, dans l’état d’esprit général du simulacre (racisme, etc.) qui est présenté comme la cause à la Grande-Emeute2020, dans les conceptions des divers dirigeants démocrates, dans les conflits qui les opposent eux-mêmes, et ainsi de suite. On voit bien que le problème principal de la situation, – d’un point de vue objectivement opérationnel, – est que le désordre de la Grande-Emeute2020 se greffe sur une situation “normale” déjà très grave, tandis que les conséquences économiques et sociales de Covid19 et ses effets sur l’économie exercent une autre pression dans le même sens de la dégradation.
Bien entendu, à cette lumière, les rengaines et sermons sur le racisme, les “violences policières”, la justice, etc., si elles ne sont ni infondées ni fausses, appartiennent en fait à un autre monde que celui où se déroulent les événements. “Comprendre” autre chose que ce monde “où se déroulent les événements” à propos justement de ces événements, c’est démontrer le fait que l’on est complètement sous l’empire d’une hypocrisie et d’un simulacre qui ont leur source dans une véritable hystérisation de la perception, conduisant à imprimer à l’esprit et à ses jugement la poigne de fer de l’affectivisme. Dans ces conditions, et selon le fait évident qu’il n’existe aucune personnalité, aucun groupe capables de s’affirmer d’une façon telle que l’une ou l’autre en acquiert une certaine légitimité permettant de peser sur la psychologie de la population, il nous paraît de plus en plus probable que la situation va évoluer vers un désordre de plus en plus sanglant et insupportable, provoquant des ruptures à l’intérieur du pays, selon les intérêts et le jugement de groupes différents. On ne ferait là que retrouver les grandes tendances spontanées des États-Unis dont l’union sous l’autorité d’un gouvernement fédéral fort constitue depuis la Guerre de Sécession une pression considérable sur la nature même de la chose.
Chicago et sa direction actuelle, où les démocrates dominent mais où aucune personnalité ne s’affirme, est une bonne illustration du désordre, à la fois “normal” et potentiellement “révolutionnaire”, à la fois porteur de dissolution et de dilution, sous la forme d’une dévolution radicale. A Chicago, des quartiers entiers sont sous la domination de gangs (noirs et Latinos) extrêmement violents, et l’action des hyperpuissants cartels mexicains de la drogue s’y fait particulièrement sentir. Des organisations comme BLM et les Antifas peuvent y prendre éventuellement leurs aises, mais en s’instituant selon la logique du crime organisé plutôt que celle de la dialectique révolutionnaire.
La querelle entre la maire Lightfoot et son adversaire Lopez du même parti et de la même tendance sociétale-progressiste est très illustrative des tensions qui devraient rapidement apparaître dans la direction démocrate, si celle-ci continue à s’affirmer comme elle l’a fait en soutenant le mouvement de contestation. Lightfoot, Africaine-Américaine, représente l’aspect le plus radical de ce néo-pouvoir US, puisque les thèmes du racisme et des violences policières sont directement liés à la situation de sa communauté. Lopez, par contre, à la fois gay et Latinos, représente une tendance qui peut choisir une position plus modérée sans risquer de perdre la vertu “révolutionnaire” du progressisme-sociétal. Dans ce cas, on sent combien l’affrontement peut devenir féroce ; et dans cette perspective, on sent également qu’aucune des positions des communautés minoritaires, de couleur, de mœurs, etc., n’est acquise, notamment par rapport au parti démocrate, et également entre ces minorités elles-mêmes.
De plus en plus la situation “insurrectionnelle” des manifestations et des divers débordements qui les accompagnent, des luttes de pouvoir à ciel ouvert, etc., deviennent la norme de la situation américaniste, comme une sorte d'institutionnalisation. De plus en plus, c’est dans l’esprit une variante du “modèle syrien”, avec des méthodes différentes et selon des logiques propres aux USA, qui nous vient à l’esprit pour caractériser hypothétiquement l’évolution de la situation USA2020.
Mis en ligne le 10 juin 2020 à 13H30