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359La rencontre-phare du voyage d’Obama en Chine, entre les présidents Hu et Obama, le 17 novembre, a suscité diverses réactions et questions. La première d’entre toutes était de savoir s’il s’agissait de la première rencontre du G2 que tant de théoriciens de géopolitique, et de théoriciens tout court, annoncent.
Il y a une bonne appréciation de cette rencontre dans une analyse de WSWS.org du 18 novembre 2009. Nous en citons les trois premiers paragraphes.
«Yesterday’s meeting between US President Barack Obama and Chinese President Hu Jintao had all the trappings of a major summit. Along with the pomp and ceremony, the meeting produced an unusually lengthy joint statement, covering everything from cooperation in space and student exchange programs to combating global warming and various diseases, as well as key strategic and economic issues.
»The Financial Times commented that it was the attempted launch of “a G2 global steering committee” except that the term “G2” was eschewed “for fear of offending other players”. The US ambassador to China, Jon Huntsman, told the newspaper: “There are really only two countries in the world that can solve certain issues. So the meetings really have been aimed at co-ordinating like never before on the key global issues … There wasn’t a single issue that was left out.”
»In reality, the grand summit was mostly show and no substance. The formulations in the joint statement about the need for peace, economic cooperation and strategic trust were a rather threadbare attempt to paper over deepening tensions fuelled by the continuing global economic crisis. On the key issues of trade, monetary policy and the yuan-dollar exchange rate, as well as the war in Afghanistan and the US-led confrontation with Iran over its nuclear programs, there was no agreement.»
Le texte de WSWS.org passe en revue certains articles, essentiellement du Financial Times (FT), qui tendent à faire de cette rencontre la première d’une sorte de “G2 steering committee”. Il les met en contraste avec un texte de Martin Wolf, du même FT (le 17 novembre 2009), qui imagine ce qu’aurait pu être, et peut-être “du être”, le discours d’Obama à Hu, sur tous les problèmes en suspens, très nombreux et d’une grande importance, entre les USA et la Chine. Le texte de Wolf met clairement les Chinois en cause et l'auteur conclut aussitôt que ce qu’il écrit n’a sans aucun doute rien à voir avec ce qu’Obama a dit à Hu («Did Mr Obama speak so bluntly? Probably not»). WSWS.org résume cette intervention de Wolf de cette façon:
«While the speech is made up by Martin Wolf, it highlights the conflicts that can rapidly erupt into the kind of currency and trade wars that emerged in the 1930s. Behind these frictions lies the relative economic decline of the United States, which is desperately seeking to maintain its position of economic dominance against China’s rising power. The financial upheavals over the past year have not lessened, but accentuated the divide.»
@PAYANT Il était inévitable que la rencontre Obama-Hu fût qualifiée, par les partisans de la formule, de première rencontre du G2 comme condominium destiné à gérer les affaires du monde. Il est à noter que, du côté officiel, elle l’est essentiellement par le côté US, et nullement par le côté chinois, parce qu’en l’occurrence il apparaît évident, et la visite US a confirmé la chose, que dans cette affaire les USA sont des demandeurs d’une façon fondamentale, alors que les Chinois n’y sont que des négociateurs sur certains points délicats concernant les relations bilatérales. La déclaration de l’ambassadeur US, que cite WSWS.org, dont on ne retrouve certainement pas l’équivalent dans l’esprit du côté chinois, en dit évidemment beaucoup sur le sens de la démarche US à ce propos. Elle confirme implicitement, en fonction de la maigreur des résultats obtenus, que la visite d’Obama a d’abord été une visite de “relations publiques” cherchant à renforcer les thèses US et la stature du président.
(Il ne nous semble pas qu'il faille expliquer cette différence d'attitude par des différences de méthode ou de caractère. Quand les Chinois jugent un événement important, ils le proclament. Il suffit de se rappeler de leur enthousiasme lors de la visite de Nixon à Pékin en 1972, qui montrait que les Chinois la considéraient comme un événement historique, et qu'ils entendaient le faire savoir. Rien de semblable ici, alors que s'il s'était agi effectivement de l'établissement d'un G2 dans l'esprit des Chinois la chose serait bien aussi historique que Nixon à Pékin en 1972.)
Dans ces constats généraux, la position US est le point essentiel. Pour les USA, la tendance générale est au déclin, sinon à l’effondrement, et le calcul US est bien, à l’image de ce qu’imagine Brzezinski, de “sauver les meubles” avec une entente globale (G2) avec les Chinois. Continuer à dominer le monde à deux est préférable à la perte de la position de dominateur du monde. L’idée US, dans ces relations avec la Chine, est donc bien de type global, de type “condominium”. L’idée chinoise est essentiellement de type bilatéral, portant sur les relations de la Chine avec les USA dont les Chinois ne nient évidemment pas l’importance. Il y a entre les deux visions une différence de substance qui les rend incompatibles, parce que les USA pensent qu'une domination du monde peut être exercée (par un ou par deux, dans ce cas) tandis que les Chinois ne le pensent pas. La rencontre Obama-Hu a été une confirmation de ce schéma antinomique, de ce constat que la Chine et les USA ne font pas partie du même monde, tant dans leurs conceptions historiques que dans leurs appréciations structurelles des relations internationales.
La réalité semble bien que cette rencontre Obama-Hu a surtout servi à acter les différences extrêmement grandes qui séparent les deux puissances – sans écarter cette évidence que, dans les conditions présentes, les deux ont intérêt à éviter le plus possible les heurts entre eux, quand c’est possible. Cela a toujours été le sentiment de la Chine qu’il faut le plus possible éviter les heurts (avec les USA, comme avec les autres), et c’est le sentiment de nombreuses autres puissances dans le monde pour leur propre compte. Dans le cas US, par contre, c’est un sentiment forcé parce que les USA n’ont plus les moyens de provoquer des heurts comme ils l’ont fait dans le passé, alors que leur politique traditionnelle est effectivement fondée sur la contrainte et l’affirmation de la force.
Rien d’essentiel n’est apparu lors de cette rencontre, sauf la surprise, pour le côté US, que les Chinois en sont venus à l’idée qu’un accord général sur la question de la crise climatique est essentiel. D’une façon générale, la rencontre est donc la confirmation de tout le scepticisme qu’on peut entretenir à propos de l’idée d’un G2 dominateur du monde, depuis que l’idée en a été lancée.
Mis en ligne le 19 novembre 2009 à 07H36
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