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832C’est un contraste étonnant illustrant l’étrange autonomie des différents “pouvoirs” aux USA (la présidence étant considérée comme un “pouvoir” comme les autres…). Le secrétaire à la défense Robert Gates déclare qu’il faut envisager de “parler” avec les Iraniens (le 14 mai) quasiment en même temps que GW Bush déclare à Tel-Aviv (le 15 mai) qu’une telle démarche équivaut à celle, absolument condamnable, des gens qui cherchèrent à “apaiser” Hitler à la veille de la Deuxième Guerre mondiale.
Un extrait de la déclaration de GW Bush parlant de ces contacts que certains voudraient établir avec l’Iran, selon le Guardian d’aujourd’hui:
«…Bush said it was a foolish delusion to think it was possible to negotiate with extremists and terrorists. “As Nazi tanks crossed into Poland in 1939, an American senator declared: ‘Lord, if only I could have talked to Hitler, all of this might have been avoided,’” Bush said.
»He added: “We have an obligation to call this what it is – the false comfort of appeasement, which has been repeatedly discredited by history.”»
Pendant ce temps, donc, Gates parlait devant l’Academy of American Diplomacy, tenant un langage bien différent (selon le Washington Post du 15 mai):
«The United States should construct a combination of incentives and pressure to engage Iran, and may have missed earlier opportunities to begin a useful dialogue with Tehran, Defense Secretary Robert M. Gates said yesterday.
»“We need to figure out a way to develop some leverage . . . and then sit down and talk with them,” Gates said. “If there is going to be a discussion, then they need something, too. We can't go to a discussion and be completely the demander, with them not feeling that they need anything from us.”
»In the meantime, Gates told a meeting of the Academy of American Diplomacy, a group of retired diplomats, “my personal view would be we ought to look for ways outside of government to open up the channels and get more of a flow of people back and forth.” Noting that “a fair number” of Iranians regularly visit the United States, he said, “We ought to increase the flow the other way ... of Americans” visiting Iran. “I think that may be the one opening that creates some space,” Gates said.»
La coïncidence est assez remarquable, de même le fait que le discours de Bush ait été comparé contradictoirement à des interventions d’Obama, voire de Jimmy Carter parlant avec le Hamas, tendis que rien n’était dit d'une comparaison avec le discours de Gates. Mais s’agit-il d’une coïncidence? Des sources indépendantes proches du Pentagone (de Gates) affirment que la quasi-simultanéité des démarches n’est pas fortuite, que Gates était informé du discours de GW Bush et qu’il a voulu signifier aux Israéliens que le président ne parlait pas pour l’administration (!), que le Pentagone avait une autre position. Cette indication montre que plus personne ne cherche à cacher, au sein de l’administration, les contradictions politiques, et que la Maison-Blanche ne parle plus au nom d’une politique générale mais en fonction d’un engagement partisan.
Mis en ligne le 16 mai 2008 à 17H26