Gates, le Pacifique (l’Australie et le Japon), les intrigues du Pentagone et le F-22 (avec le JSF)

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Le cas australien avec la demande de l’Australie d’acheter le F-22, soulevé lors de la visite du secrétaire à la défense Robert Gates en Australie, est intéressant, – peut-être plus encore que le cas japonais. Les Australiens avancent cette demande parce que le nouveau gouvernement travailliste a fait siennes les critiques contre l’achat du JSF qui se sont développées durant ces deux dernières années, au profit du F-22.

Les critiques australiennes contre le JSF portent essentiellement sur les capacités opérationnelles de l’avion: pas assez de capacités de supériorité aérienne et (surtout) pas assez d’autonomie pour un pays qui a besoin de capacités de frappe à très longue distance. L’ouverture officielle par l’Australie du “cas F-22” officialise ces critiques et rend un bien mauvais service au JSF, qui n’en a pas besoin. C’est une explication supplémentaire de la gêne de Gates en Australie. Comme on l’a déjà vu, la polémique du F-22 au Pentagone est directement liée au sort du F-35/JSF. La nouvelle position de l’Australie renforce cette polémique en affaiblissant encore la position du JSF. D’autre part, elle n’est pas inintéressante par rapport à la position du Japon, qui veut des F-22 mais que le Pentagone presse d’acheter plutôt des JSF. Le Japon a les mêmes exigences stratégiques que l’Australie, c’est-à-dire le besoin d’avions de combat à grande autonomie.

L’Australie va devenir un point de plus en plus intéressant de la gigantesque controverse des avions de combat au Pentagone. En avril, une étude générale des besoins en avions de combat de la RAAF doit être terminée et remise au gouvernement. L’un des points les plus polémiques est l’appréciation de la commande passée en 2007 de 24 F-18E/F Super Hornet de l’U.S. Navy, pour $5,59 milliards (ce qui donne un Super Hornet pour la coquette somme de $230 millions…). La commande a été passée pour combler le “trou” avec la livraison des… JSF, retardée semble-t-il (mais qui le sait exactly?) de 2015 à 2017. L’étude doit examiner si le Super Hornet est adapté aux besoins de la RAAF, – ce qui n’est pas trop tôt, un an après la commande. Le ministre australien de la défense Fitgzibbon affirme que l’Australie annulera la commande si le verdict de l’étude est négatif; il admet que cela coûtera de l’argent en pénalités et conduira à «une certaine tension» avec les USA. Mais plus encore, si la commande de Super Hornet est mise en cause, le problème du “trou” avec la livraison du JSF est plus que jamais béant… Cela nous ramène à la mise en cause du JSF au profit du F-22 (qui pourrait être livré plus tôt que le JSF, si l'exportation était acceptée) et aggrave encore le cas du même JSF aux yeux des Australiens, aussi bien que dans la polémique du Pentagone.

Bref, on comprend la gêne de l’excellent Robert Gates.


Mis en ligne le 25 janvier 2008 à 12H46