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1381En voyage en Australie, le secrétaire à la défense Robert Gates entend beaucoup parler du F-22. L’affaire le met dans une situation délicate, – et l’on dirait même, après tout, étrangement délicate.
• Le gouvernement australien, à l’occasion des rencontres du ministre de la défense australien avec Gates, a officiellement demandé au gouvernement US (Gates) la possibilité d’examiner l’achat de Lockheed Martin F-22 Raptor. Les diverses explications, notablement embarrassées, de Gates, sont notamment rapportées dans une dépêche AFP du 24 février.
«US Defence Secretary Robert Gates said Washington was unable to sell F-22s to Australia because exports of the hi-tech aircraft were banned under a bill introduced into the US Congress by Democrat Dave Obey in the 1990s. “So while we in principle have no objection to it, until the statute is changed we are not able to sell it to any country,” he said.
»[Australian Defense Minister] Fitzgibbon said Gates had told him to lobby not only the US administration but also Congress if Australia wanted access to the F-22, particularly Congressman Obey. “We agreed that I should write to him,” Fitzgibbon said.
(…)
«Gates said he would pursue it when he returns to Washington next week “given the importance that our Australian friends attach to it,” but he said he did not know if it was realistic to expect action to lift the export restrictions.
»“Because we have not had the ability to sell the F-22, to be honest I haven't delved into all the reasons for that – what the complications would be, the questions about whether a new design would be required for export,” he told reporters here.
»“I just need to go back and get better educated on this and in concert with the secretary of state decide if this is a matter that we should pursue with the Congress,” he said.»
• Dans un article sur cette même visite de Gates en Australie, le Financial Times du 24 février concentre son attention sur un aspect d’une conférence de presse du secrétaire à la défense US. Il y est surtout question de la demande du Japon pour acheter des F-22, même cas que l’Australie.
«The Pentagon has not seriously considered the possibility of selling the F-22 stealth fighter to Japan despite a high-level request from Tokyo last year, Robert Gates, the US defence secretary, said on Sunday.
»Shinzo Abe, the former Japanese prime minister, last year told President George W. Bush that Tokyo was interested in buying the sophisticated fighter, also known as the Raptor. Japanese officials were hoping the Pentagon would take the lead in urging Congress to overturn a law that bars sales of the aircraft to foreign countries.
»However, speaking to reporters in Australia, Mr Gates conceded that the Pentagon had not been proactive in considering the Japanese request.»
Les deux articles donnent bien l’impression d’un Gates fort embarrassé. Ici, il donne l’impression que le Pentagone veut bien vendre le F-22 (à l’Australie) mais qu’il en est empêché par le Congrès. Il est même près, semble-t-il, à donner au ministre australien de la défense l’adresse du parlementaire Obey, pour que l’Australien lui écrive une lettre le pressant de lever les restrictions à l’exportation du F-22. Là (Financial Times), il semble qu’il concède n’avoir pas fait grand’chose pour soutenir la demande du Japon qui, comme l’Australie, veut des F-22. Dans tous les cas, on a l’impression d’un certain flou, qui laisse à penser aussi bien sur la réalité du pouvoir à Washington que sur le sérieux avec lequel le Pentagone considère les demandes de ses alliés (le Japon).
C’est une illustration intéressante de l’imbroglio régnant à Washington, au Pentagone et ailleurs, à propos du F-22. Ce qui est en cause est, pour l’instant, moins les restrictions du Congrès (rien n’a été tenté pour le convaincre de les lever) que la bataille qui se livre au Pentagone autour du F-22, – et dont on a eu récemment quelques échos. Il y a trois factions qui s’affrontent autour du F-22: celle qui veut sa liquidation, avec arrêt définitif à 183 exemplaires (autour du n°2 du Pentagone, Gordon England); celle qui ne veut rien décider et préfère passer la patate chaude à la future administration (Gates); celle qui est partisane d’une poursuite du programme jusqu’à 382 exemplaires (l’USAF et les activistes du Congrès).
Gates ne veut pas d’interférences extérieures dans cette bataille intérieure, déjà si complexe. La prise en considération de demandes d’exportation viendrait évidemment compliquer le cas et, éventuellement, renforcer le camp (USAF, Congrès) de ceux qui veulent une poursuite du programme. Lorsque Gates explique qu’il existe une législation du Congrès interdisant l’exportation et qu’il semble se défausser de l’impossibilité d’exporter sur le seul Congrès, il sollicite la vérité. Le fait est plutôt que le Pentagone n’a strictement rien fait pour porter l’affaire devant le Congrès, et donc avoir une chance de la résoudre (ce que semble suggérer le compte-rendu du Financial Times). Dans ce contexte, la demande officielle de l’Australie complique les choses, – d’autant plus que, par ce fait, il est question du JSF…
Mis en ligne le 25 février 2008 à 12H08
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