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303623 juin 2012 – Nous avons introduit depuis quelques temps une nouvelle expression dans notre jargon : “bloc américaniste-occidentaliste” (“bloc BAO”, expression employée en général), indiquant une sorte d’intégration des politiques américanistes et européanistes. Cette dénomination apparaît pour la première fois en tant que telle, selon notre moteur de recherche (de qualité approximative, certes), le 5 mars 2011 («…il reléguerait la crise libyenne parmi les événements secondaires puisqu’on atteindrait, avec l’Arabie, selon le sentiment des USA et de leurs acolytes, le cœur stratégique de la chaîne crisique et l’un des deux ou trois points d’appui stratégiques fondamentaux de l’influence et de la puissance extérieure américaniste-occidentaliste (du bloc BAO)»). D’autre part, nous avons inclus l’expression dans le moteur de recherche de textes antérieurs, estimant que ces textes rendaient compte de cette entité nouvelle, sans pour autant que l’expression apparaissent dans le texte, parce que nous estimions que le concept était d’ores et déjà présent in fine dans le texte. Le plus ancien, à cet égard, remonte au 19 novembre 2009.
C’est un thème, cette constitution et cette substance du bloc BAO, sur lequel nous sommes revenus à plus d’une reprise, mais toujours d’une façon tangentielle, à l’occasion d’une autre réflexion. La dernière réflexion dans ce sens se retrouve dans le dde.crisis du 10 juin 2012 (voir le 18 juin 2012, et pour l’accès à dde.crisis voir également le 18 juin 2012). Elle permet tout de même d’exprimer clairement les fondements du concept que représente pour nous l’idée de “bloc BAO”. Il s’agit d’un extrait de la partie intitulée «Une civilisation de la terreur perçue comme vertu suprême, – Depuis 2008 et la crise financière, la situation psychologique a achevé de basculer, au profit de la terreur».
«La crise de 2008 comme unificateur égalitaire du bloc BAO, ou la libération de l’asservissement US par l’absurde
»Cette crise de 2008 et ses conséquences ont eu aussi, par le biais principalement de ce renouvellement spécifique de la terrorisation des psychologies des directions politiques et élites des pays du bloc BAO, un effet somme toute inattendu et original. La situation inégalitaire au sein du bloc BAO, entre les USA comme emblème de la surpuissance du Système et les autres pays (essentiellement européens) effectivement soumis au Système mais par l’intermédiaire de leur soumission aux USA, cette situation s’est radicalement transformée. Elle est devenue totalement égalitaire. Désormais, il existe une parité psychologique, un égalitarisme de perception de soi-même, entre tous les pays du bloc BAO, et singulièrement entre les USA et les autres pays du bloc. Nous ne parlons pas de situations stratégique, économique, militaire, etc., parce que notre discours est psychologique et parce que, et cela d’ailleurs justifiant notre méthode, tous ces domaines sont en flux constants et interdisent de fixer une situation ; nous parlons de la perception...
»Désormais, tous les pays du bloc BAO au travers de leurs élites et des psychologies terrorisées de ces élites, se perçoivent égalitairement, c’est-à-dire essentiellement libérés des liens de domination et de sujétion entre les USA et les autres... Cela ne signifie nullement la fin de la corruption et de l’influence US, comme par le passé, mais, contrairement au passé, cette corruption et cette influence s’exerçant à l’avantage de tous et apparaissant de plus en plus invertébrées, de moins en moins spécifiques. De même observe-t-on une homogénéisation des conceptions et des politiques, simplement par disparition de la substance au profit de l’apparence et de l’image. On serait conduit à observer qu’il s’agit là de ce fameux phénomène d’entropisation, qui est le but poursuivi par le Système ; but au moins atteint avec les psychologies de ces élites, mais de plus en plus sûrement d’une façon contre-productive.
»Cela peut sembler étrange à ceux qui continuent à évaluer les rapports des pays du bloc BAO en termes géopolitiques, stratégiques ou économiques, mais cela répond parfaitement à une évolution qui dépend désormais du système de la communication et s’exprime essentiellement par la psychologie. A cet égard, Barak Obama est un dirigeant américaniste idéal, par la souplesse et le détachement de son caractère, par sa recherche continuelle du compromis conçu comme moyen spécifique de gommer toutes les aspérités des apparences des relations. Cela n’empêche pas le Pentagone de poursuivre sa politique d’hégémonie bureaucratique par la multiplication de ses bases dans le monde, mais cette politique semble de plus en plus détachée de la direction politique US, voire de la politique spécifique des USA, permettant cet égalitarisme des directions politiques dont nous parlons. D’une certaine façon, c’est une globalisation qui s’est établi au sein du bloc BAO, ou bien une sorte de tissu de “global governance”, sauf que les fondations n’en sont ni la puissance de contrôle, ni l’autorité sur les populations et les pouvoirs qui les représentent, ni même le pouvoir tout court qui se dilue au profit des “centres de pouvoir” proliférant, mais bien cette psychologie terrorisée qui rend ce rassemblement incontrôlable et complètement improductif et stérile.»
Comme on le voit, nous plaçons cette sorte d’“intégration” entre l’Europe et les USA dans le cadre d’une commune “terrorisation” des psychologies, entraînant des politiques quasi-similaires, sans que l’un (en général les USA) n’ait à l’imposer à l’autre (l’Europe, en général), et même, dans diverses circonstances, alors que c’est l’Europe elle-même qui impose la “politique commune”. Pour mieux expliciter et présenter cette “politique” du bloc BAO, on développe ci-dessous quelques traits qui nous paraissent importants.
• La politique disons “atlantiste” ou “occidentale”, avec domination des USA, est devenue la “politique du bloc BAO” en adoptant des thèmes centraux qui n’ont plus de rapports avec la politique de force qu’affectionnaient des gens comme Kagan et autres neocons du début de la décennie 2000 (du type “les USA sont sur Mars, l’Europe est sur Vénus”), des thèmes qui sont essentiellement moraux dans le registre humanitariste. Il ne s’agit plus de la “démocratie conquérante” de l’époque Bush, mais du “droitdel’hommisme” dans toute sa plénitude, laquelle inclut une dimension démocratique posée comme une évidence vertueuse objective. C’est une politique véritablement inspirée de caractères exceptionnellement mous, sinon caoutchouteux et adhérant à n’importe quelle circonstance, exprimés par une voix mâle et superbe (qui ne pense pas à BHL se verrait exposé à des sanctions), justifiant l’emploi de la force comme une chose qui va de soi et qui devrait l’être idéalement sans aucune contrainte. La vertu affichée de cette “politique” crée le Droit à chaque instant et selon les circonstances (le droit constamment recréé selon la partition du bloc BAO) ; elle objective ceux qui s’en réclament en les dégageant de toute responsabilité.
• Mais est-ce bien de “mâle” (la voix et le reste) qu’il faut parler, y compris à propos de BHL ? Des femmes jouent un rôle prépondérant dans cette évolution, et parfois d’une façon virile autant qu’hystérique. Un exemple significatif est celui de l’extraordinaire proximité de la secrétaire d’État Hillary Clinton et de la “ministre européenne des relations extérieures“ Lady Ashton (cette proximité mise en évidence pour nous, selon nos sources). On se téléphone constamment, on est à tu et à toi (en english, ce qui n’est pas facile), on se coordonne, on ne cesse de se consulter, de se parler, d’être en parfait accord, sans qu’on distingue le moindre rapport de sujétion… Plus qu’une complicité anglo-saxonne, comme pourrait le faire penser un jugement classique, c’est une complicité féminine. (Le brave et hérétique Zemmour parlerait-il de “féminisation” de la politique, son thème favori de dénonciation de notre décadence ? Autre débat…) Dans tous les cas, si certains y voient une hypothèse de “féminisation“, on n’en est pas moins dur lorsqu’il s’agit d’agir, – et cela remonte à loin, à Hillary poussant l’indécis Bill à faire bombarder les Serbes durant la guerre du Kosovo en 1999.
• Enfin, la politique est devenue, bien entendu, complètement soumise à l’affectivité, selon ce que nous en avons largement dit le 11 juin 2012… A ce point, on peut d’ailleurs redresser le soupçon de “féminisation“ qui nous ferait classer parmi les relaps de la modernité et excommunier vite fait : tous, absolument tous, les hommes aussi bien, sont frappés par cela, et il n’y a plus de “féminisation” à cet égard mais, simplement, une pression constante de l’affectivité qui devient comme une formule universelle de tout acte politique. On comprend, bien entendu, à relire le texte auquel nous faisions référence, qu’il s’agit là du point fondamental de cette “politique du bloc BAO”, qui implique une soumission complète des psychologies au Système, et cela passant par cette prépondérance de l'affectivité sur la raison subvertie et devenue “idiote utile”.
Tout cela nous ramène au cœur de notre hypothèse, ou de notre affirmation de départ sur la fin des rapports de sujétion entre les USA et l’Europe… La situation est si peu dans le rapport habituel de sujétion de l’Europe par les USA, que la bataille est beaucoup plus intense, au cœur de l’administration Obama, entre ceux qui, menés par Hillary, veulent une attitude extrêmement dure contre la Syrie (dito, l’immonde Assad), et ceux qui hésitent, notamment le secrétaire à la défense Panetta et, surtout, Obama lui-même. Ainsi Obama est-il souvent mis “en minorité” par une coalition victorieuse au sein du bloc BAO, dont l’inspiration vient essentiellement, avec quelques relais furieux type Hillary Clinton, de l’entité européenne invertébrée, dont on sait bien la constante et écrasante référence droitdel’hommiste de sa “politique extérieure”. Dans ce cas, c’est plutôt l’Europe qui mène le bloc BAO, en partie contre les réticences du président US lui-même.
(Sur Obama, effectivement, il faut avoir à l’esprit le jugement de Paul Craig Robert, et les termes justement employés et complètement révélateurs, – dans ce cas l’image révèle l’essence de la situation, – qui tendent à faire du président des États-Unis “un membre [d’un] gouvernement, devant l’opinion générale duquel il devra s’incliner” [voir le 19 juin 2012] : Obama «is just a member of the government that wants regime change in Syria. […] Obama will do what he can to get along with Putin, but still has to represent the agenda of regime change…» Simplement, nous pourrions, pour être plus précis et plus juste selon notre propre conception, remplacer la notion humaine de “gouvernement“ par la notion d’entité non-humaine de “Système”.)
Certes, on l’a vu dans le texte cité, il y a des domaines d’incontestable supériorité US qui, in illo tempore, assuraient la dépendance dont on parle. Mais ce ne sont plus ces forces qui produisent la prépondérance d’influence dans une politique dominée par l’affectivité, qui est désormais totalement fondée sur le système de la communication. En ce sens, la puissance militaire US est un “un des membres du gouvernement”, comme Obama, un des membres du bloc BAO ou du Système, mais il n’en est certainement ni l’inspirateur ni l’outil décisif. Les conflits internes existent toujours mais ils ne secrètent plus ce même alignement asservi sur les USA comme il faisait avant ; ce sont des querelles de famille dont le Système est le nom. On entend donc, au G20, lors d’une conférence de presse, un Barroso s’emporter avec une mâle (!) fureur en rappelant que la crise financière qui assaille l’Europe est d’abord née aux USA et que l’Europe n’est pas venue au G20 pour s’entendre “faire la leçon”, – notamment de la part des USA qui voudraient une politique différente dans la crise de l’euro. On n’est donc plus assignés au respectueux silence, on n’est plus asservis (sinon au Système, certes) ; mais cette sortie ne signifie absolument aucune velléité d’indépendance de ce qui serait une hypothétique “Europe”. D’ailleurs, il ne peut être question d’“indépendance” pour personne, y compris les USA, puisqu’on fait “bloc”, puisqu’on est un bloc. Il y a réellement une intégration de tous avec tous, dans une matière d’une extrême solidité, – sans aucun doute, originaire du “déchaînement de la Matière”.
Cette intervention de Barroso est intéressante parce qu’elle permet de fixer la question dans ses bornes chronologiques précises. C’est en effet la crise de l’automne 2008 (9/15 et la faillite Lehman Brothers) qui a formé et cimenté le “bloc BAO” (et c’est le “printemps arabe” qui a complètement rendu le bloc opérationnel, en donnant un champ d’application exceptionnel à sa politique droitdel’hommiste). Comme nous avons tenté de le montrer dans le dde.crisis (10 juin 2012) auquel nous nous référons, cette crise de 2008 n’a absolument pas fait naître dans nos élites l’idée de la catastrophe d’un Système complètement failli ; elle a au contraire constitué un incitatif puissant à poursuivre, à accentuer l’effort, etc. ; elle a constitué la dernière et définitive signature d’un pacte faustien entre le Système et ses créatures… On a vu (le 18 juin 2012) que nous jugeons que ce phénomène est d’ordre psychologique, qu’il répond à la terrorisation des psychologies des directions politiques et des élites réalisée par le Système et que cette opération est d’ordre métaphysique, ou pseudo-métaphysique dans le chef de ses acteurs inconscients (nos “élites”), et nullement politique ni économique.
«Dans cette schématisation d’une réinterprétation radicale des évènements dans leurs cours tumultueux et fous depuis 9/11, la crise de 2008 (9/15, commençant le 15 septembre 2008 avec la faillite de Lehman Brothers) n’est pas du tout une catastrophe. Pour ces psychologies des directions politiques et des élites spécifiques du bloc BAO sous l’empire de la terrorisation, 2008 est au contraire une confirmation de la nouvelle dimension métaphysique dont 9/11 fut le choc fondateur. 2008 comme “triomphe de cette politique” née avec 9/11…
«“[…U]ne appréciation finalement logique. Ce qui parle au travers des psychologies terrorisées de cette catégorie de sapiens entièrement soumise au Système, c’est le Système lui-même ; comme le Système est passé d’une dynamique de surpuissance à une dynamique d’autodestruction, il est complètement logique que le catastrophique effondrement de 2008 soit en vérité perçu, à peine inconsciemment, comme un triomphe puisqu’il s’agirait effectivement d’un triomphe sur la voie de l’autodestruction.”
»La dynamique centrale de cette époque, dynamique de cette métaphysique-Système qui est une métaphysique faussaire parfaitement invertie, est caractérisée par la violence. Bien entendu, cette violence du Système est précisément la dynamique d’entretien et de renforcement de la terrorisation des psychologies.
»Cette violence s’est parfaitement exprimée dans les évènements 9/11 (2001) et 9/15 (2008), et l’on comprend que seul le niveau de violence de ces évènements importe, et nullement leur sens ou leur signification. Ces évènements agissent alors comme de formidables incitatifs à poursuivre pour ces psychologies terrorisées, dans un contexte où la terrorisation est alors vécue comme une bénédiction, presque au sens religieux du terme. (On est loin de réduire, comme on le fit, notre époque à un homme [Bush] et à une clique [“neocons”]. Dépassé et dérisoire, tout cela ; c’est l’ensemble qui est emporté…)
«“Dans ce cas où l’orientation des choses n’est pas en question puisque réglée par avance, les évènements n’ont qu’une piètre importance pour ce qui est de leur sens ; seule compte leur violence, qui agit directement sur la psychologie. Ainsi, la crise de 2008, qui apparaît au jugement équilibré comme une sorte de contre-9/11 mettant en question tout ce qui a été fait depuis 9/11, mettant fondamentalement en cause le Système tel que 9/11 l’a révélé, la crise de 2008 agit au contraire comme un accélérateur, comme un multiplicateur de 9/11. Si l’on veut, c’est la signification métaphysique-usurpée qui est prise en compte par la psychologie terrorisée, comme si cette psychologie demandait ainsi une sorte de supplément de la même potion, de la même “drogue métaphysique”...
»“Ainsi ces psychologies terrorisées le furent-elles plus encore par la crise de 2008 et ce qui s’ensuivit, comme par une nouvelle agression type-9/11, – mais l’on devrait dire plutôt : une nouvelle impulsion type-9/11. Ce qui importe est la violence de la chose, permettant de renouveler la terreur et sa pression sur la psychologie des dirigeants-Système…”»
Le “bloc BAO” est donc un rassemblement métaphysique, ou pseudo-métaphysique, activé par la terrorisation des psychologies, substantivé par une politique fondé sur une morale impérative et elle-même terroriste (le droitdel’hommisme), s’exerçant dans un cadre si proche du religieux qu’on peut parler de l’esprit d’une religion, – d’autant plus inarrêtable qu’il s’exerce sur un comportement où l’affectivité commande le reste.
(Du capitalisme lui-même, qui est un des éléments les plus précieux de l’essence du bloc BAO, on ne peut ignorer, et cela depuis longtemps, sa dimension religieuse non cataloguée mais extrêmement puissante. Un de nos amis nous signalait récemment Le capitalisme comme religion, texte rédigé par Walter Benjamin en 1921 et resté inédit jusqu'aux années 1985, qui nous apparaît comme une haute réflexion d’une appréciation critique de cette foi.)
Cette crise de 2008 a servi d’“égalisateur” et d’unificateur décisifs des divers pays du futur bloc BAO, malgré toutes les querelles qui parcourent la vie quotidienne de leurs relations. Chaque membre de ce qu’on nomme traditionnellement “l’Occident” ou l’“alliance transatlantique” est devenu membre à part entière du club qui s’estime lui-même et en général assez select, où se célèbre cette religion ; c’est-à-dire que chaque membre est un croyant nécessairement égal, dans ce domaine désormais fondamental de la foi, à tout autre croyant de cette même foi exercée à l’avantage d’un Système œuvrant à l’entropisation du monde. La complète terrorisation des psychologies, la petitesse des esprits et la bassesse des âmes ont permis cette transformation qui s’avère radicale, qui fait prendre l’exercice exclusif du Mal contre le monde comme la seule formule de sauvegarde du monde. L’influence des forces extérieures, étrangère au champ de l’action humaine et qu’on identifie aisément, est selon notre perception et notre appréciation absolument prépondérante.
Cette situation est devenue effectivement prépondérante, et le Bloc BAO s’est formé à l’image d’un roc qui voudrait sembler et se faire croire inaltérable, à l’occasion du “printemps arabe” et, précisément et évidemment, à l’occasion de l’intervention en Libye inspirée par le couple BHL-Sarko atteignant la quasi-perfection en matière d’arrangement humain “inversion-dissolution”. On a pu avoir la démonstration de l’égalitarisme nouveau installé au sein de cette ancienne alliance sous domination US, avec la part prépondérante, inspiratrice et irrésistible, qu’a pris la France dans cette entreprise. La France, dans sa version subversive et dissolvante qui n’est évidemment qu’un passage catastrophique de plus de cette entité dont le fondement reste rétif à l’emprise du Système, s’est imposée, non pas comme “devenue-atlantiste” (sous domination US) mais comme un des meneurs du bloc BAO avec l’influence considérable de son “parti des salonards”.
Mais cette situation extrême et les évènements qu’elle engendre révèlent, plus que ses limites, ses contradictions potentielles. A mesure que se développe la “politique” du bloc BAO en tant que tel, se multiplient des positions potentielles à “contre-emploi” d’inversion, qui constituent des potentiels de violents chocs de crise à l’intérieur du bloc, et qu’on ne verrait pas venir puisque se faisant comme des retournements brutaux d’orientation effectués dans les diverses situations de tension. La position de la France telle qu’on l’a suggérée, en contradiction avec elle-même, est un de ces potentiels. La position d’Israël et, derrière ce pays, des neocons, en est un autre (en sens contraire de la France), avec Israël de plus en plus mal à l’aise avec une politique du bloc BAO qui favorise systématiquement la montée des forces islamistes des Frères Musulmans (voir le 19 juin 2012). L’actuelle situation implique effectivement des contradictions internes qui généreront des tensions grandissantes, jusqu’à l’hypothèse de situations insupportables.
Tous les facteurs habituels sont dissous, notamment le mythe d’une Europe “indépendante” et “souveraine”, pouvant éventuellement s’opposer aux USA. Ces occurrences géostratégiques sont dépassées et balayées. (On ne dit nullement que ces projets sont mauvais ou stupides, on dit bien qu’ils sont dépassés : notre remarque est d’ordre chronologique et circonstancielle, nullement de valeur.) L’ère géopolitique est complètement dépassée, et la poursuite laborieuse de l’élaboration et de l’évaluation des rapports de force, de maîtres-Plans ou de Grands Jeux divers pour expliquer l’évolution du monde constitue une perte de temps en même temps qu’une incitation à penser faussement la situation.… Fondée sur le système de la communication, la terrorisation des psychologies et la suprématie de l’affectivité donnant la capacité de monter des narratives auxquelles leurs auteurs sont les premiers à croire, et qu’ils croiront jusqu’au bout, l’ère psychopolitique, est arrivée à maturité et règne aujourd’hui en maîtresse incontestée…
La politique raisonnée, la stratégie ordonnée ne constituent plus, par la force des choses et même si leur rationalité est acceptable, des explications satisfaisantes. Elles tendent à disparaître, pour être remplacées par un flux de désordre nihiliste dont l’effet ne peut être que l’entropisation, avec comme seul adversaire tout ce qui est structure, c’est-à-dire tout ce qui se réfère de près ou de loin à une situation principielle et pérenne, au Principe d’une façon générale. De ce côté, nous n’avons aucune surprise, il s’agit bien entendu, toujours, du même mouvement de déstructuration et de dissolution. La chose est quasiment achevée dans sa puissance opérationnelle (phase de surpuissance) et elle se trouve dès lors engagée dans des crises de plus en plus incontrôlables, à l’enjeu politique réel peu important mais aux implications et aux extensions à très forte potentialité catastrophique, comme la Syrie (phase d’autodestruction). Au plus se poursuit cette politique-Système du bloc BAO, au plus de très graves “incidents de parcours” peuvent éclater en fonction d’évènements de plus en plus pressants, et susciter des conséquences catastrophiques dont les effets ne peuvent être prédits, qui peuvent s’avérer eux-mêmes catastrophiques dans tous les sens.
Nous nous trouvons dans la phase ultime surpuissance-autodestruction du Système. Désormais, tout est possible, alors que, jusqu’ici, le déroulement des évènements semblait répondre à certaines cohérences, et ne favoriser que l’expansion de cette politique-Système. Tous les acteurs, et les membres du bloc BAO en premiers, y jouent leur propre cohésion, tout cela étant favorisé par une extraordinaire (mais nécessaire pour le mécanisme en cours) absence du sens des réalités des évènements en cours, et une extraordinaire ignorance de la vérité du monde.