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373Le financier George Soros, milliardaire et l’une des stars du système financier international et de l’activité de la spéculation, est désormais parmi les critiques radicaux du système. Il offre son diagnostic de la crise financière en cours, dans une chronique du Financial Times du 23 janvier : «The worst market crisis in 60 years». En d’autres termes, la crise systémique par excellence, – la fin de l’ère de l’expansion par le crédit grâce au dollar institué par les USA comme la monnaie internationale de réserve.
«The current financial crisis was precipitated by a bubble in the US housing market. In some ways it resembles other crises that have occurred since the end of the second world war at intervals ranging from four to 10 years.
»However, there is a profound difference: the current crisis marks the end of an era of credit expansion based on the dollar as the international reserve currency. The periodic crises were part of a larger boom-bust process. The current crisis is the culmination of a super-boom that has lasted for more than 60 years.»
A partir de son texte paru le 23 janvier, Soros a encore été plus loin dans son appréciation critique de la situation, par le biais de déclarations et d’interviews en marge de l’ouverture du Forum international de Davos, – lequel a du pain sur la planche cette année. Soros a notamment attaqué la Federal Reserve et sa décision de mardi : «Speaking to FT.com's View from the Top, George Soros, head of his own hedge fund, accused the Fed of cutting rates in a “rather panicky way . . . because people fear there are hidden problems” which had yet to surface. “Then there is worry about the monoline [insurers] and there may be another problem with money market funds,“ he said.» (Financial Times de ce jour.)
The Independent d’aujourd’hui rapporte d’autres déclarations du financier de la même tonalité extrêmement pessimiste. Soros réclame non pas un régulateur mais un “global sheriff” pour tenter de contrôler la crise, c’est-à-dire rien de moins qu’un interventionnisme massif. (Il voudrait une autorité centrale pour cela mais nous en sommes encore loin; en attendant son jugement encourage un interventionnisme des autorités nationales et internationales.)
«“This is not a normal crisis”. George Soros, the doyen of international finance, the man who made billions from sterling's expulsion from the Exchange Rate Mechanism in 1992, and who now spends much of his time on philanthropic activities, is listened to in Davos respectfully. Yesterday he had something important to say about the state of the world's financial system: “central banks have lost control”; a “global sheriff” to patrol international markets should help them out.
»Mr Soros offered the proceedings a deep historical perspective. To his mind, he told participants at the World Economic Forum, we are “at the end of an era”. The 60-year economic supremacy of the US and the dollar's status as the international reserve currency of choice is drawing to a close, fundamentally weakened by the shift in economic power eastwards with the rise of China. A more recent era is also over: that of “superleverage”. Regulators, the financier said, have not yet fully appreciated the portent of these developments. “Systemic failure” may be upon us.»
Ce pessimisme rejoint la conclusion de sa chronique citée plus haut : «The danger is that the resulting political tensions, including US protectionism, may disrupt the global economy and plunge the world into recession or worse.»
Cette attitude extrêmement critique de Soros n’a évidemment pas toujours été la couleur dominante de la pensée du financier. Longtemps, Soros fut un partisan du système, à mesure qu’il en profitait avec la plus grande habileté. Il a changé, le fait est incontestable. Ce changement lui-même ne peut être un argument pour le condamner, mais peut-être pour regretter que sa sagacité actuelle ne se soit pas signalée plus tôt avec cette force. La position de Soros un signe de plus de la puissance actuelle de la crise, de l’effet qu’elle produit sur les esprits, du changement qui s’accélère dans l’appréciation qu’on a du système financier et économique, et même, du système “philosophique” dominant.
Mis en ligne le 24 janvier 2008 à 08H20
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