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2333706 octobre 2018 – Nous commencerons ce sujet du Glossaire.dde par une anecdote d’apparence innocente, qui pourtant contient tout notre propos.
Il s’agit d’une conversation à bâtons rompues extrêmement récente et dont nous ne dirons rien des protagonistes, sinon notre certitude et notre assurance qu’ils sont versés dans les questions d’ordre stratégique et de sécurité nationale. L’un est de la “vieille école” et de tendance assez libre par rapport aux institutions du Système ; l’autre est différent dans ces deux traits, et disons clairement représentatif de l’état courant des esprits dans les susdites institutions et dans leurs bureaucraties tout en ayant une attitude courante marquée par la sincérité et la franchise du propos. Nous sommes en Europe, peut-être bien à Bruxelles. La conversation est informelle, non pas dans un cadre professionnel mais dans un cadre social, où les échanges ne sont soumis à aucune contrainte bureaucratique et de forme. C’est-à-dire qu’on y trouve une atmosphère propice pour les deux interlocuteurs à ce que nous signalons plus haut de “la sincérité et la franchise du propos”.
Le sujet abordé est celui de l’emploi du nucléaire auquel peut aboutir une confrontation avec les Russes. On comprend évidemment l’actualité pressante du sujet aussi bien que certaines évolutions dans la doctrine d’emploi.
(Il faut noter que les Russes ont laissé clairement entendre que l’emploi du nucléaire n’était plus désormais, pour eux, codifié comme durant la Guerre Froide où l’on limitait son emploi à des circonstances bien précises, notamment en ne le mélangeant pas à des situations du seul type conventionnel. Dans les années récentes, en raison de la tension grandissante et des pressions militaires de l’OTAN sur leurs frontières, les Russes ont laissé entendre qu’ils n’hésiteraient pas à user du nucléaire tactique si une invasion qu’il ne pourrait pas contenir était lancée contre leur territoire. Poutine est le seul dirigeant qui soit capable d’émettre une telle réflexion, terrible et décisive, lorsqu’il répond à une question [en avril 2018] sur la guerre nucléaire et sur la décision de la Russie d'engager ses armes nucléaires stratégiques si elle était attaquée : « Certes, ce serait une catastrophe planétaire, ce serait une catastrophe absolue pour le monde entier et l’humanité. Mais en tant que citoyen russe et dirigeant de l’État russe, je me pose la question : à quoi bon ce monde s’il n’y a plus de Russie ? »)
Dans la conversation anecdotique citée, il y a cette remarque interrogative de l’un des deux interlocuteurs, – on devine lequel, – sur la conscience qu’ont ou n’ont pas les dirigeants et les bureaucraties sur le risque que tout affrontement avec la Russie peut rapidement monter jusqu’à l’emploi du nucléaire. La réponse vient de l’interlocuteur du côté institutionnel et bureaucratique, très rassurante et assurée, – disant ceci en substance : “Oh, vous savez, la question de l’emploi et du rôle du nucléaire, c’est dépassé. Cela valait pour la Guerre froide, où cela jouait un très grand rôle. Aujourd’hui, c’est dépassé, cela ne joue plus un rôle très important”.
Il n’y a pas eu d’élaboration, d’explication, mais c’est bien assez pour comprendre , non pas l’idée mais l’état de l’esprit, et nous dirions même : l’état de la psychologie. Pour nous, en effet, cette conversation qui nous est rapportée de source de complète confiance est à la fois symbolique et significative. Nous nous appuyons sur elle pour développer un point de vue ainsi éclairé par une remarque dite comme allant-de-soi, expliquant des comportements fondamentaux, inexplicables d’une façon rationnelle et donc qui doivent être explorés en sollicitant des explications psychologiques proches de l’inconscient, des réflexes du type groupthinking, de l’influence de facteurs déterministes-narrativistes.
Avec cet épisode en tête, nous avons rencontré une autre occurrence, beaucoup plus formelle, qui nous conduit au même constat d’un complet changement psychologique vis-à-vis de l’emploi du nucléaire. Il s’agit de l’extrait d’un livre, le dernier paru de Thierry Meyssan (Sous nos yeux – du 11-septembre à Donald Trump, éditions Demi-Lune, collection Résistances, -Mars 2017). On trouve ce passage, p.219-220 :
« En mai 2015, l’Arabie saoudite fait usage de plusieurs bombes atomiques tactiques au Yémen. Elles ont probablement été achetées à Israël, à titre privé, par la famille royale – rappelons que l’Arabie saoudite, comme jadis le Congo du roi Léopold II, est la propriété privée de la famille des Saoud. Ce transfert d’armes irrite l’administration Obama, et particulièrement le secrétaire d’État John Kerry qui rappelle l’Arabie au respect du traité de non-prolifération. Malheureusement, cette cession ne viole pas le Traité qui ne prévoit pas la possibilité d’un marché privé de ce type d'armement. Et la vente par Israël ne le viole pas non plus car l’État hébreu n’en est pas signataire.
» Quoi qu’il en soit, l’équilibre stratégique régional est bouleversé. Alors que l'on persiste à accuser l'Iran de vouloir reprendre les recherches sur l'atome, une seconde puissance nucléaire vient de surgir. En réalité, les bombes nucléaires tactiques étant beaucoup plus difficiles à maintenir que les bombes stratégiques, et les Saoudiens n'ayant pas le personnel scientifique adéquat, l'Arabie reste dépendante des ingénieurs israéliens et ne peut donc envisager d'utiliser ces armes contre tel Aviv. Contrairement à ces déclarations publiques, non seulement Washington ne réprouve pas l'acquisition de la bombe par les Saoud, mais il autorise Israël à disposer d'un bureau permanent à l'OTAN, – à côté de celui de la Turquie, – le 4 mai 2016. »
Qu’il soit bien clair qu’il ne nous importe en rien ici d’apprécier la validité de l’affirmation, de la mesurer, de la contester, etc., – bien que nous ayons évidemment notre avis à cet égard. Ce n’est en rien notre sujet ni notre démarche. Il nous importe exclusivement d’apprécier que l’affirmation d’un événement qui eût paru il y a 30 ans ou 40 ans, à juste raison et sans discussion possible, comme extraordinaire, à la fois politiquement révolutionnaire et stratégiquement déstabilisant, est mentionné dans le cours du récit sans insistance particulière sur de tels aspects, comme une circonstance de plus et rien d’autre dans une description complexe qui en compte beaucoup.
Qui plus est, à notre connaissance cette précision n’a pas été relevée comme il se devrait, – même si d’un point de vue critique, peu importe, – comme elle l’aurait été il y a 30 ou 40 ans, quand le nucléaire était encore considérée pour ce qu’il est. Pourtant, Meyssan, même s’il est dénoncé en général depuis ses écrits sur le 11-septembre, garde une notoriété telle que l’on lit ses livres et que l’on aurait par conséquent dû commenter une telle affirmation, d’ailleurs sans nécessairement revenir à la polémique qui fut développée contre lui, éventuellement pour la démentir avec indignation du point de vue du Système pour ce qu’elle dit des mœurs des Saoudiens et des Israéliens. Pourtant, rien du tout à notre connaissance, et dans tous les cas rien qui fasse sensation et s’impose à notre lecture.
Effectivement, cette remarque générale sur le peu d’importance qu’on accorde désormais au nucléaire va au cœur d’une question que nous cessons de nous poser d’une façon claire et précise, depuis au moins le début de la crise ukrainienne (février 2014). A cause de ses conditions géopolitiques et des tensions psycho-politiques, cette crise a fait surgir la possibilité d’un affrontement où pourraient être impliqués la Russie (observation évidente) et les USA, éventuellement par le biais de l’OTAN ; c’est-à-dire, la possibilité d’un affrontement direct avec la perspective de la possibilité ultime d’une guerre nucléaire.
Depuis, cette possibilité n’a cessé de flotter dans l’air, à mesure que les crises mettaient en scène les deux puissances nucléaires de plus en plus face à face (en Ukraine et autour de l’Ukraine avec les pressions de l’OTAN, mais aussi en Syrie à partir de l’intervention de la Russie dans ce pays, en septembre 2015). La question que nous évoquons était bien celle-ci, s’adressant essentiellement sinon exclusivement à la partie USA/OTAN/Bloc-BAO : les différents acteurs mesurent-ils ce que c’est que de prendre le risque de la possibilité d’un affrontement nucléaire ? Cette possibilité constitue-t-elle un facteur important (essentiel) des décisions comme elle devrait l’être ou bien n’est-elle pas vraiment prise en compte sinon accessoirement, comme une option parmi d’autres, – et éventuellement pas très sérieuse ?
Il ne fait aucun doute au contraire que ce facteur n’a cessé d’être pris sérieusement en compte du côté russe, d’une façon constante sinon affichée. Chaque intervention importante de Poutine sur les matières de sécurité nationale comporte un avertissement à tous les acteurs des crises (y compris de la Russie à la Russie elle-même pour expliquer certaines de ses attitudes de prudence) sur le risque catastrophique pour tous qu’une attitude et un comportement non contrôlés dans ces crises peuvent conduire à la possibilité d’un affrontement nucléaire. En face, chez les USA/OTAN/Bloc-BAO, au contraire, le “risque nucléaire” est rarement évoqué, et quand il l’est ce n’est en rien pour lancer un avertissement collectif mais plutôt pour étayer/renforcer une menace constante brandie contre la Russie.
Concernant cette attitude notamment et principalement US, on rappellera rapidement un épisode tout aussi rapide et relevant du seul système de la communication, au printemps 2006. La cause en est un article de l’importante revue du non moins important CFR, Foreign Affairs, suivi d’une polémique avec le côté russe, tout cela sur le sujet de la possibilité pour les USA d’acquérir une possibilité de première frappe nucléaire victorieuse contre la Russie.
C’est l’une des rares occurrences où l’on parla aux USA d’une façon “opérationnelle” de la guerre nucléaire avec la Russie, pour la période depuis la fin de la Guerre froide, et certainement depuis 9/11 ; et, bien entendu, l’issue évoquée n’était rien d’autre que l’élimination physique de la Russie et les USA triomphants imposant enfin le bonheur politique et progressiste au reste du monde. (Cette idée d’une “première frappe stratégique nucléaire victorieuse” était généralement jugée aberrante de tous les côtés pendant la Guerre froide, sauf dans quelques cerveaux malades du type-LeMay et des bureaucraties qui leur étaient fidèles.) Pour le reste, les USA parlent dans cette période du nucléaire comme d’une “arme de destruction massive” comme une autre, d’emploi préventif contre des dangers jugés très grands, y compris le terrorisme.
Le fait qu’on puisse arguer de manière sérieuse de l’avantage d’une première frappe nucléaire stratégique dénote (du côté US) une extraordinaire distorsion de la perception et une extraordinaire décadence du jugement. Cela est confirmé a contrario et toujours pour les USA en 2018 par le peu de réactions des élites devant l’acquisition par les Russes de ce qu’on nommait durant la Guerre froide “des armes absolues” à capacité nucléaires (les missiles hypersoniques et autres), sans protection ni parades possible. Cette situation psychologie doit être comparé à ce qu’elle fut aux USA en 1954 et en 1957, aux temps du “bomber gap” et du “missile gap”, quelles que fussent la validité de ces alertes, c’est-à-dire un climat de panique généralisée et de mobilisation défensive devant la possibilité d’une attaque nucléaire de l’URSS. (En général, ces alertes se révélèrent complètement infondées, produit complètement infondées, produit d’évaluations faussaires et paranoïaques, – mais seule compte ici, pour notre propos, l’appréciation des réactions de la psychologie devant la possibilité d’une guerre nucléaire.)
Le même climat se retrouva lors des vraies alertes nucléaires, en 1962 pour la crise des missiles de Cuba, en 1973 pour l’alerte globale du 25 octobre suivant la guerre du Kippour, en 1981-1983 pour le déploiement des euromissilesen Europe. Dans ces cas, la peur ontologique de l’anéantissement toucha toutes les parties, les directions comme les opinions publiques, devant ce qui risquait d’être le conflit suprême de l’anéantissement réciproque ; l’accusation de l’autre partie passait nécessairement au second plan, pour ne prendre en compte que la catastrophique possibilité d’un sort commun d’anéantissement.
Pour résumer notre propos à ce point, nous dirons que, dans tous les cas actuels contrairement aux événements de la Guerre froide, le nucléaire est considéré comme un armement comme un autre, même si le plus haut de la gamme des capacités destructrices. Et encore... A entendre toutes les campagnes, les montages, les false flags du système de la communication, des FakeNews-Système, etc., il semblerait que le chimique soit la bien plus horrible, la bien plus dévastatrice des armes. La pensée stratégique est à cet égard réduite à sa propre absurdité, – à un monstrueux affectivisme, un hyper-affectivisme qui frappe la plupart des psychologies, qu’elle soient du Système d’une façon générale, et même parfois du côté antiSystème.
Le nucléaire ne semble plus du tout avoir la place “à part” qu’il avait pendant la Guerre froide chez les stratèges US (comme chez les Soviétiques, précurseurs des Russes actuels qui ont gardé la pleine conscience de la chose). Cette place “à part”, dans une catégorie définie autant par la technologie et la capacité de destruction que par la perception métaphysique, impliquait la compréhension quel’emploi du nucléaire entraînait presque à coup sûr un destin collectif de “destruction mutuelle”, donc une responsabilité collective partagée (nom de la doctrine MAD de McNamara [1964] : Mutual Assured Destruction). Le désintérêt plus ou moins marqué des USA pour les accords stratégiques nucléaires d’équilibre des deux puissances (retrait du traité ABM, signature d’un nouveau traité START dans l’indifférence générale) confirme cet état de l’esprit, qui à notre sens ressort d’une psychologie complètement modifiée, – toujours chez les mêmes, USA/OTAN/Bloc-BAO, – mais certes, avec les USA qui impriment le rythme et mènent la danse des conceptions de la pensée... “Oh, vous savez, la question de l’emploi et du rôle du nucléaire, c’est dépassé...”
Une très récente remarque du sociologue Edward Cutin (UNZ.com, 11 septembre 2018) est intéressante à rapporter à ce point, parce que cela nous permet de faire basculer le problème examiné dans le champ du langage et de la psychologie . Citant l’auteur Graeme MacQueen dans son livre The 2001 Anthrax Deception, Cutin écrit : « [McQueen] note que George W. Bush, dans un discours important sur la politique étrangère le 1ermai 2001, “donna la première annonce publique informelle de l’intention des USA de sortir du traité ABM” ; Bush déclara que les USA devait envisager de “repenser l’impensable”[“to rethink the unthinkable”]. Cela était nécessaire à cause du terrorisme et des États-voyou... »
Le mot “unthinkable” est typique de l’ère nucléaire de la Guerre froide, on dirait même qu’il constitue quasiment la poutre-maîtresse théologique et psychologique de la pensée experte sur le nucléaire. On emploie ce mot pour signifier que les dégâts causés par une guerre nucléaire étaient “impensables” puisque proches de l’anéantissement de l’espèce, jusqu’à la réaliser effectivement. (Herman Kahn, de la RAND Corporation, fut un des “penseurs”-experts de la guerre nucléaire durant les années 1960-1980 : son dernier ouvrage [posthume, 1985] est titré justement, par rapport à notre propos, Thinking the unthinkable.) L’invitation faite par G.W. Bush à “repenser l’impensable” (“to rethink the unthinkable”) impliquait certes un changement de stratégie, mais dans une perspective si fondamentale, si tragique, qu’il s’agissait également d’un changement de psychologie capable de transformer la perception de l’arme nucléaire, matrice unique du “unthinkable” pendant la Guerre froide... On comprend que ce discours, ces mots, aient inspiré les très-très nombreux contestataires du simulacre officiel tenant lieu de version-conforme de l’attaque 9/11 jusqu’à les faire considérer comme une sorte d’avant-propos à l’attaque, sinon une annonce à peine dissimulée de cette attaque et surtout du bouleversement psychologique que 9/11 allait accélérer au-delà de tout ce qu’on en pouvait attendre.
Parallèlement, diverses évolution allaient dans le sens d’une banalisation formelle et d’une distorsion des effets opérationnels de l’arme nucléaire (pourtant nullement théoriques du fait de l’expérience Hiroshima/Nagasaki)
• Évolution sémantique. Il s’agit de l’évolution de l’emploi du mot “terreur”. Pour ce qui est de l’emploi majoritaire et courant dans le domaine stratégique du mot,
...On est passé à une vitesse très rapide du fait de la puissance du système de la communication de la notion de “l’équilibre de la terreur” de la Guerre froide, où ce mot “terreur” exprimait un effet paradoxalement positif puisqu’il s’agissait du sentiment de crainte terrorisée, à juste titre, que produisait l’emploi possible de l’arme nucléaire perçue, – à juste titre là encore, – comme l’“arme de l’apocalypse” ;
... A la “guerre contre la Terreur”, signifiant la “guerre” contre le terrorisme, notion absurde proposant comme doctrine de lutter contre une façon de se battre pouvant embrasser quasiment tous les types d’action de violence (du massacre du Bataclan aux bombardements stratégiques alliés pendant la Deuxième Guerre mondiale sans aucun doute catégorisables comme “terroristes”). Du coup, la spécificité de la “terreur” objective dispensée objectivement par l’usage du nucléaire a tendu à s’amenuiser d’une façon drastique.
• Banalisation de l’arme nucléaire avec l’apparition du phénomène des ADM (“Armes de Destruction Massive”), phénomène beaucoup plus de communication ou de simulacre que stratégique puisqu’il fut employé très largement pour justifier les attaques contre Saddam, contre Kadhafi, et la longue crise avec l’Iran. Le concept ADM est extrêmement vague et embrasse de nombreux types d’armement, mais à la base les armes ABC ou NBC (Atomique/Nucléaire, Biologique, Chimique). Cette classification A/NBC, si elle se défend en théorie, constitue en pratique une tromperie : les dégâts opérationnellement possibles avec le nucléaires sont directement et massivement catastrophiques, pouvant aller jusqu’à l’extrême de l’extinction d’une civilisation/d’une espèce ; rien de semblable ne peut être dit aujourd’hui, opérationnellement, des armes biologiques et chimiques, qui sont d’ailleurs, au contraire du nucléaire strictement et scientifiquement identifié, des catégorisations extrêmement vagues (des bombes conventionnelles au phosphore, au napalm, etc., pourraient être et ne sont pas classées “armes chimiques”). Il est évident qu’un esprit simple, – ou plus largement en rencontrant la tendance actuelle des élites-Système un “esprit inculte” c’est-à-dire dédaignant l’enseignement du passé, – considérant ce qu’il en a été des ADM, des armes chimiques, etc., ces dernières années, pourrait être conduit à une perception trompeuse des armes nucléaires classées dans la même catégorie.
C’est sur ce cimier des changements de divers paradigmes techniques, opérationnels et même sémantiques, que s’est développée depuis 9/11 une nouvelle psychologie, dans le chef pour le sujet qui nous importe ici d’une perception totalement bouleversée de l’arme nucléaire. Un territoire complètement nouveau s’est déployé pour permettre à une nouvelle psychologie de se développer.
Le fait essentiel est donc bien que tout rapport avec le réel s’est trouvé privé de référence légitime, parce que complètement désintégré. Nous ne dirons pas que c’est un mal fondamentalement ou sur le terme, comme nombre d’occurrences en apparence catastrophiques, parce que les soi-disant “références légitimes”, la “vérité officielle” si l’on veut, étaient déjà complètement faussaires et trompeuses. Nous envisageons ici simplement la situation ainsi créée, c’est-à-dire une situation d’absence de références mise à nu.
Nous avons très souvent étudié cette question qui constitue un des fondements de nos observations, depuis la guerre du Kosovo et depuis l’immédiat après-9/11. La situation à cet égard n’a fait que s’aggraver par divers soubresauts, étapes, etc., au point que l’on peut affirmer que nous vivons dans un ensemble de simulacres construits sur des affirmations complétement faussaires et que la réalité peut être désormais (depuis 2014 et la crise ukrainienne d’une façon décisive selon nos observations) considérée comme complètement, absolument pulvérisée. Avec elle, ont été dispersées ou oubliées les évaluations rationnelles fondées sur l’expérience autant que sur la perception non subvertie/invertie, que sur l’intuition. Cette situation vaut pour tous les domaines, celui du Système comme celui de l’antiSystème, si bien que le comportement de résistance et de riposte qu’est la recherche de la vérité-de-situation(qui est tout à fait possible et peut être, parfois aisément, couronnée de succès) est une aventure individuelle, c’est-à-dire hors de toute structure et organisation, qui n’est garantie par aucune opinion, aucune position, aucun parti, fût-ce de la sorte qui s’affiche comme absolument antiSystème et qui s’avère souvent comme un double nihiliste du Système.
La dégradation de la perception de l’arme nucléaire s’est également réalisée du fait du basculement des sources de la puissance, la source principale de puissance étant devenue la communication, à laquelle tous les autres domaines, – y compris la stratégie, – sont liés et soumis. L’influence du suprémacisme anglo-saxon qui est le seul suprémacisme effectif et opérationnel a accentué cette situation ; en effet, ce suprémacisme ne s’exprime plus par une puissance réelle mais par des affirmations de communication, ayant ainsi trouvé d’autres voies que celle de sa puissance brute de ses armements en déclin d’effondrement pour s’exprimer, – notamment la voie du domaine de la moraline qu’est le sociétal, qui exerce une véritable dictature sur les esprits.
Cela nous libère de la charge d’une conversation sur la valeur stratégique du nucléaire pour expliquer le changement fondamental de sa perception, et nous conduit à l’essentiel qui est le domaine de la sacralisation, – le domaine du sacré, ou plutôt de la disparition du sacré. C’est en effet dans cette “désacralisation” de l’armement nucléaire que nous trouvons la principale cause du changement de la perception de cet armement.
Ci-dessous, nous abordons ce domaine ultime de notre propos, selon un axe et des arguments que nous avions utilisé le 29 octobre 2016, dans un F&C intitulé « Le côté crépusculaire et nucléaire... »
Assistant à l’explosion de Trinity, la première bombe atomique, le 17 juillet 1945, James M. Farrel nota pour son compte-rendu officiel : « Les effets lumineux défièrent toute description. Tout le paysage fut illuminé par une lumière écrasante d'une intensité plusieurs fois supérieure à celle du soleil de midi. Elle était dorée, mauve, violette, grise et bleue. Elle éclaira chaque pic, crevasse et crête de la chaîne de montagne voisine avec une clarté et une beauté qui ne peut être décrite mais doit être observée pour être imaginée... » Bainbridge dit à Oppenheimer : « Maintenant nous sommes tous des fils de pute. » Oppenheimer dit qu’il avait pensé à ce verset du Bhagavad-Gita : « Si dans le ciel se levait tout à coup la Lumière de mille soleils, elle serait comparable à la splendeur de ce Dieu magnanime... » Plus tard, en 1965, pour la constitution des Atomic Archives, il précisa longuement en modifiant d’une manière significative la citation, passant de l’illusion de l’éclair à la pénombre de la méditation au bord des abysses du Mordor :
« Nous savions que le monde ne serait plus le même. Certains ont ri, certains ont pleuré. La plupart étaient silencieux. Je me suis souvenu d'une ligne du texte hindou, le Bhagavad Gita ; Vishnou essaye de persuader le Prince de faire son devoir et, pour l‘impressionner, prend son apparence aux multiples bras et lui dit : “Maintenant je suis la Mort, le destructeur des mondes”. Je suppose que nous avons tous pensé cela, d'une façon ou d'une autre. »
Peut-être avons-nous perdu ce qui fait le sens métaphysique de cette monstrueuse splendeur qu’est une explosion atomique et nucléaire, ce déchaînement de la Matièreen une beauté qui prétendrait presque à la divinité de l’esthétique, – la Matière devenue Dieu. Tous ceux de la Guerre Froide qui suivit en avaient été marqués à jamais, n’ignorant pas qu’il y avait là-dedans à la fois quelque chose du sacré et quelque chose du sacrilège, et qu’ainsi l’homme et son pari faustien se trouvaient au terme de ce quelque chose d’inimaginable qui clôt une civilisation. Cet accident terrible se marquerait dans les bureaucraties et les stratégies par des doctrines d’interdiction d’emploi ou de non-emploi des armes nucléaires, dont la plus célèbre fut la doctrine MAD (Mutual Assured Destruction, l’acronyme pouvant aussi bien signifier “mad”, ou “fou” en anglais) énoncée par le secrétaire à la défense McNamara à Ann Harbor en 1964. Pour notre compte, pour ceux d’après la Guerre Froide, pour les hommes devenus mémoire-courte sinon mémoire-zéro, et devenus dirigeants-Système, il ne subsiste plus rien de ce souvenir, comme disparaît une mode liée à la seule écume des jours ; seuls les Russes, en tant qu’entité constituée à la forte tradition, gardent une mémoire vive de l’événement nucléaire...
Tout cela forme un territoire inimaginable pour l’esprit d’un de ces happy few (heureux, really ?) qui ont effectivement gardé la mémoire des choses. En effet, les termes nous manquent pour décrire le spectacle de ce monde prétendant à la recette de la civilisation-ultime, jouant comme un aveugle-drogué pris d’alcool avec une perspective qui recèle à son terme la possibilité du déchaînement de cette Matière jusqu’à l’entropisation, devenue folle de la folie des hommes. La façon dont nous jouons, depuis plus de quatre années précisément (depuis mars 2014), avec la possibilité d’un événement dont l’ultime issue peut être pour tous ce « je suis la Mort, le destructeur des mondes », sans jamais s’arrêter à ce fait-là, cette façon est absolument vertigineuse et passe toute explication rationnelle, toute compréhension de la logique de l’esprit. On ne peut que chuchoter, à-la-Poutine, “Mais comprenez-vous ce que vous êtes en train de faire ?”, sans espoir de voir s’allumer au fond de l’œil cette petite lumière rassurante qui nous dit que l’âme existe encore et qu’elle est prête à remplir son office ; au contraire, le silence de mort pour toute réponse, ou bien la vision hallucinée d’un pseudo stratège de communication, US et halluciné, martelant que les USA sauront appuyer, dans leur grandiose exceptionnalité, sur le bon bouton, celui de l’arme nucléaire ; cela est dit et nullement conceptualisé, comme tant de choses à notre époque-simulacre, en un pur mouvement de communication dont l’absence de caractère et de volonté donnent la mesure.
L’absence de pensée, de débat, d’argumentation, sur cet aspect du risque nucléaire dans cette longue crise de paroxysme de russophobie qui s’est ouverte avec notre agression en Ukraine et s’est poursuivie jusqu’à l’universel dans le Russiagate nous suggère, dans le cadre pour nous avéré d’une pathologie indiscutable de la psychologie-Système collective, – “indiscutable” parce que ce qui dépend du Système ne peut être que cela, pathologique, – l’image d’un colossal épisode maniaque. Nous parlons de cet épisode de la pathologie nommée d’une maniaco-dépression (ou “trouble bipolaire” mais nous préférons l’énoncé initial qui établit une différence dans la hauteur au lieu de l’apparente neutralité scientifique des “deux pôles”)... Une maniaco-dépression réduite à l’épisode maniaque qui serait sans fin, cantonnée pour les élites-Système à l’exaltation, à la fois jubilatoire et totalement hallucinée par la terrorisation qu’exerce le Système, fille constituée dans l’épisode maniaque depuis la fin du XXème siècle et 9/11 ; cela, comme nous en faisions l’hypothèse dans notre Glossaire-dde.crisis du 15 mars 2015 :
« Ce fut cette direction politique, spécifiquement, qui réagit à 9/11 dans le sens maniaque. L’effet de l’attaque, qui démontrait la vulnérabilité des USA, le désordre de ses structures, fut[effectivement] de provoquer une production extraordinaire d’[hybris] comme l’on dirait de la production organique d’une masse imposante d’adrénaline... Cette réaction provoqua des distorsions psychologiques graves, entraînant la création d’un univers fictif relevant [en effet]de la mégalomanie, allant jusqu’aux épisodes bien connus de déclarations sur le fait que les USA désormais créait l’histoire à leur guise (“We’re an empire now, and when we act, we create our own reality“). Nous baptisâmes cette réaction “virtualisme” pour désigner l’“opérationnalité” de la chose, et il est évident que ce terme concerne l’activité maniaque en soi. C’est dire qu’il n’y aucune machination, aucune fabrication faussaire, – même s’il y eut complot, et alors ce serait un complot accomplissant effectivement un dessein métahistorique qui conduirait “l’Empire” à sa perte, – ce qui est manifestement la voie suivie avec un entêtement, également, absolument maniaque depuis plus d’une décennie. Il y eut donc bien, dans les directions politiques au service du Système (les autres suivant Washington, en rang d’oignons), un épisode maniaque qui dure encore... »
Bien entendu, cette dimension maniaque qui affecte la psychologie n’est, comme la psychologie elle-même, que la voie de passage, l’outil de l’affaiblissement et de l’inversion que subit l’esprit. Comme nous en faisons l’hypothèse dans le texte en référence, sa dimension spirituelle, ou plutôt anti-spirituelle, est manifestée par l’ouverture que l’épisode maniaque ménage à l’influence déstructurante et dissolvante qui caractérise le Système, c’est-à-dire l’opérationnalisation du Mal. De ce point de vue, et notamment selon cette perception de l’attaque contre la spiritualité, le fait nucléaire est particulièrement vulnérable dans ce qu’il a, dans les réactions humaines, d’agression contre le sacré comme on le distingue dans la réaction d’Oppenheimer, – à condition que subsiste ce sens du sacré.
Ainsi s’explique-t-il que, par perte du sens du sacré que l’épisode maniaque rend aussi évidente que l’oxygène qu’on cesse de respirer, l’on perde la perception du sacrilège et, par conséquent, de l’opérationnalité de la destruction du monde que représente l’arme nucléaire. La perte du sens du sacré entraîne nécessairement la perte du sens de la possibilité de la catastrophe, ou disons de la menace cosmique qu’implique le fait nucléaire parce que seul le sens du sacré autorise la perception de la vérité du cosmos dans toute sa dimension, hors des limites de notre perception courante.
La psychologie soumise à l’épisode maniaque est d’autant plus inclinée à écarter cette interprétation, donc la perception de la menace cosmique que représente le fait nucléaire, que l’arme atomique (puis nucléaire) telle qu’elle s’imposa à partir de 1945 et selon les remous terribles qu’elle provoqua dans le monde scientifique, marqua pour ce monde scientifique, et donc pour la notion du Progrès, la plus terrible mise en question qu’ait jamais connue la modernité. La psychologie est ainsi “protégée” de cette perception par l’épisode maniaque qu’elle expérimente, qui est alimentée par les armes du Système, particulièrement le système de la communication dans sa dimension-Système, ainsi que par les nécessités de la protection du mythe du Progrès. Ainsi en arrive-t-on à une situation où le fait nucléaire, dans toute sa dimension cosmique et spirituelle de menace catastrophique, tend inconsciemment à être nié, dans tous les cas dans le monde absolument inverti que représentent les directions et élites-Système du bloc-BAO. Il s’agit d’une situation absolument menaçante, comme on le comprend, sans aucun rapport ni avec la stratégie, ni avec les compétitions politiques au niveau des relations internationales.
L’aspect “positif“ (du point de vue de l’antiSystème) est que cette “situation absolument menaçante”, surtout étendue sur une période de temps considérable (depuis mars 2014) par rapport à ce qu’elle génère de tension permanente, contribue par cette tension à rendre de moins en moins opérationnelle pour l’avantage du Système les psychologies concernées. C’est en ce sens que nous persistons à avancer l’idée que plus dure, s’affirme et grandit cette tension littéralement cosmique, à la mesure de cette menace cosmique qu’est le nucléaire, – et elle ne fera que durer, s’affirmer et grandir puisqu’on ne cesse de parler de la possibilité d’une guerre nucléaire, – plus l’équilibre des directions-Système est menacé comme on peut le constater dans divers cas, et avec lui (l’équilibre) la capacité de maîtriser et de déclencher jusqu’à la décision finale la situation bureaucratiquement organisée que nécessite absolument la possibilité opérationnelle et planifiée d’un conflit nucléaire. (*) C’est donc cette même hypothèse dans sa dynamique conflictuelle qui est déjà évoquée le 3 mars 2014 lorsque nous nous faisons l’écho des premières évocations sérieuses d’un possible conflit nucléaire, deux semaines après le coup d’État de Kiev et alors que s’installe la possibilité d’une confrontation directe entre les USA/l’OTAN/le bloc-BAO et la Russie. Les facteurs constitutifs de cette dynamique que nous évoquions alors ont fortement changé depuis cette date référencée mais cette dynamique à double effet antagoniste, avec le dilemme qu’elle recèle, est aujourd’hui inchangée et elle est plus forte que jamais :
« Ainsi notre analyse est-elle que la possibilité du pire est en train de naître avec la crise ukrainienne... [...], qu’elle existe peut-être désormais, mais que cela ne signifie pas que l’évolution de la situation va nécessairement dans ce sens du pire exprimé en un conflit nucléaire inéluctable. Cela signifie d’abord la possibilité, sinon la probabilité de ce “formidable choc psychologique” qui devrait changer toutes les conditions du jugement et même, en amont de la réflexion, de la perception elle-même, et par conséquent du comportement, des décisions, de la soumission à des événements à la course complètement nouvelle et inattendue débouchant plus sur le désordre cul-par-dessus tête que par l’impasse de l’apocalypse. »
Ainsi, dans notre perception, la menace cosmique de la guerre nucléaire n’est pas une simple dynamique inéluctable et catastrophique de l’événement, c’est bien une dynamique à effet double antagoniste qui se constitue en une source de tension maximale (source non identifiée puisque filtrée par l’épisode maniaque et l’absence de mémoire) pour la psychologie des dirigeants-Système. Les nombreux épisodes catastrophiques pour le Système, jusqu’aux remous épouvantables de la candidature puis de la présidence Trump avec pourtant l’évocation de la catastrophe nucléaire, renforcent selon notre analyse cette hypothèse. Cette fantastique indifférence au fait nucléaire ne peut avoir d’autre cause qu’une faiblesse devenue absolument pathétique de la psychologie, au rythme de l’aggravation incessante de la crise de l’effondrement ; mais cette faiblesse suscite également des vulnérabilités de plus en plus extrêmes aux poussées antiSystème, comme on le voit depuis les élections USA-2016 et la victoire de Trump ... (L’on doit bien comprendre que les USA, et le Système par conséquent, plongés dans le chaos ne seraient plus dans la situation opérationnelle, bureaucratique et planificatrice, et même juridique, nécessaire à un affrontement nucléaire à cause des procédures extrêmement rigides qui sont établies et de l’affaiblissement extraordinairede la légitimité du pouvoir suprême.)
C’est dans ce contexte absolument extra-ordinaire que nous plaçons la modification fondamentale de la perception de l’arme nucléaire. Il se passe à notre sens ceci qu’il y a eu a eu une désacralisation complète de l’arme nucléaire, qui correspond parfaitement à l’effondrement de la métaphysique dans la modernité, ou plutôt de son remplacement par un simulacre de métaphysique, c’est-à-dire une déformation hideuse de la métahistoire passée au filtre du technologisme et de l’affectivisme. Aujourd’hui, la pseudo-sacralisation s’exprime dans les “valeurs” qui sont le produit du simulacre de moraline transformant la politique en une narrative de pure communication.
Au mieux, – ou au pire, si l’on veut bien, – la sacralisation est passée comme nous l’indiquions le 12 juillet 2017 de la BA à l’IA : quel progrès ! s’écrieraient les zombies-Système qui font l’inspiration et la philosophie de l’époque, passant d’une arme crépusculaire comme fut la Bombe (Bombe Atomique et Nucléaire) à la “promesse de l’aube” qu’est l’Intelligence Artificielle (IA) : de la vérité de la destruction possible de l’espèce au simulacre de la sauvegarde de l’espècepar son remplacement par la machine et son installation dans un vaste goulag : remplacer la perception métaphysique de l’horreur de la possibilité de l’anéantissement nucléaire par le simulacre de la création de l’Homo-Deus, capable de se re-créer à l’image de son simulacre.
L’ironie suprême est par conséquent que c’est la terreur nucléaire qui, dans le cadre de la possibilité de l’anéantissement de l’espèce, – selon que cette possibilité soit ou non assumée, – nous révèle la crise absolue du sacré dans laquelle se débat cette époque, cette crise qui plus qu’aucune autre est la marque de la Crise Générale de l’Effondrement du Système. Cette “désacralisation du nucléaire” est le marqueur suprême de notre effondrement, autant que son accélérateur par usure et affaiblissement des psychjologies. Paradoxe des paradoxes puisque cette situation nous fait dire : Grâce soit rendue au fait de l’arme nucléaire...
(*) Malgré les très nombreux incidents et accidents, provocations, interférences, crises, etc., qui ont marqué la Guerre Froide, on n’est jamais parvenu au seuil critique de l’emploi d’armes stratégiques nucléaires, même dans le cas d’un isolé selon l’exemple des films Dr. Strangelove/Dr. Folamour et Fail-Safe/Point Limite tournés dans la même période du début des années 1960. (C’est dans cette époque que l’on prit conscience d’une façon massive du caractère commun [pour les deux adversaires] de la menace de la guerre nucléaire.) Cela implique effectivement l’existence de processus et de procédures bureaucratiques à cet égard, et la durabilité sinon la transmission par automatismes de ces processus et procédures qui font de l’usage de l’arme nucléaire un phénomène extrême, extrêmement difficile à mener à son terme.
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