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367213 février 2013 – Avec cet article du Glossaire.dde, nous entreprenons, en plusieurs textes, une tentative d’exposition, d’identification et de définition de ce que nous nommons “le Mal” dans nos écrits. (Nous disons “plusieurs textes”, comme cela est suggéré par le titre “Le Mal (I)” sans qu’il soit question de faire succéder ces textes chronologiquement. Ils se retrouveront dans le Glossaire.dde selon leur propre numérotation mais ne se succéderont pas chronologiquement. Bien entendu, cette succession de textes marquera elle-même l’évolution de notre travail concernant ce qui apparaît éventuellement comme un concept qui a ses caractères et sa signification propres, par rapport à nos conceptions.)
Comme dans un cas précédent («Technologisme versus communication», du 14 décembre 2012), nous publions cet article à l’occasion de l’intervention plutôt qu’à cause de l’intervention d’un lecteur, – Mumen, le 6 janvier 2013, en commentaire de notre texte de présentation du 4 janvier 2013 des Cahiers de dde.crisis de janvier 2013 sur La proximité du Mal. Pour nous, l’intervention de ce lecteur a suscité, bien plus que la nécessité d’y répondre, l’occasion d’entamer la présentation de ce que nous entendons par “Mal”. Au reste, avant même la circonstance que nous relatons, cette présentation faisait déjà l’objet de notre attention dans notre travail, comme une étape importante de ce travail, puisque nous avions mis en chantier le prochain Cahier de dde.crisis, dont le thème sera Par-delà le Mal et le Bien (l’inversion par rapport au titre du livre de Nietzsche, malgré la malheureuse dégradation phonétique, étant délibérée, bien entendu). Il s’agit de travailler sur l’identification et sur la définition des deux notions par rapport à nos conceptions, ou, comme dit notre lecteur, notre “vision du monde”.
… A propos de ce lecteur et, pour rappel (le message pouvant être consulté intégralement), nous citons quelques passages concernant ce que ce lecteur pense de l’emploi du concept “Mal” dans notre travail, ce que lui-même en pense, succinctement, etc.
«…Le couple Bien / Mal n'est pas un archétype, ce n'est pas un couple notionnel universel : c'est un couple qui a été forgé - inventé - par les babyloniens zoroastristes, en dérivant la dualité naturelle de l'ordre et du désordre.
»Le couple Bien / Mal est une invention culturelle et opportuniste…
»Quand je vous lis, justifiant in fine la dramatique situation actuelle par le Mal tout court, je me retrouve insatisfait comme je le suis avec la lecture d'Arendt à la suite du procès de Nuremberg (Mal Banal, Mal Absolu), car je me retrouve en face d'une personne qui me donne l'impression de n'avoir plus de mots ni de concept pour exprimer ce dont elle témoigne et qui emploie ce qui lui reste de réflexes de son enfance innocente – mais éduquée – quand tout était simple : tout ce qui est Bien est ici, tout ce qui est Mal est là. Une régression à mes yeux, donc, quand on considère l'équilibre, la fraîcheur et la puissance de vos études habituelles.
»De plus, employer, comme vous le faites, les notions de Bien et de Mal sans les étayer de votre propre explication du monde, implique que le sens que vous retenez de ces notions est celle qui est historiquement retenue par notre époque, à savoir le sens chrétien. L'usage de la croyance en Dieu et des textes bibliques, ne semble généralement pas votre habitude ; feriez-vous une exception pour le Bien et le Mal ?»
Il va sans dire, – mais puisqu’il faut le dire, décidément…, – que tout cela n’a, à notre estime, guère de rapport avec l’emploi que nous faisons du concept “Mal” (“Mal tout court”) dans dedefensa.org. Quant à suggérer d’en faire usage selon sa référence chrétienne parce qu’il n’y aurait rien d’autre à disposition (“notions de Bien et de Mal sans les étayer de votre propre explication du monde”), cela est de la responsabilité de ce lecteur et, là aussi sans nécessité de le dire, cela sans rapport aucun avec dedefensa.org. D’une certaine façon, ces remarques de ce lecteur ont leur utilité a contrario, dans la mesure où elles présentent d’une façon à peu près complète, à peu près tout ce que la “notion de Mal” n’est pas dans l’emploi que nous en faisons.
Ces mêmes remarques ont encore leur utilité, d’une façon toute opérationnelle cette fois, pour nous inviter à effectivement faire une compilation qui permet de mieux comprendre où nous en sommes de l’usage de ce concept, dont on comprend aisément qu’il a une importance fondamentale dans notre travail. Bien entendu, il existe une multitude de textes, dans dedefensa.org, où l’usage du concept de “Mal” est largement explicité, référencé, substantivé, historiquement observé, décrit dans ses effets et ainsi de suite, selon les circonstances envisagées.
Nous enchaînons par une rapide observation de la chronologie de l’utilisation, dans dedefensa.org et dde.crisis, du mot “Mal”, renvoyant certes à un concept connu, mais qui allait être d’abord identifié et exploré par nous-mêmes par le biais de ses activités opérationnelles avant d’être défini comme un concept selon notre propre perception, – comme “notre” concept si l’on veut. (Au début, il s’agissait de “mal” sans majuscule, avant l’emploi de la majuscule ; cela, à la façon qu’a évolué cet autre mot qui traduit le concept de l’opérationnalité du Mal, de “système” sans majuscule à “Système” majusculé.) Même si le mot perçu en tant que concept est apparu évidemment à diverses reprises auparavant, on peut dire certainement que c’est le numéro du 10 septembre 2010 de dde.crisis qui l’a utilisé massivement d’une façon plus précise et exploratoire, et commençant un travail d’explication à cet égard (présentation de ce numéro sur ce site, le même 10 septembre 2010).
Ce numéro du 10 septembre 2010 de dde.crisis était d’ailleurs intitulé “la source de tous les maux”. Nous écrivions notamment, dans le texte de présentation cité, ceci qui montre l’importance absolument primordiale que nous attachions (attachons) au Mal (alors “mal”), dans la mesure fondamentale et quasi-exclusive où il se manifeste massivement dans notre “époque”, principalement puis quasi-exclusivement à notre sens, sous la forme opérationnelle du Système (alors “système”).
«…En d’autres mots et à la lumière de ce caractère total de la crise, nous nous attachons à déterminer et à identifier ce qu’on nomme “le mal”, ce qui est “la source de tous les maux” dans cet épisode historique fondamental. Nous le faisons en écartant soigneusement toute dimension morale, parce que la dialectique de la morale, devenue un outil de fonctionnement du pouvoir comme outil du “mal” “est devenu le piège dialectique quasiment achevé de notre civilisation aux abois”.
»D’autre part, ce qui nous invite à procéder de la sorte est le constat que nous avançons sans la moindre hésitation que la manifestation fondamentale de cette civilisation arrivée au point où elle se trouve, se fait sous la forme d’un “système” extrêmement élaboré et complexe, dont nous parlons souvent et qui est le principal objet de notre étude. […] D’où notre observation intuitive qui guide notre recherche et nous engage dans le constat que l’étude du mal est une méthodologie fondamentale et extrêmement féconde pour tout le reste, puisqu’ainsi cela revient à étudier la marche du monde dans son entier, dans cette période précisément où nous sommes entrés…»
On comprend aisément que ces différentes observations ne sont certainement pas l’énoncé d’un concept “en soi” qui aurait dirigé la réflexion à partir de lui, mais le résultat d’une méthode inductive dont nombre de textes de dedefensa.org et dde.crisis (et dd&e auparavant) témoignent. C’est-à-dire que nous avons établi des constats à mesure que l’actualité des événements nous y invitait, tout en les analysant à la lumière d’une conception historique rapidement devenue métahistorique. Cette méthode inductive prend sa source, notamment et essentiellement, dans une intuition majeure, ce que nous nommons une intuition haute (voir notre texte du 13 novembre 2010) ; la chose, qui a pour cadre et pour sujet la bataille de Verdun (avec le cadre essentiel de la Grande Guerre, certes) est fondatrice pour notre conception. Cette intuition haute a la vertu de s’appliquer à un fait historique particulier, important et indubitable, qui peut s’inscrire dans un raisonnement par induction, tout en suggérant avec force la signification fondamentale et conceptuelle du type d’événement qui suscite les raisonnements par déduction.
(De très nombreux textes sur le site renvoient à ce phénomène. On peut en voir la première approche encore incertaine dès le 24 novembre 2006, et clairement plus structurée par exemple le 11 novembre 2008. Divers textes de la rubrique DIALOGUES rendent compte de cette méthodologie historique/métahistorique construite sur cette sorte de circonstance, – voir notamment le 12 mai 2010 ou le 3 juin 2010. Bien entendu, la rubrique La grâce de l’Histoire est toute entière baignée par ces diverses références, notamment en les détaillant, leur donnant leur place historique, etc. Enfin, il y a bien entendu le livre Les Âmes de Verdun.)
Cette première approche chronologique mettant en évidence, d’ores et déjà, la dimension historique puis métahistorique, nous invite à passer au volet historique/métahistorique de notre conception du “Mal”… Là aussi, la méthodologie est inductive.
On connaît le schéma historique que nous avons développé. Il est tout entier résumé par ce que nous nommons le “déchaînement de la Matière”, qui a fait l’objet d’un article du Glossaire.dde (voir le 5 novembre 2012).
La description du phénomène historique, avec ses racines et ses constituants, ses effets au travers des systèmes du technologisme et de la communication, justifient à notre sens que l’on puisse parler d’un concept général du Mal englobant l’activité de ce que nous nommons une “contre-civilisation”, justement depuis cette rupture de 1776-1825. Il s’agit là de l’identification du domaine de l’opérationnalité du Mal, selon l’emploi que nous en faisons, et de l’avancement de l’identification et de la définition du Mal non par sa conceptualisation mais d’abord par son opérationnalité. Selon cette méthodologie très simple et compréhensible, le Mal devient concept à partir du constat de son activité opérationnelle, et de l’évolution dans une extrême dynamique d’expansion jusqu’à une quasi-exclusivité de situation, de cette activité opérationnelle jusqu’à nos jours.
Nous prenons soin, et une grande partie du travail de La grâce de l’Histoire y est consacré, de montrer combien cet événement fondamental du “déchaînement de la Matière” a été préparé dans les périodes précédentes, principalement de la Renaissance au Siècle des Lumières, notamment par une formidable action auprès de la psychologie humaine (voir le phénomène du “persiflage”, par exemple le 14 juillet 2010, et surtout, dans le cadre de l’article du Glossaire.dde sur “‘notre’ Psychologie” du 28 janvier 2013). On ne peut bien entendu ramener cet accident métahistorique fondamental du “déchaînement de la Matière” à une explication mécaniste, y compris en s’en tenant au simple constat des faits. Il y a une action auprès de la psychologie, dans un sens particulièrement spécifique et avec des effets fondamentaux influant indirectement mais décisivement sur l’intelligence et les idées, qui dénote une orientation spécifique et prépare un événement (le déchaînement de la Matière). Il va sans dire, – mais toujours mieux, etc., – que les événements historiques qui se sont succédés depuis le tournant de 1776-1825 nous paraissent complètement renforcer cette hypothèse, qui se poursuit aujourd’hui en s’amplifiant jusqu’à une quasi-volonté d’absolutisme et de totalitarisme de situation, avec des événements si évidents dans le sens qu’on dit que nous en concluons que l’histoire est devenue Histoire et métahistoire (ou métaHistoire), pratiquement sous nos yeux et directement. (D’où notre référence constante, sur ce point, au concept d’“époque” employé par Joseph de Maistre pour définir le laps de temps extrêmement court de la Révolution française. Les quelques années que nous vivons, effectivement depuis 2008, sont en soi une “époque”, après l’“époque” de 1999-2001 jusqu’à 2007.)
Très vite et même prioritairement, comme nous l’avons signalé, nous avons détaillé ce que nous nommons l’“opérationnalité” du Mal, que nous avons cherché à décrire dès l’origine de notre travail. Les conditions de notre époque, dont on a vu que nous la considérons comme l’achèvement de “la source de tous les maux”, bref une représentation achevée de l’opérationnalité du Mal, ont puissamment facilité ce travail en même temps qu’elles le rendaient absolument évident, sinon impératif. Cette “opérationnalité” elle-même, son universalité, sa puissance, et jusqu’à la prétention à l’hermétisme du domaine où elle opère (le Système), hors duquel rien ne pourrait se concevoir, sont apparues de plus en plus affirmées ces dernières années, singulièrement depuis 2008, cette année qui, justement, marque pour nous cette nouvelle “époque”. Cela s’est marqué pour nous dans l’avènement du phénomène de constitution de ce que nous nommons le bloc BAO, qui implique l’homogénéisation et l’intégration des pays de l’ensemble américaniste-occidentaliste, produisant une politique systématiquement déstructurante et dissolvante, sans aucune possibilité d’une intervention qui pourrait la modifier, qui peut être alors identifiée comme une production directe du Système, lui-même substantivation du processus historique identifié depuis le “déchaînement de la Matière”.
Cette substantivation, cette constance dans la production d’une telle politique, pouvant sans aucun doute être identifiée comme une “opérationnalité” du Mal, nous ont conduit au constat qu’on pouvait effectivement employer le concept de Mal pour définir cette politique, d’une manière à la fois symbolique et métahistorique. En quelque sorte, et également par induction, l’affirmation du Mal apparaît, naît littéralement, s’impose à partir du constat que toute la production en matière de politique au sens le plus large du mot est faite dans un seul but qui caractérise l’action du Mal, que l’on décrit en le décryptant dans ses phases successives par le processus déstructuration-dissolution, jusqu’au stade ultime de l’entropisation, soit : déstructuration-dissolution-entropisation. Dans ce schéma, les sapiens, comme nous l’avons signalé à plusieurs reprises, ont acquis, dans le cadre d’une réduction radicale de leur importance et de leur influence, une position de comparses, d’exécutants, de figurants plutôt que d’acteurs, – et aussi, éventuellement et selon le nécessaire, surtout pour les restes de nos soi-disant “élites” complètement acquises au Système et d’ailleurs souvent fascinées jusqu'à l'emprisonnement psychologique par lui, une fonction utilitaire, soit de bouc-émissaire, soit d’“idiots utiles”. Les exemples abondent à cet égard, qui montrent soit un suivisme aveugle des figurants-sapiens de cette politique, soit une impuissance complète de ceux qui réalisent cette orientation maléfique et catastrophique, à influer en aucune façon sur cette orientation, soit un utopisme pathologique tenant à des déformations psychologiques, qui pousse à applaudir à cette orientation comme un accomplissement avec des allures métaphysiques, etc.
Ces derniers constats ci-dessus nous conduisent à aborder la position des “être humains”, ce que nous nommons les sapiens dans cette vision générale. (Cette vision est nécessairement et évidemment, sans volonté explicite mais par simple évolution inductive de notre part, une “vision du monde”, – étant entendu qu’il s’agit de “notre monde”, celui des sapiens, celui où ils évoluent, qu’ils prétendent maîtriser, etc., et non “du monde” ou kosmos d’une façon plus générale, dont “notre monde” n’est qu’une partie, ou disons “une dépendance”.)
Nous avons très fermement défini cette position, d’une façon extrêmement simple, dès que nous avons abordé systématiquement ce problème, dans le texte référencé ci-dessus (le 10 septembre 2010). Il y a là une “référence” majeure, du philosophe néoplatonicien Plotin, cité d’une façon précise. (Référence est faite également au livre en développement La grâce de l’Histoire, qui constitue évidemment, lui aussi, une référence majeure pour nous, très développée, absolument constitutive de notre travail). Nous citons un passage à cet égard.
«Notre démarche nous conduit à identifier la matière comme la constitution et la dynamique fondamentales du système, donc la cause fondamentale du mal. Cela s’inscrit dans les conceptions développées dans le livre La grâce de l’Histoire, sur ce système qui s’est formé à la jointure des XVIIIème et XIXème siècle et qui est marqué par le “déchaînement de la matière” (système du technologisme). (Bien évidemment, le terme “matière” nécessite lui-même un très grand effort de définition, auquel nous sacrifierons plus tard. Nous le choisissons ici comme une évidence pour nous, en référence à nos diverses conceptions liées aux réalités de notre crise et de notre Histoire.)
»Sur la précieuse recommandation d’un autre de nos lecteurs, commentant notre conception générale et nous signalant une très grande proximité intuitive, nous faisons référence au philosophe Plotin, créateur de l’école du néoplatonisme. Plotin définit ainsi le mal, qu’il identifie à la matière comme “source de tous les maux”, dans son Traité 51 des Enneades, – où l’on voit la présence constante de la notion de déstructuration :
«“Car on pourrait dès lors arriver à une notion du mal comme ce qui est non-mesure par rapport à la mesure, sans limite par rapport à la limite, absence de forme par rapport à ce qui produit la forme et déficience permanente par rapport à ce qui est suffisant en soi, toujours indéterminé, stable en aucun façon, affecté de toutes manières, insatiable, indigence totale. Et ces choses ne sont pas des accidents qui lui adviennent, mais elles constituent son essence en quelque sorte, et quelle que soit la partie de lui que tu pourrais voir, il est toutes ces choses. Mais les autres, ceux qui participeraient de lui et s’y assimileraient, deviennent mauvais, n’étant pas mauvais en soi.”»
Cette position de sapiens est donc qu’il n’est pas mauvais en lui-même (donc il ne peut en aucun cas être défini par le Mal, ou par le “couple” Mal-Bien, – que nous ne définirions certainement pas comme un “couple” avec partenaires placés dans le même champ, – c’est l’objet de notre travail sur le futur Cahier de dde.crisis). Sapiens lutte avec ses faiblesses, en grand nombre et d’un format impressionnant, qui le rapprochent du Mal, ou y succombe avec comme enjeu la proximité du Mal. Nous donnions dans ce même numéro, sous l’intertitre “Métaphysique de Donald Rumsfeld” l’exemple “opérationnel” d’un sapiens conduit, en deux jours de suite, à agir contre ce que nous considérions avec une précision et une conviction exceptionnelles de notre part, comme le Mal, et pour ce que nous considérions, avec la même précision et la même conviction, comme le Mal, et cela quasiment dans le même élan pour Rumsfeld ; le sapiens-secrétaire à la défense caractérisait ainsi d’une façon presque parfaite ce jeu des faiblesses humaines… (Le cas évoqué ici du discours du 10 septembre 2001 de Rumsfeld est largement documenté en tant que tel et dans les faits, bien sûr sans référence à l’explication que nous offrons ici, sur ce site, le 11 septembre 2001.)
«…Un exemple événementiel exceptionnel nous permet d’exposer ce qu’une approche métaphysique nous permettrait de comprendre des événements en cours, alors que la raison nous conduit dans les méandres d’hypothèses complexes, hasardeuses, dont aucune n’est jamais ni décisive pour la compréhension des choses, ni lumineuse pour la compréhension du comportement des personnages.
»Il s’agit des deux jours du secrétaire à la défense des Etats-Unis Donald Rumsfeld, les 10 et 11 septembre 2001. Le 10 septembre 2001 il fait un discours qui éclaire le cœur de la crise générale pour en dénoncer l'infamie, le 11 septembre 2001 il participe résolument à la transformation de l’attaque en un casus belli contre l’Irak, qui va permettre le déchaînement de l’ennemi qu’il dénonçait la veille (la bureaucratie du Pentagone). Dans les deux cas, Rumsfeld joue deux rôles absolument opposés, l’un contre le mal fondamental de la crise, l’autre exactement inverse. Le cas est si complexe à expliquer rationnellement (y compris avec les imbroglios des complots, dont certains existent mais qui n’expliquent rien de fondamental) qu’on préfère en général “oublier” le discours du 10 septembre, si même, d’ailleurs, on a pris note de son existence.
»Une approche métaphysique de ces deux événements est beaucoup plus enrichissante, en n’emprisonnant pas l’homme dans des postures réclamées par les excès des hypothèses de la raison, y compris dans les champs fixés par avance du bien et du mal. Si l’on y ajoute l’approche qui ne fait de l’homme qu’une annexe épisodique du mal selon les degrés de ses faiblesses qui le rapprochent des errements et des déchaînements de puissance de la matière, la compréhension des événements est encore plus vaste. En d’autres termes, la bonne compréhension de l’ambigüité du comportement humain, qui n’est pas la source du mal mais qui est la faiblesse et l’ivresse devant l’attraction du mal, nécessite l’appel à la métaphysique…»
Cette évolution que nous décrivions, qui nous a mené, par induction rationnelle à la notion de Mal (et non le contraire, qui serait de partir de la notion de Mal comme d’une référence conceptuelle de notre esprit, adoptée d’un domaine préexistant, par exemple de type religieux), cette évolution a la caractéristique fondamentale de réfuter absolument la centralité de l’être humain dans ce schéma. (C’est la raison, la pirouette si l’on veut, qui nous fait adopter, pour le désigner, la dénomination de sapiens, quelque peu désinvolte, si pas outrecuidante, et également peu amène par rapport à ses prétentions vaniteuses de centralité du monde.)
Dans l’exploration des notions métahistoriques et métaphysiques que nous faisons, où le Mal tient une place fondamentale parce que l’exploration de l’époque, de ses fonctionnements, de ses développements nous enjoint absolument de le considérer de la sorte, l’homme-sapiens n’a aucune centralité. Sa position est celle de la marginalité, même pas acteur, à peine figurant, rançon de ses prétentions à forger le monde essentiellement depuis la séquence Renaissance-Révolution (déchaînement de la Matière), alors qu’il n’a été que la dupe de ce grand bouleversement, et éventuellement l’“idiot utile”. (Ce fut pour lui, véritablement, une version nouvelle du “pacte faustien”, où il perd l’essentiel de ses capacités d’influence sur la marche de son monde, au profit d’illusions que lui fait miroiter le Mal-devenant-Système, – comme il est décrit dans ce texte sur “la proximité du Mal”.)
A côté de cela et bien entendu contre cela, existe une opposition formidable et constante à la modernité, qui est la représentation historique et culturelle de la période que nous décrivions, cette opposition venue de divers milieux et courants de pensée (on citera des courants comme la tradition, les “antimodernes”, etc.), cette opposition constante depuis plusieurs siècles malgré les efforts faits pour la réduire, hors des étiquettes et classements convenus, etc. On trouve cette opposition aussi bien inspirée qu’intuitive, mais néanmoins fermement rationnalisée, dans des zones intellectuelles très riches et très diverses, où l’historien et le philosophe de la politique côtoient le poète, l’écrivain, l’artiste en général. Ces occurrences intellectuelles hors-Système et hors-normes témoignent du cas rare mais résilient de psychologies rétives à l’empire du “déchaînement de la Matière”, du Système, du Mal. Ces psychologies ont été touchées par l’intuition fondamentale du caractère absolument maléfique du phénomène que nous sommes en train de vivre, dont nous vivons le développement depuis quelques siècles. Ces psychologies également, par démarche induite, sans nécessairement théoriser leur propre démarche, finissent par désigner “le Mal” et participent à son identification et à sa définition.
Les caractères de ce phénomène sont connus de nos lecteurs, ce qui nous place loin, très loin, – à perte de vue, en vérité, – de la notion de “Mal tout court” citée plus haut, et également du courant des enseignements religieux bien entendu. Cela est du domaine du constat, dit sans émettre quelque jugement ni interdire quelque échappée que ce soit vers tel enseignement, dont le religieux certes, mais il s’agit d’un autre domaine et ce n’est pas notre domaine de réflexion. Pour notre cas d’identification et de définition du Mal, il s’agit du processus que nous résumerons par cet enchaînement déstructuration-dissolution-entropisation, que l’on retrouve dans tous les domaines qui nous importent, que ce soit celui de la thermodynamique, celui de la psychologie, les courants politiques et sociétaux actuels, pseudo-spirituel ou à prétention telle, etc. Cet enchaînement répond parfaitement à la logique du couple dynamique du Système surpuissance-autodestruction. Face à cela, l’inconnaissance pour se tenir hors des griffes du Mal ; et la fonction antiSystème, qui est assurée en conscience par certains, ou opérationnalisée inconsciemment selon les contradictions des circonstances… Les acteurs de la bataille sont ainsi identifiés.
Nous disons quelques mots sur quelques-unes des caractéristiques de l’“opérationnalité” du Mal, telle que nous l’identifions. Ces caractéristiques forment un processus induisant une évolution vers le néant : déstructuration (destruction des formes), dissolution (fragmentation des débris des formes), entropisation (évolution décisive du processus vers une néantisation des débris des formes, dont le processus de l’entropie est une bonne illustration). Il y a là-dedans un travail qu’on peut très bien décrire physiquement, de destruction très systématisée comme s’il existait une sorte de mode d’emploi convenant même à nos activités les plus techniques et rationnellement conçues, un Protocole si l’on veut …
(Cela un peu à l’exemple des techniques de bombardement terroriste d’anéantissement, baptisées “stratégique” pour farder le bébé, des Anglo-Américains durant la Seconde guerre Mondiale : d’abord des bombes explosives pour éventrer les divers bâtiments, – les structures ; puis des bombes au phosphore pour attaquer par le feu les restes et les contenus très inflammables des structures, et développer leur dissolution ; le feu lui-même, qui réduit à néant ces choses et le reste, dénués de protection puisque complètement dissoutes. Timothy Hitchens, commentateur et auteur trotskiste devenu libéral-interventionniste selon un parcours classique et bien fléché, donc devenu bien en cour dans le Système, avait raison de reconnaître une sorte d’“intention métaphysique” dans la représentation notionnelle de ces bombardements, jusqu’au baptême de l’opération d’attaque de Hambourg pendant une semaine de l’année 1943 par la RAF, – nom de code, Sodome & Gomorrhe, – sauf que nous y verrions, nous, une dimension métaphysique invertie, ce qui est la ruse suprême du Mal… Tout cela n’a bien entendu rien à vois avec le débat-sapiens et pseudo-historico-moralisant sur la Deuxième guerre mondiale, sujet favori de la chose puisque dissimulant l’essentiel, et tout avec le déchaînement de la Matière et le système du technologisme. Historiquement et selon notre rangement, il s’agit du passage du “flambeau” de l’“idéal de puissance”, de l’Allemagne au monde anglo-saxon, aux USA précisément, – et les bombardements, tels que décrit, avec le commentaire du trotskiste-devenu-libéral de service, ont leur force de symbole.)
L’intérêt de cette “formule”, de cette interprétation de l’opérationnalité du Mal, tient à son universalité, comme un phénomène fondamental de “notre monde”, ce qui renforcerait alors l’idée du Mal jusqu’à ouvrir la voie vers la notion du Mal en général, d’un point de vue métaphysique. Cette formule permet d’interpréter l’évolution du processus à tous les échelons où cela peut être considéré. Bien entendu, sans parler d’une “démonstration scientifique” dont nous sommes à mille lieues, nous observons que tous les constats, les analyses, les perspectives historiques, permettent de confirmer cette sorte de processus. On a vu à plusieurs reprises combien la loi dite MEP [ou MaxEP : Maximum Entropy Production], ou Troisième Loi Thermodynamique, dite de l’Entropie, ou d’entropisation selon nous, suivrait effectivement le même processus dans ce sens jusqu’à affecter les civilisations elles-mêmes, mais toujours par la voie de l’évolution physique. Il s’agit là de l’interprétation la plus basse dans la hiérarchie des valeurs, mais on y trouve le même cheminement. L’essentiel à observer est que ce processus existe et se retrouve à tous les échelons, à partir de la matière elle-même et divers domaines de la même valeur, ces échelons au-dessus étant la psychologie, l’idée et l’intelligence elle-même, la spiritualité elle-même (celle-ci considérée alors à l'état de pseudo-spiritualité et de peu d’intérêt sinon pour renforcer le constat du processus). La séquence déstructuration-dissolution-entropisation touche effectivement l’intelligence, non par la destruction des idées (au contraire, les idées prolifèrent), mais par la dégradation (la déstructuration-dissolution) de la qualité de ces idées, de la force de leur substance, de la solidité de leur armature ; la fatigue de la psychologie, elle-même touchée par le processus décrit, conduit effectivement à cette perte de fermeté de l’intelligence, à sa dissolution. (La “spiritualité” en mode pseudo n’existe et ne se développe évidemment qu’accordée aux mêmes caractères.)
La prolifération des idées (comme la prolifération des contestations, des interprétations, des hypothèses de complots) constitue en fait une dissolution de l’intelligence déstructurée et une marque de la raison subvertie. La question qui se pose alors est de savoir où et comment ce processus peut déjà être arrêté ; car il peut l’être, sans aucun doute, comme en fait foi, par définition, cette description critique du processus… C’est là que nous parvenons aux questions essentielles qui touchent à la métaphysique, non pour interpréter le Mal sans autre intention, mais pour contrecarrer le Mal, pour le contre-attaquer en le mettant à nu (une interprétation destructrice du Mal). Nous pensons à cet égard que l’inconnaissance est une arme puissante puisque, par définition, elle refuse de s’intéresser directement à la prolifération des idées (dissolution de l’intelligence) en prônant une attitude sélective et critique à cet égard. Par conséquent, on écarte d’autant le danger pour celui qui la manifeste de l’infection du Mal.
Pour conclure à ce point, nous observerons que nous avons essentiellement décrit l’opérationnalité du Mal, même pas constitué en concept mais simplement observé en tant que force en action d’une façon universelle et devenue presque exclusive aujourd’hui. Cette situation a l’“avantage” effectivement de pouvoir faire identifier le Mal, non pas conceptuellement mais opérationnellement, – et c’est de là que devrait et que devra se déduire le concept. Mais cela nous paraît évident et simplement ressortir d’une lecture attentive de nos diverses analyses, et ne mérite par conséquent pas beaucoup plus d’explications. D’autres aspects évoqués comme contre-arguments doivent également recevoir une certaine attention. Ainsi observera-t-on que “notre explication du monde” est, pour nous, une notion vide, dans la mesure où nous menons une exploration du monde, une enquête sur le monde, ayant déterminé que depuis le déchaînement de la Matière, ou déchaînement de la modernité après tout, le monde a complètement changé, avec l’omniprésence du Mal qui s’affirme aujourd’hui, et cela nécessitant une révision de toutes les analyses, conceptions et explications qui avaient cours jusqu’alors. Peut-être ainsi atteindrons-nous ou atteignons-nous une explication, une conception du monde spécifique, mais ce sera (c'est) toujours par la voie inductive résolument éclairée par l’intuition haute qui permet de tenir à distance les effets de la proximité du Mal, notamment en suggérant des attitudes comme celles de l’inconnaissance.
Notre observation conclusive fondamentale à ce point (déjà suggérée plus haut) est qu’on ne se trouve pas, avec cette omniprésence du Mal et malgré son origine telle que nous la concevons, dans un domaine purement mécanique. Le processus décrit, par sa diversité propre, par la diversité des domaines qu’il touche, suggère qu’il constitue lui-même une technique de dissimulation dépendant d’un projet précis et construit, dont la tromperie pure à l’encontre de son “objectif” humain, qui est traité en interlocuteur à qui il semble être offert une variété d’options elles-mêmes dissimulatrices du but final, est l’outil principal. Il y a dans ce constat suffisamment de développements sans liens mécaniques entre eux pour substantiver largement l’hypothèse selon laquelle, effectivement, l’“on ne se trouve pas… dans un domaine purement mécanique ”. L’alternative pour la recherche d’une explication acceptable ouvre évidemment et nécessairement le champ de la métaphysique.
La situation que nous connaissons aujourd’hui, qu’on peut si précisément décrire, est justement un Moment absolument exceptionnel où une interférence métahistorique directe, également exceptionnelle, nous est offerte. C’est ce Moment où les règles générales habituelles de dissimulation du Mal ne sont plus observées ; où le Mal apparaît “à visage découvert”, à la fois dans sa technique, dans son opérationnalité et dans ses intentions. C’est cet aspect que nous présentons dans le Cahier de dde.crisis, que nous synthétisons dans notre présentation du 4 janvier 2013 :
«Nous nous attachons à un autre point, à partir du constat de l’extrême “proximité du Mal”, de sa représentation en tant que Mal sans maquillage ni dissimulation. Le Mal s’exprime en effet dans l’extrême totalitarisme du Système, c’est-à-dire qu’il s’exprime à ciel ouvert. Il est ce qu’il est et il ne s’en cache pas, et le sapiens quand il devient sapiens-Système dans son état d’extrême faiblesse, est à l’image du Système. On a l’exemple permanent de cette réalité dans ces temps où l’argent règne en maître, au nom d’une doctrine qui affiche son extrémisme déstructurant, nihiliste et entropique comme s’il s’agissait de la pure vertu. C’est bien en cela, dans cette découverture totale du Mal qu’est le Système, que réside l’exceptionnalité de la période.
»Or, nous disons que ce totalitarisme, cette “sincérité” du Mal est ce qui le perdra…»
C’est dans cette occurrence extraordinaire dont une partie très spectaculaire est décrite dans ces quelques lignes qu’on peut voir confirmé le fait de l’exceptionnalité du Moment, avec cette opérationnalité du Mal “à visage découvert”. C’est ce qui fait que l’histoire est désormais, pour ce Moment justement, complètement une métahistoire. Les forces suscitées et libérées par réaction à cette affirmation du Mal, pour entraver et repousser sa puissance et sa progression, sont en effet, elles, nécessairement, purement métaphysiques. C’est pour nous un constat fondamental, toujours acquis par induction : la puissance extraordinaire de ce que nous appelons le Mal, le quasi-hermétisme ou la prétention à l’hermétisme et à la réduction du monde à soi du Mal, conduisent, pour appréhender la situation et combattre le Mal, à rechercher et à rencontrer des voies d’explication, évidemment métaphysiques, qui ne peuvent plus se contenter des habituelles dissertations de notre raison réduite aux acquêts de la modernité depuis la Renaissance (la raison subvertie par la modernité, pour nous).
C’est donc à partir de ce constat que nous devons poursuivre l’étude de cette question du Mal, au travers de sa manifestation aveuglante et presque parfaite dans cette «époque» de “notre monde”. Comme l’on voit, et comme cela est évident par ailleurs dans le texte référencé du 4 janvier 2013, la “question” du Bien se pose pour nous en de tout autres termes que celle du Mal, en n’étant pas en réalité une “question”, ni un choix, ni un affrontement, etc., donc hors de toute problématique de “couple” (Mal-Bien), dans la mesure où ce qu’on nomme “Bien”, hors de toute interprétation morale, est par définition la nature structurée du Monde (du kosmos), – et le Mal pouvant alors être effectivement défini comme “absence de Bien”, et nullement comme un des deux acteurs d’une notion d’affrontement Mal contre Bien qui n’est pas du tout dans notre conception… (“Absence de Bien”, comme Lucien Jerphagnon rappelant cette conception du philosophe Plotin : «Qu’il y ait du mal dans ce monde, ce n’est pas douteux, mais il n’est que privation du bien....) Dans ce “Moment exceptionnel” où le Mal est partout dans le Système qui prétend verrouiller hermétiquement “notre monde”, et nécessairement, par les moyens techniques disponibles (système de la communication), où le Mal est non seulement “privation du Bien” mais usurpation du Bien, il apparaît évident que pour nous le seul problème qui permette au sapiens d’aborder d’une façon opérationnelle le domaine du Bien est de définir, d’identifier, de combattre le Mal, et de se tenir à cette mission. Le Mal est la référence fondamentale qui nous conduit au champ de la métaphysique, où nous pouvons identifier son caractère d’inversion, sa représentation dans le Système, d’où seulement nous pouvons nous libérer du Système pour mieux l’affronter. Il s’agit d’une approche opérationnelle et pragmatique mais qui, à cause de la présence dynamique et universelle du Mal, nous conduit bien au-delà de la réalité opérationnelle du monde, justement vers la métaphysique. Dans cette époque extrême, la confrontation avec le Mal détermine le sens de la vie elle-même et, par conséquent, conduisant vers ce qu’on pourrait distinguer sous le nom de Bien.
On notera enfin que tout cela est constant chez nous…Notre attachement à la problématique du Mal tient à une circonstance “opérationnelle” qui est l’exceptionnalité de cette époque, d’une part ; ce constat, et l’étude que nous en faisons nous conduisent à conclure que le Mal est le problème métaphysique fondamental auquel sapiens est confronté pour le temps présent, et qu’à partir de ce point et de l’étude qu’on en fait le reste, y compris le Bien, doit en être déduit, d’autre part. Ainsi pouvons-nous terminer en citant à nouveau le numéro de dde.crisis du 10 septembre 2010 (nous avons rajouté le souligné en gras), montrant que cette appréciation est évidemment naturelle à notre démarche générale.
«[…L]a “crise de la civilisation” en général, est une crise dont nombre de caractères, si pas tous les caractères sont fondamentaux, à ce point qu’ils nous paraissent être d’une certaine façon “ultimes”, – si bien que l’on pourrait parler d’une “crise ultime” et, d’un point de vue presque objectif, débarrassé de l’urgence de l’instinct de survie, – d’une “crise sublime” en ceci qu’elle rassemble tous les mystères de l’humanité et de l’espèce. Il nous semblait intéressant, de ce fait, de tenter d’en approcher le point central de fusion plutôt qu’évoquer les possibilités de sauvegarde (certains diraient “rédemption”), parce que ce “point central” rassemble ce qu’il y a à la fois de plus profond et de plus réel dans notre crise d’une part ; parce que son évocation suggérera évidemment, sinon imposera, par logique antinomique, les “possibilités de sauvegarde” d’autre part, comme le mal suscite le bien par nécessité antinomique, – ce qui est exactement le cas, finalement. La conjonction de la profondeur et de la réalité de la crise rapproche de la vérité de la crise.»