Il y a 3 commentaires associés à cet article. Vous pouvez les consulter et réagir à votre tour.
532210 avril 2013 – Ah, les termites ! Il nous arrive souvent d’évoquer cette image des termites, et la dernière fois encore le 28 mars 2013. Notre référence historique de son emploi dans nos textes est très précise à cet égard. Nous l’introduisons aussitôt, à partir d’un texte de notre site dedefensa.org du 22 septembre 2008 (sept jours après le déclenchement de la phase paroxystique de la grande crise financière de l’automne 2008). Ce texte se référait, – et citait, – un article-éditorial de Charlie Cook, dans le National Journal du 2 septembre 2008… Et nous intitulions tout cela “la fable des termites et des conduites pourries”, songeant que monsieur de La Fontaine aurait pu en faire son miel (sous le titre bien dans sa manière : “Les termites, le loup et les conduites infâmes”.)
(Les “conduites pourries” renvoyaient à l’exemple de la situation des conduites d’eau alimentant New York, décrites comme étant dans un tel état de dégradation, – symbole de l’action des termites, – que l’on n’osait interrompre le circuit d’eau pour un examen de peur que certaines d’entre elles se désagrègent, ne tenant plus dans leur forme opérationnelle qu’à cause de la pression de l’eau…
«In a recent meeting with editors and reporters at National Journal, New York City Mayor Michael Bloomberg said that his city's officials are afraid to shut off the water to allow close inspection of some fragile pipes because the water pressure might be the only thing keeping them from collapsing.»)
Un passage de l’éditorial de Cook suggérait évidemment l’image des termites que nous employons, – lesquelles termites n’ont cessé depuis cette citation de s’en donner à cœur joie, sur le sujet mentionné :
«On the subject of budget deficits, Gallagher is fond of quoting the late economist Herb Stein, who said that the problem isn’t that wolves are at the door, it's that termites are in the foundation. Some of our country's problems are termites, not wolves. Unfortunately, as Gallagher warns, our system is geared more toward dealing with wolves.»
Voici le passage du texte qui présente cette “fable” adaptée à la situation de notre époque…
«Sous forme de fable, encore une autre, cela pourrait [aussi] s’appeler : “les termites et les loups”. On s’équipe, on se barde de législations, éventuellement d’armements, dans tous les cas d’anathèmes et de principes moraux contre les loups dont on imagine qu’ils sont là, à votre porte, prêts à vous attaquer. Pendant ce temps, les termites croquent les fondations sur lesquelles tout votre précieux édifice repose. C’est ainsi que sont décrits l’économie US et ses problèmes; mais l'image ne pourrait-elle également être présentée pour caractériser notre (celle des USA mais aussi la nôtre) perception de l’ordre moral du monde; nos valeurs objectivement universelles sous la menace des attaques extérieures des barbares, alors qu’en réalité ces valeurs, avec le conformisme et le virtualisme qu’elles installent chez nous, rongent notre équilibre, notre perception du monde, et jusqu’à notre psychologie elle-même? Cela ne pourrait-il être également le cas de notre puissance, tournée vers l’Ennemi extérieur (le barbare, suite), et dont le développement pléthorique, l’entretien inefficace, la gestion bureaucratique nous minent comme font les termites, et nous épuisent enfin?»
Lorsque nous choisîmes cette image des termites, nous le fîmes “innocemment” en un sens, sans encore en développer les perspectives, jugeant simplement qu’il s’agissait d’une image correspondant bien à la situation d’alors. Il s’agissait pourtant de la situation générale, plus particulièrement de ce que nous nommons aujourd’hui “bloc BAO”, mais il n’était pas encore question d’une façon quasiment institutionnelle, dans notre discours, de ce bloc BAO, du Système majusculé, de sa crise générale présentée comme “la crise d’effondrement du Système”, etc. Effectivement, notre appréciation a évolué radicalement comme on le sait, depuis septembre 2008, dans le sens de l’élargissement, de l’approfondissement, de la généralisation du processus. L’image des termites a joué son rôle dans cette évolution intellectuelle et dialectique, rôle modeste certes, plutôt d’illustration symbolique, mais important dans ses effets par la puissance de la signification du symbole. (Bien entendu, parlant de l'activité des “termites”, nous ne nous en tenons pas au seul exemple mentionné qui ferait penser que cette image recouvre essentiellement des situations infrastructurelles mécaniques, ou d'autres grands mécanismes de cette sorte. Les activités humaines, notamment de contestation, – Ron Paul, Tea Party, Occupy aux USA, “indignés” enEurope, etc, – sont à ranger dans cette catégorie des termites, non par leurs effets directs mais par leurs effets indirects contribuant à miner et à dégrader la stabilité générale de la situation-Système.) Il nous paraît par conséquent et en toute justice, le temps venu, par l’intermédiaire de ce Glossaire.dde, d’intégrer les termites d’une façon définitive et officielle dans notre arsenal conceptuel (et opérationnel, pour ce cas), dans la catégorie de de l'antiSystème.
Aujourd’hui, l’image des termites se prête admirablement à la conception que nous avons de la forme opérationnelle de cette “crise d’effondrement du Système” qui est en train de se faire sous nos yeux (ou bien “sous nos pieds”, l’expression étant plus appropriée). En effet, loin de percevoir cette crise comme une gigantesque explosion, une sorte de Big Bang inversé, dans le sens de la destruction explosive et paroxystique (du Système), nous la percevons au contraire comme un processus silencieux et souterrain de désagrégation des structures, des fondations, de tout ce qu’il y a de solide et de rangé dans le Système. Il s’agit bien de la formule opérationnelle du Système (déstructuration-dissolution-entropisation) retournée contre lui-même, selon la logique de son équation dynamique fondamentale surpuissance-autodestruction, où la surpuissance d’abord figurant l’activité du Système, activité offensive de destruction du monde, finit par se retourner contre lui-même en se transformant, au bout de sa logique, en une activité paradoxalement “offensive” de destruction du Système par lui-même.
A côté des explications conceptuelles qui sont évidemment fondamentales, telles que l’infraresponsabilité et la politique-Système, cette représentation de la termite est pour nous un élément important de la situation telle que nous la percevons, et une explication opérationnelle acceptable de la situation générale telle qu’elle se manifeste au niveau des “politiques” humaines, de leur désordre, de l’incompréhensibilité et de l’incontrôlabilité des dynamiques qui les animent. Littéralement, nous dirions presque “sismiquement”, ces “politiques” humaines sont développées sur un surface mouvante, changeante, tectonique, qui est le résultat du travail souterrain (les termites) en train de se faire, qui n’est rien d’autre que la crise d’effondrement du Système en train de se faire. Elles sont donc incontrôlable et incompréhensibles, et désordre pur… Cela explique bien entendu que nous nous croyons fondé d’affirmer, effectivement, que cette “crise de l’effondrement du Système” n’est pas à venir, à prévoir, etc., mais bien en train de se faire ; et cette situation particulière, autant que la forme particulière de la crise, expliquant que nous ne puissions rien prévoir de précis de ses manifestations, ni dans la forme, ni dans le moment… Les termites travaillent, mais nous ne connaissons ni leur programme, ni leur “feuille de route”, ni leurs objectifs finaux.
Bien entendu, ces différents concepts (“crise d’effondrement du Système”, “déstructuration-dissolution-entropisation”, etc.) sont et seront définis à part, avec la recherche de toutes leurs modalités, de leurs fonctionnements, de leurs effets, et de leurs significations profondes en général. Tout cela ira naturellement beaucoup plus loin que cet article sur “les termites”, qui ne concerne qu’un aspect très partiel des phénomènes qui nous importent. L’image des termites et la fable “les termites et les conduites pourries” ne sont que la représentation symbolique du processus opérationnel de ces concepts fondamentaux, et elles portent exclusivement sur les moyens de ce processus. C’est à cet aspect que nous nous tenons pour ce Glossaire.dde, de façon à ce que la référence aux “termites” soit mieux compréhensibles dans nos textes. Cette référence n’est donc nullement accidentelle ou limitée ; elle implique effectivement elle-même une référence constante extrêmement importante, sinon essentielle, à la situation générale, qui est celle de la forme extrêmement particulière et originale de la “crise d’effondrement du Système”.
Il n’empêche, cet article du Glossaire.dde est aussi un hommage. En l’occurrence, pour leur travail souterrain, silencieux, efficace, contre le Système, la termite peut-être sacrée à cette occasion et pour la séquence, “meilleure amie de l’homme”, c'est-à-dire fondamentalement antiSystème. Grâce lui en soit rendue.
Forum — Charger les commentaires