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374Mikhaïl Gorbatchev a fait des déclarations intéressantes au Daily Telegraph, le 6 mai. Il développe une critique très radicale de la politique des USA et accuse cette puissance de vouloir développer une nouvelle Guerre froide contre la Russie. Mais, surtout, Gorbatchev estime implicitement que cette politique est le produit d’une situation d’emprisonnement du gouvernement US du complexe militaro-industriel.
«Delivering one of his most scathing attacks on the US, Mr Gorbachev told The Daily Telegraph that a US military build-up was under way to contain a resurgent Russia.
»From Nato's expansion plans in the former Soviet Union to Washington's proposals for a bigger defence budget and a missile shield in central Europe, the US was deliberately quashing hopes for permanent peace with Russia, Mr Gorbachev said.
»“We had 10 years after the Cold War to build a new world order and yet we squandered them,” he said. […] “The United States cannot tolerate anyone acting independently. […] “Every US president has to have a war.”
(…)
«“The problem is not with Russia,” he said, speaking at a friend's château outside Paris. “Russia does not have enemies and Putin is not going to start a war against the United States or any other country for that matter. Yet we see the United States approving a military budget and the defence secretary pledging to strengthen conventional forces because of the possibility of a war with China or Russia. I sometimes have a feeling that the United States is going to wage war against the entire world.”
La déclaration la plus importante de Gorbatchev, à laquelle le Daily Telegraph, tout occupé en bon automate du domaine et du système à fulminer à propos de la situation des droits de l’homme en Russie, ne prête qu’une attention distraite, concerne l’importance du complexe militaro-industriel (CMI) dans l’action du gouvernement US, – c’est-à-dire, bien entendu, ce gouvernement complètement soumis à une politique que détermine la poussée dynamique du CMI. Gorbatchev «railed against a “military-industrial complex” that he insisted was the “real government” of the US», écrit le Telegraph sans avoir aucun commentaire particulier à faire à ce propos. (Le silence semble en général le commentaire favori des médias occidentaux lorsqu'on aborde un sujet un peu délicat pour les consignes générales de propagande qui sont suivies par eux.)
Il est donc excellent d'entendre déclarer une telle vérité qui fait partie des sacrilèges de notre langue de bois traditionnelle dans la bouche d'un personnage politique de cette importance, – en plus, orfèvre en la matière. La déclaration reflète une pensée sans aucun doute générale en Russie, et notamment dans la direction russe.
Gorbatchev sait de quoi il parle quand il parle du “complexe militaro-industriel”, puisqu’il eut le sien à une époque, et qu’il porte la distinction assez exceptionnelle de l’avoir vaincu. C’est l’interprétation de James Carroll, reproduite le 20 juillet 2006 sur ce site: «And look at the greatest example of that change — it took place in the Soviet Union, which dismantled itself. Instead of blaming everything on the enemy outside, it actually confronted its own corruptions, and took itself apart. That great event of the 20th Century — the non-violent demise of the Soviet Union — is something that we Americans should look much more closely at as a source of hope.»
Mis en ligne le 8 mai 2008 à 17H47