Gordon Brown et l’inévitable soupçon de Washington

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Le temps de la suspicion est né entre Washington et Londres. Question de perception, après l’ère du pharamineux Tony Blair. Le nouveau Premier ministre, bien qu’il ait ici ou là, dans telle ou telle déclaration, pris les précautions d’usage pour tenter de rassurer les alliés US, est nécessairement soumis au soupçon. En l’occurrence, le soupçon porte sur le choix de certains ministres dans le remaniement ministériel qui a accompagné l’arrivée de Gordon Brown au pouvoir. Ces ministres, par ailleurs placés à des postes importants, sont perçus à Washington comme “anti-guerres” (pas assez enthousiastes pour la guerre en Irak) et, par conséquent, semblent justifier le soupçon par leur seule présence. Le soupçon touche également la première rencontre Brown-Bush depuis l’entrée en fonction de Brown.

Un article du Times, aujourd’hui, présente ce cas du soupçon. D’une façon assez caractéristique, il est composé à partir de sources précisément identifiées comme venant du Pentagone. C’est le signe que, dans l’architecture aujourd’hui branlante et complètement éclatée du pouvoir à Washington, c’est le centre de pouvoir le plus puissant qui s’inquiète des tendances du gouvernement Brown, et, sans doute, pour des supputations bien concrètes (crainte d’une réduction de l’engagement militaire britannique, voire crainte au niveau de la coopération militaire). Si l’on tient compte également du caractère assez peu idéologique d’un Pentagone placé sous la direction du modéré Gates, c’est le signe que ce soupçon à l’encontre de Brown a peu à voir avec les positions de Brown. Il se nourrit de lui-même, par le seul fait que Brown n’est pas Blair, que Blair a été perçu à Washington comme insurpassable en fait d’alignement sur Washington, que tout PM qui n’est pas Blair est par conséquent nécessairement soupçonnable. Plus qu’un jugement reposant sur des faits, c’est une mécanique logique à l’intérieur d’un système qui a ses propres conceptions et sa perception spécifique. On doute que Brown soit quitte avant longtemps du soupçon de n’être pas Blair et on se doute que ce soupçon, dans l’atmosphère paranoïaque de Washington, ne pourra que continuer à prospérer.

Voici quelques remarques du Times :

»Although the new Prime Minister emphasises his belief in the importance of Britain’s relationship with President Bush and the US, he has also delivered what one Pentagon source described yesterday as “some conflicting signals”.

»The same source said that “eyebrows had been raised” over the decision to give a senior ministerial job at the Foreign and Commonwealth Office to Lord Malloch-Brown, the former Deputy UN Secretary-General, who has attacked Mr Bush’s “megaphone diplomacy” and America’s attitude to multilateralism.

»John Bolton, the former US Ambassador at the UN, with whom Lord Malloch-Brown clashed repeatedly, has already described the appointment as an “inauspicious” beginning to the new Government.

(…)

»[Foreign Secretary Margaret Beckett] was subsequently replaced by David Miliband, who is known to harbour doubts over the Iraq war. Last year he intervened in a Cabinet meeting to question why Britain was not taking a stronger position against Israel’s military action in Lebanon.

»The White House will have noted also the appointment last week of John Denham, who resigned from government over the Iraq war, and Harriet Harman, Labour’s new deputy leader, who has suggested that the party apologise for supporting the invasion.

»Mr Brown, who had a carefully arranged “drop-by” meeting with Mr Bush and his national security adviser, Stephen Hadley, earlier this year, is expected to have more formal talks with the President before the end of the summer.

»Downing Street indicated that the trip could be as early as next month. Sources in Washington have suggested that Mr Brown may prefer to delay until September when he could “draw the sting” of being seen with Mr Bush — a hugely unpopular figure in Britain — by combining the visit with the Clinton Foundation’s annual conference in New York and a meeting of the UN General Assembly.»


Mis en ligne le 2 juillet 2007 à 06H05