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848Le Brésil avait fixé au 2 octobre 2009 la limite pour les trois concurrents de son programme de nouveaux avions de combat, le F-X2. Le même jour, le groupe Forecast International, Inc./DMS diffusait une information venue du même Brésil, démentant une précédente information diffusée par la société brésilienne Embraser, selon laquelle Embraer aurait affirmé sa préférence pour l’offre suédoise portant sur l’avion Gripen JAS39 NG. La chose avait été diffusée le 28 septembre par le site brésilien Valor Online.
«Valor Online quoted Orlando José Ferreira Neto, Embraer's deputy chief executive for the defense market, as saying that after reviewing all three proposals, Embraer's management determined that the Gripen NG bid was more attractive because Saab's offer of technology transfer and manufacturing know-how would allow Embraer to learn how to build fighter aircraft.
»The Brazilian defense minister quickly responded to the report, saying that the Brazilian Air Force will not take Embraer's views into account when selecting a bidder. Embraer later issued a statement on its Web site claiming that despite Valor Online's report, the company had no preference among the bidders for the F-X2 program.»
Cette mise au point reflète une bataille formidable en cours au Brésil, au niveau technique, entre les trois offres (en plus du Gripen, le Rafale français et le Super Hornet US) – cela malgré le choix politique en faveur du Rafale fait par le président Lula – ou, plus justement dit, à cause de ce choix, pour tenter de le renverser… L’offensive est essentiellement menée par le Gripen, et non par le Super Hornet, comme on aurait pu le croire. Surprise? Pas sûr, la surprise…
@PAYANT Surprise, mais sans véritable surprise… Les milieux industriels qui suivent cette cette affaire observent en effet que le principal concurrent du Rafale, ce dernier évidemment favori incontestable à cause du choix politique officiellement déclaré du président brésilien Lula, est le Gripen, du suédois SAAB et non l’avion US Super Hornet. Les caractéristiques de l’offre suédoise paraissent à certains absolument surréalistes, avec l’argument de l’évidence dans ce sens. Les Suédois offriraient un transfert complet de technologies d’un avion qui n’est pas encore achevé, ce qui impliquerait que les Brésiliens (Embraer, justement) participeraient effectivement à la conception et au développement de l’avion, en ayant accès à toutes les technologies. L’offre est d’autant plus inhabituelle, sinon extraordinaire, que le Gripen comprend une part très importante de technologies US, qu’on situe entre 40% et plus de 50%, lesquelles sont en principe et en pratique soumise aux restrictions draconiennes habituelles avec les technologies US, notamment lorsqu’il s’agit d’un transfert vers un pays tiers. Les Suédois semblent ne pas considérer cela comme un obstacle.
A Bruxelles, des milieux diplomatiques ont une explication hypothétique concernant cette situation. Elle tient au fait que les Américains, confrontés à la décision de Lula en faveur des Français et à l’attitude extrêmement ferme des Brésiliens de défiance vis-à-vis des USA, auraient décidé d’abandonner tout espoir vraiment sérieux d’obtenir ce marché. Leur but principal serait alors devenu de tenter par tous les moyens de contrarier, voire de renverser le choix politique en faveur du Rafale. Les USA ont toujours considéré que les Français sont leurs plus redoutables adversaires, notamment avec la dimension politique qu’implique la politique naturelle de la France, et qui est particulièrement vigoureuse avec l’offre faite au Brésil. Leur choix aurait donc été de soutenir indirectement l’offre suédoise, et il le ferait avec leur alacrité coutumière, en faisant des promesses étonnantes aux Suédois quant aux conditions de contrôle des technologies US dont le Gripen est porteur.
«C’est un véritable montage, explique une source diplomatique européenne. Les Américains auraient promis aux Suédois qu’ils pourraient disposer de toutes les possibilités de transferts de technologies possibles, donc y compris les technologies US dont le “Gripen” est farci, pour leur offre aux Brésiliens. J’ignore qui a cru qui, parce que tout le monde sait bien qu’une telle affirmation est complètement farfelue, à cause de la législation ITAR, du Congrès et de tout ce qui s'ensuit…» Il semble, à cette lumière, qu’on puisse faire l’hypothèse que les dernières mises au point brésiliennes, du ministre de la défense et d’Embraer, et Embraer suivant sans doute avec prudence les impulsions officielles de ce point de vue, montrent que le Brésil paraît manifester une certaine incrédulité à l'égard de l'offre suédoise.
Mis en ligne le 5 octobre 2009 à 09H02
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