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395Justin Raimondo fait une chronique intéressante et, somme toute, assez étrange, sur Antiwar.com, ce 2 novembre 2010. Bien entendu, il est question des élections.
Cette chronique se divise en deux sentiments (plutôt qu’en deux parties), complètement à l’opposé. Pour nous (voir plus loin, “Notre commentaire”), il s’agit en réalité d’une situation idéale… Les deux sentiments de Justin, suivis de quelques extraits choisis :
• D’une part, c’est “un désastre pour la paix” (“a disaster for pêace”), vu le nombre de républicains bellicistes, pseudo-neocons, allumés du bellicisme, plus pro-israéliens que Netanyahou, etc., qui vont peupler les travées de la Chambre notamment.
• D’autre part, la situation pourrait être intéressante («…results should be … interesting»), à cause des contradictions potentielles qui pourraient venir au jour, des limites des moyens US, de la profondeur de la crise US et ainsi de suite.
«…As “ForeignPolicy.com” puts it:
»“Most incoming Tea Party candidates don’t focus on foreign policy, but many will owe allegiance to DeMint because he has been filling their campaign coffers. They could be inclined to follow suit with his unilateralist, militaristic worldview, which many see as based on his neoconservative ideology rather than a realistic pursuit of U.S. interests in [a] multipolar world order.”
»One example of his influence over the tea party candidates: DeMint was an early endorser of Rand Paul, whose move toward neoconnish foreign policy positions provoked my ire in this column. Now that Rand has been elected, will he embrace the neocons, or will he stay true to his nationwide libertarian constituency? Of course, if we were talking about his father, Ron Paul, we would have nothing to worry about. As it is, however … […]
»The big problem with a Republican-dominated House is that those GOPers who take an interest in foreign policy issues are invariably hawks: these are the committed neocons, like Cantor and Kyl. The tea partiers, for their part, avoid the issue, focused exclusively as they are deficits, taxes, and budget-cutting.
»There is, however, a silver lining to all this: the Empire is going bankrupt. Our invasion of Iraq is estimated by economist Joseph Stiglitz to cost some 3 trillion dollars, when all is said and done. Neocons Bill Kristol and the heads of the American Enterprise Institute and the Heritage Foundation came out with an op ed warning the tea party types not to go near their precious “defense” budget with the cost-cutter’s knife. But the tea partiers are unlikely to listen to Kristol & Co., or, indeed, any members of the Republican establishment, who, after all, presided over the spendthrift Bush administration all the while proclaiming their support for what they called “big government conservatism.” […]
»Aside from the fact that the war did not lift us out of the Depression – see Robert Higgs for the real story – this scenario is perfectly credible. As a self-described political pragmatist, the President is prone to taking the easy way out, and while the economy may not improve as war preparations are ratcheted up, this is not likely to deter either Obama or his Keynesian economic advisers, who believe that any and all government spending – including military spending – is the key to recovery.
»In the short term, the contours of the electoral disaster for the antiwar movement are large, but in the mid-to –long term the contradictions of the “tea party” movement may start to rip this winning coalition apart. Are “defense” expenditures and extravagantly expensive “nation-building” projects boondoggles, or are they essential for the survival of the Republic? This is a debate that will break out in the GOP sooner rather than later, and the results should be … interesting.»
@PAYANT “Désordre”, disions-nous et ne cessons de répéter… Désordre, également, dans cette question de politique extérieure avec ses rapports avec la politique intérieure, et cela, à l’intérieur même du parti républicain.
L’alarme initiale dans l’article de Raimondo est curieusement démentie par d’autres précisions qui suivent. Personne n’ignore que l’establishment républicain, surtout à la Chambre, est mangé jusqu’à l’os par l’influence israélienne et par l’influence des neocons. Rien de nouveau dans ce cas, et la Chambre actuelle, qui s’achève le 31 décembre, est du même acabit, d’autant que les démocrates n’ont jamais joué le moindre rôle de contrepoids, s’alignant aveuglement sur la ligne israélo-neocon. Cela dit, la chose ne nous a pas pour autant donné une attaque contre l’Iran, malgré de multiples alarmes et de multiples prévisions de multiples experts bien renseignés à cet égard. Les mêmes fous, – ou «megalomaniacal neoconservatives who are more in need of mental attention», selon Dennis Kucinich, – seront toujours en service à la Chambre qui sera inaugurée le 1er janvier 2011.
Mais deux éléments très nouveaux, et très intéressants, seront également présents. Raimondo les mentionne effectivement, et il ne leur donne pas assez l’importance qui est leur dans la tonalité générale de son article.
• Le Pentagone est dans un état de coma avancé, comme on ne cesse de le constater chaque jour (voir le Bloc-Notes de ce même 3 novembre 2010), cela avec un budget vertigineux. Rien ne montre que cet Himalaya de $milliards que constitue son budget puisse faire quelque chose pour le monstre, et tout montre que quelques pelletées de $milliards de plus ne feraient qu’aggraver la situation en alimentant prioritairement l’inefficacité, le gaspillage, la paralysie bureaucratique et la corruption. Or, c’est ce que voudront faire les “faucons” de la Chambre, donner encore plus d’argent au Pentagone… Et l’effet “collatéral” serait bien entendu d’accroître encore plus le déficit abyssal du trésor public.
• Or, Tea Party est présent. Il est vrai que Tea Party ne s’intéresse pas vraiment à la politique extérieure sinon, dans une certaine confusion et pour une partie seulement de Tea Party, pour des professions de foi sur la sécurité et la puissance US qui ne mangent pas de pain (du point de vue de Tea Party). Par contre, les engagements qu’absolvent vaguement ces professions de foi mangent, eux, beaucoup, beaucoup d’argent, et de l’argent public. Sur ce point, par contre, Tea Party est ultra-sensible et il vient au Congrès pour mettre le holà aux dépenses publiques. Il est mathématiquement, c’est-à-dire d’une façon comptable, impossible qu’il ne se heurte pas à un moment ou l’autre, à la question des dépenses de défense et à ceux qui en sont partisans, justement des républicains comme eux : «This is a debate that will break out in the GOP sooner rather than later, and the results should be … interesting», comme l’écrit Raimondo.
Nous ne croyons pas une seconde que dans un système si totalement perverti, si totalement gangrené par l’hubris du déchaînement de la force, la question d’une politique extérieure pacifiée et ouverte au compromis puisse sérieusement être posée. On ne peut attendre une telle œuvre collective d’un tel asile psychiatrique. Par contre, la formule de l’affrontement interne au parti républicain, sur la véritable politique (réduction des dépenses publiques) qui a donné la victoire au parti républicain, est une formule très vivace, pleine de fougue et de santé, qui peut conduire à des affrontements du plus grand intérêt, – notamment parce que nombre d’élus savent que c’est sur ce point qu’ils sont en accord avec leur électorat. La situation est donc, de ce point de vue, infiniment meilleure qu’avec une puissante majorité démocrate qui faisait la même politique belliciste en l’habillant de mots un peu plus délicats que ceux qu’emploient les bellicistes républicains.
Nous allons donc nous diriger rapidement, dans ces divers domaines sur plusieurs possibilités, – dont certaines ne s’excluent pas entre elles mais peuvent se rajouter et se renforcer.
• Une accentuation de la situation catastrophique du Pentagone, ajoutant une pression considérable en faveur du mouvement de réduction des dépenses du Pentagone, en cours notamment sous la direction de Ron Paul et de Barney Frank. Cette situation est évidemment en connexion directe avec les intentions plus larges de Tea Party de réduire les dépenses publiques.
• Le mouvement général de Tea Party de réduction des dépenses publiques, qui ne vise pas au départ la défense, mais qui peut aisément toucher à ce domaine pour pouvoir effectivement parvenir à des résultats significatifs. C’est dans ce cas où les deux possibilités (la précédente et celle-ci) peuvent se rencontrer et s’ajouter.
• Une troisième possibilité est une poussée violente des bellicistes pour forcer à un nouvel engagement militaire, notamment contre l’Iran. C’est possible mais la chose se ferait dans des conditions fort peu avantageuses, à cause des problèmes énormes des forces armées US, des erreurs de calcul diplomatique des experts US (voir l’Arabie), des chocs internationaux en retour contre les USA. Les conséquences seraient considérables, encore plus pour les USA eux-mêmes que pour la stabilité du monde, au niveau budgétaire en général, voire au niveau de la structure même du pays. (On peut à cet égard rappeler l’avis d’un néo-sécessionniste de grande sagesse, qui fait d’une attaque contre l’Iran une des deux causes possibles d’un effondrement brutal de la structure des USA et du système de l'américanisme.)
Dans tous les cas, la situation est infiniment plus intéressante qu’avec les démocrates majoritaires, à cause de polarisations multiples, de montées aux extrêmes dans tous les sens, de plus en plus antagonistes, à l’intérieur des partis, avec un personnel de plus en plus notoirement indiscipliné.
Mis en ligne le 3 novembre 2010 à 18H54