GW à l’Iran : si on causait?

Bloc-Notes

   Forum

Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.

   Imprimer

 440

L’interprétation générale de la décision US d’envoyer un important fonctionnaire du département d’Etat à Téhéran, William J. Burns, sous-secrétaire d’Etat pour les affaires politiques, et d’établir une liaison diplomatique limitée, est qu’il s’agit d’une concession d’importance des USA. Le commentaire va jusqu’à voir dans cette décision une volonté d’“éviter un conflit”, ce qui peut être considéré comme une interprétation paradoxale si l’on considère que Washington a été le seul acteur, avec Israël, à manier la menace, et contre Téhéran bien sûr. D'un autre côté, cet agencement tend aussi à conforter l'interprétation d'une concession.

The Independent de Londres, du 17 juillet, présente cette interprétation sans s’encombrer de nuances:

«Moving to avoid war in Iran in the final months of his administration, George Bush has approved the highest-level American diplomatic contact with its ideological enemy since the humiliating US embassy hostage crisis of 1979.

»Shifting from bellicose threats to diplomacy, Mr Bush is sending an envoy to talks this weekend aimed at curbing Iran's nuclear ambitions. The rapprochement includes plans by the US to post diplomats in Tehran for the first time since the Islamic revolution in the form of a US interests section – a move halfway to setting up an embassy – subject to approval by the Iranian President, Mahmoud Ahmadinejad.»

Le New York Times (le 17 juillet) mentionne également l’interprétation, mais en insistant moins:

«The presence of an American at the talks this weekend may help quiet the mounting calls in both the United States and Israel for military strikes against Iran because of its recent expansion of its uranium enrichment program and its unwillingness to fully explain its suspicious past nuclear activities.»

Les “faucons” sont, selon cette logique, très préoccupés par la décision de l’administration. Nous avons donc un commentaire venimeux et persifleur de John Bolton:

«“Just when you think the administration is out of U-turns, they make another one,” said John R. Bolton, a former ambassador to the United Nations, who was highly critical of the administration’s decision to remove North Korea from the list of state sponsors of terrorism last month. “This is further evidence of the administration’s complete intellectual collapse.”»

Autre élément peu favorable pour cette décision de l’administration (qui a, signalons-le, mis les négociateurs européens dans un “état d’extase”), – le rappel des précédentes initiatives dans ce sens, d’une reprise au moins momentanée des contacts avec l’Iran depuis la grande rupture de 1979; dans tous les cas, on y distingue le cas d'une concession majeure des USA.

»But there have been very few other direct encounters between American and Iranian officials since relations between the countries were severed after Iran seized the American Embassy in late 1979.

»During the hostage crisis, President Carter once secretly sent Hamilton Jordan, his chief of staff, dressed in disguise as a potential negotiator.

»In 1986, in an effort to free several American hostages in Lebanon, President Reagan sent his national security adviser, Robert C. McFarlane, on a secret arms-for-hostages mission to Iran. He went bearing a key-shaped chocolate cake and a Bible that Mr. Reagan had inscribed with a New Testament passage.»

Les relations, ou plutôt les non-relations devenant relations entre les USA et l’Iran prennent une étrange voie. Pour l’instant, ce qui domine à Washington, ce sont les quelques faits suivants: l’opposition résolue de la direction du Pentagone à tout conflit, y compris à tout risque de conflit venu d’Israël; la très grande difficulté matérielle et politique des USA de conduire une attaque de grande envergure et d’en assumer les conséquences, avec notamment l’affaiblissement de l’USAF qui serait le seul service qui aurait éventuellement accepté avec un certain allant d’attaquer l’Iran; l’aggravation de la crise économique qui monopolise de plus en plus l’attention du pouvoir à Washington et conduit à mettre une sourdine sur les autres foyers de tension. Ces divers points sont avancés comme explication de l'évolution US selon laquelle celle-ci écarte la voie de la tension et du risque de conflit.


Mis en ligne le 17 juillet 2008 à 21H59