GW est-il le Magicien d'Oz des temps postmodernes?

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GW transforme en chaos tout ce qu’il touche. Cette vertu magicienne n’est pas donnée à tout le monde. La qualification de “Magicien d’Oz” pourrait convenir puisque le roman où ce personnage évolue a un rapport avec la période dépressionnaire que connurent les USA à la fin du XIXème siècle, et le malheur des petits agriculteurs qui s’ensuivit.

Magicien d’Oz? GW annonce un plan d’aide à l’économie US, le 18 janvier, plan qui le fait même qualifier par certains de “keynesien” (il en serait sans doute surpris, cherchant qui est ce général Keynes, de l’U.S. Army en Irak). Ce plan est fait à la fois pour nous rassurer, là-bas aux USA et nous tous dans le vaste monde qui va avec, pour redresser la barre, pour relancer la confiance et ainsi de suite. Résultat: vendredi, Wall Street chute prestement et, aujourd’hui, les Bourses du monde s’effondrent.

Observation du Figaro de tout à l’heure (sans traduction de notre part):

«Le Cac 40 perd plus de 5.30% à 16h. A l'origine de la dégringolade des marchés mondiaux : le plan de relance de George Bush qui ne convainc pas.

(…)

»Les investisseurs sont déçus par le plan de relance de 140 milliards de dollars annoncé par le président américain George W. Bush vendredi. Ce matin, les places asiatiques ont fortement reculé, perdant entre 3% et 4%. Selon la presse, ce plan s'appuiera sur des remises d'impôts. Certains analystes estiment que ce plan pourrait permettre d'éviter la récession, ou d'amoindrir ses effets. D'autres pensent qu'il ne fera qu'augmenter le déficit.

»Par ailleurs, beaucoup d'investisseurs redoutent désormais une contagion de la récession américaine à l'ensemble de l'économie mondiale. Du coup, nombre d'entre eux sont désormais passés à la vente, estime un trader londonien: “Jusqu'à la semaine dernière beaucoup de gens étaient baissiers sur les indices mais peu étaient vraiment vendeurs. Certains étaient plutôt en mode d'attente et attendaient un rebond pour revenir à l'achat; le petit rebond de vendredi a même vu certains opérateurs revenir avec des stratégies haussières”.»

Est-ce le moment crucial? Pas de réponse parce que ce n’est pas du tout notre propos, parce que nous avouons notre peu de compétence en matière de prévisions économiques. D’ailleurs, si nous n’y comprenons goutte, nous sommes en bonne compagnie (du Figaro toujours, cette remarque de Jean-Noël Vieille, gérant Actions françaises chez KBL France, semblable à celui qui s’aperçoit qu’il pleut alors que la météo avait annoncé du beau temps: «Cette réaction est difficile à expliquer»). Nos observations seront essentiellement de l’ordre du psychologique, selon notre déplorable habitude.

• L’Américain GW Bush semble effectivement avoir les dons d’une sorte de magicien. De même qu’il sut mettre le chaos en Irak lorsqu’il attaqua ce pays ou à La Nouvelle Orléans lorsqu’il sauva cette ville, il sait mettre le chaos dans l’économie mondiale (c’est-à-dire USA+ROW) lorsqu’il veut la redresser. Nous n’irons pas plus loin dans cette remarque, ni dans le pronostic sur l’étendue du chaos, ni dans la perspective du redressement déjà annoncé à grands cris, ni dans l’intention comploteuse, type “creative chaos” cher aux néo-conservateurs.

• Le Rest Of the World (ROW), section finance, attend donc toujours des nouvelles du Nouveau Monde comme on attend des nouvelles du Messie. Washington a pris une aspirine, ROW-finance est pris d’une fièvre galopante. Sans doute va-t-on parler de l’“irrationalité des marchés” et toute cette sorte de choses. De toutes les façons, que ce soit du côté de Washington qui découvre la crise avec dix métros de retard ou de ROW qui croit toujours que Washington le sauvera et fait une crise comme ferait une épouse délaissée, la perspective est la même. Notre psychologie domine le champ de la crise du monde comme jamais elle ne le fit, prisonnière de ses images, des contradictions de ses images, d’une communication galopante qui la soumet aux pressions constantes et déformées du flot des informations.

• Crise grave ou pas, crise de rupture ou pas, – nous voulons dire, du point de vue économique? Cette question si importante reste accessoire. Ce qui importe, c’est le constat des psychologies chauffées à blanc par les images de la crise, par les observations de la crise; des psychologies qui réagissent plus vite que l’éclair, qui rendent toute tentative de contrôle vouée à l’échec, sinon par des réparations de fortune destinées à rompre très rapidement. Notre diagnostic, à notre sens: plus que jamais la “fascination de la crise”. Mais le terme pourrait ne pas plaire à tout le monde.


Mis en ligne le 21 janvier 2008 à 17H15