GW est “troublé”, — et nous donc

Il y a des signes qui doivent être pris au sérieux. C’est le cas de cette courte dépêche de United Press International, datant du 11 décembre, que nous reproduisons intégralement.

« Bush “troubled” by propaganda he ordered

» Fayetteville, N.C., Dec. 11 (UPI) — U.S President George Bush is reportedly “very troubled” that some 1,200 soldiers are writing “news” for Iraq that the White House ordered in September 2001.

»  “We call our stuff information, and the enemy's propaganda,” Col. Jack Summe, former commander of the Fourth Psychological Operations Group, told the New York Times.

» Recent disclosures that a Pentagon contractor in Iraq paid newspapers to print “good news” articles written by U.S. soldiers prompted an outcry, with members of Congress saying the practice undermined U.S. credibility.

» Bush's national security adviser Stephen Hadley said Bush was “very troubled” about the matter, although the campaign was begun by the White House, which set up a secret panel soon after the Sept. 11 attacks.

» The military psychological operations unit based at Fort Bragg, N.C., turns out what its officers call “truthful messages” to support the United States government's objectives in Iraq and Afghanistan, although its commander acknowledged that the stories are one-sided and their U.S. sponsorship is hidden. »

Ce qui est remarquable dans cette dépêche, c’est qu’elle est écrite dans le style volontairement neutre d’une dépêche d’agence. Il n’est pas question de polémique, de point de vue, etc., dans tous les cas dans la forme. Ce ton neutre expose pourtant un développement extrêmement critique d’une attitude du président et d’une activité de la Maison-Blanche. Il est question de la “propagande” ordonnée par GW Bush, d’une description moqueuse et ironique (« Bush “troubled” by propaganda he ordered ») de son prétendu “trouble” devant la révélation de cette propagande qu’il a ordonnée.

UPI est une grande agence de presse nationale, même sous le contrôle du groupe de presse du révérend Moon (même cela est signe également intéressant : jusqu’ici soutien de la politique de Bush, le groupe Moon ne cesse de s’en éloigner). Ce ton naturellement caustique et critique de déclarations gouvernementales signale une perte de l’acceptation automatique des déclarations officielles qui était la règle depuis le 11 septembre 2001. Même du côté de la presse alignée, les mensonges finissent par épuiser les réserves de servilité.

Mis en ligne le 14 décembre 2005 à 13H26