GW, l’homme “maistrien” de la montée aux extrêmes

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Le président a établi, dans l’histoire des fameux sondages Gallup, deux records: celui de président le plus populaire (90% des personnes interrogées en septembre 2001) et celui de président le plus impopulaire (28% en avril 2008) dans l’histoire statistique des USA. Ces deux extrêmes tendraient en effet à être absolus puisqu’ils concernent toute l’histoire du sondage Gallup, qui commence en 1938 pour cette sorte d’enquête, et que Gallup est considéré comme le premier mécanisme de sondage fiable dans ce domaine. GW Bush est donc un personnage historique par sa capacité à monter aux extrêmes.

Le sondage est présenté le 22 avril par USA Today:

«In a USA Today/Gallup Poll taken Friday through Sunday, 28% of Americans approve of the job Bush is doing; 69% disapprove. The approval rating matches the low point of his presidency, and the disapproval sets a new high for any president since Franklin Roosevelt.

»The previous record of 67% was reached by Harry Truman in January 1952, when the United States was enmeshed in the Korean War.

»Bush's rating has worsened amid “collapsing optimism about the economy,” says Charles Franklin, a political scientist at the University of Wisconsin-Madison who studies presidential approval. Record gas prices and a wave of home foreclosures have fueled voter angst.

»Bush also holds the record for the other extreme: the highest approval rating of any president in Gallup's history. In September 2001, in the days after the 9/11 attacks, Bush's approval spiked to 90%. In another record, the percentage of Americans who say the invasion of Iraq was a mistake reached a new high, 63%, in the latest poll.

»Assessments of Bush's presidency are harsh. By 69%-27%, those polled say Bush's tenure in general has been a failure, not a success.»

A côté de l’explication assez piètre, anecdotique et sans signification autre que par le sarcasme de “GW, personnage historique”, une autre explication doit être considérée. On comprendra qu’elle nous est plus chère. L’hypothèse devient qu’il s'agit plutôt d’une époque exceptionnelle, où les dirigeants sont les jouets des événements plus qu’ils n’en sont les maîtres. Dans ce cas, les sondages concernant la popularité de GW auraient une toute autre signification, extrêmement “maistrienne”. Ses 90% de septembre 2001 ne seraient évidemment que l’effet de l’événement 9/11 sur la fonction en tant que symbole, tandis que ses 28% ne sont que l’effet sur cette même fonction d’une situation générale qui est le déclin général de la puissance américaniste, encore plus que d’une politique particulière. Cette analyse rejoindrait l’appréciation que la politique US depuis septembre 2001 n’est nullement un effet de la seule volonté et des “plans” de l’administration mais un effet de l’évolution inéluctable de la puissance US, – en d’autres mots, de la mise à jour des faiblesses cachées de cette puissance. (Les jugements de plus en plus nombreux sur la véritable signification de “l’influence” des néo-conservateurs vont dans ce sens. Ils disent que les neocons, loin d’usurper la politique US, n’ont fait qu’en exprimer d’une façon activiste les véritables tendances.)

La question plus immédiate et plus terre-à-terre de cette situation est de savoir comment cette interprétation, si elle est bonne, va jouer sur l’élction présidentielle. La question plus précise est de savoir si cette situation va marquer la candidature McCain. Le problème de McCain deviendrait alors, face au problème déjà identifié des démocrates, de voir dans quelle mesure le candidat républicain ne sera pas prisonnier de ses liens inévitables avec l’administration républicaine. Pour l’instant, la confusion du côté démocrate empêche de se faire une idée précise de cette possibilité. Si l’interprétation se confirme, le caractère de “Guerre Civile” de l’élection en sera fortement renforcé.


Mis en ligne le 24 avril 2008 à 06H19