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31 août 2004 — En marge de la Convention républicaine, GW Bush a donné le 30 août une interview à la NBC. Il y parle de la guerre contre la Terreur, dont il reconnaît qu’elle n’est pas encore gagnée, et même qu’elle peut durer très longtemps, et encore plus longtemps que cela. Le quotidien The Independent de ce jour rapporte la nouvelle de cette façon :
« Mr Bush, who was in New Hampshire and Ohio yesterday, marked the start of his party's gathering with a nationally broadcast interview on NBC's Breakfast Show. Lingering on the topic of the war against terrorism, he said that the effort should never be relaxed.
» “You cannot show weakness in this world today because the enemy will exploit that weakness,” the President said, in a thinly disguised jab at John Kerry, his Democrat rival, whom he has painted as being less resolute than himself in fighting terror threats and seeing through the American mission in Iraq.
» For the first time, however, Mr Bush conceded that the war against terror will be a long one that may never be concluded. When asked by the interviewer, Matt Lauer, “Can we win?” the President replied: “I don't think you can win it. But I think you can create conditions so that the — those who use terror as a tool are — less acceptable in parts of the world.” »
D’une façon générale, les commentaires sont bien que GW Bush reconnaît les limites et les échecs des interventions en Afghanistan et en Irak. Mais un autre commentaire, à notre sens plus à sa place parce qu’il correspond mieux à la psychologie de GW ainsi qu’à celle de son équipe, est que l’échec général des efforts militaires de l’administration ramène l’administration à sa réaction initiale. Tout au long de septembre-octobre 2001, avant les premiers succès en Afghanistan, l’administration annonçait une nouvelle “guerre de Cent Ans”, voire une “guerre sans fin” contre la terreur, énonçant des listes également sans fin (jusqu’à 67) de pays qu’il faudrait songer à punir, des listes sans fin de mesures de mobilisation et ainsi de suite. Après le choc du 11 septembre 2001, nous étions tombés dans une sorte d’abstraction décrivant une humanité sombre et sans espoir, une sorte de Dark Age sans fin, un retour aux temps les plus sombres du Moyen-Âge primitif de l’An Mil.
Depuis, nous avons eu les multiples péripéties que l’on connaît, la victoire en Afghanistan, la préparation de la guerre en Irak, les mensonges surréalistes accompagnant cette préparation, la guerre-éclair puis la victoire-éclair, et le reste. Aujourd’hui, au bout de cette cavalcade dans laquelle il n’y a jamais rien eu de fondamentalement réel, avec une économie décrite selon les mêmes méthodes et qui s’avère aujourd’hui un fantôme d’économie, nous voici de retour à la case-départ.
Pépé Escobar, de atimes.com, nous donne un excellent texte là-dessus, où il définit la stratégie désespérée de l’administration GW Bush, pour l’emporter, avec cette phrase qui conclut le texte autant qu’elle lui suggère son titre, après avoir énoncé la liste sans fin des échecs et des catastrophes engendrés depuis trois ans par le gouvernement américain : « Who cares? In God — and terror — we trust to keep us indefinitely in power. »
En effet, l’administration GW Bush, dont le président a d’ores et déjà été salué par l’ancien maire de New York Giuliani, « qu’il soit réélu ou pas, comme le plus grand président qu’aient connu les Etats-Unis », a porté le nihilisme comme politique jusqu’à son terme ultime. Il faut réélire GW Bush, — à cause de Dieu et de la Terreur sans fin. Et cela peut marcher.