Halte au racisme anti-morts !

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Halte au racisme anti-morts !

(7) 8 décembre 2020 – Cela fait déjà largement plus de trois-quarts de siècle que les Japonais attaquèrent Pearl-Harbor ; c’était hier l’anniversaire de l’attaque et c’est hier que l’idée de ce commentaire me vint à l’esprit. Cet événement du 7 décembre 1941, ce « Day of the Infamy », marqua et même orienta décisivement ma vie. Pourtant, il y avait encore près de trois ans avant que je ne naisse, mais cet événement ouvrait une ère qui fut mon époque et sans doute entra-t-il dans mon âme qui n’attendait que mon corps terrestre pour se mettre à sa rude mission ; plus tard, mon âme, ainsi bien instruite, me chuchoterait ce qu’il faut attendre de cette création impie du diable lui-même. Je n’ai jamais plus, à partir du chuchotement, oublié cet enseignement cardinal.

L’attaque de Pearl Harbor reste célèbre dans ma mémoire par cette remarque, plus ou moins apocryphe selon certains, c’est-à-dire plus ou moins vraie, que fit un officier de l’US Navy au vu des carcasses éventrées des grands cuirassés de la Flotte du Pacifique : « Je sais que nous allons gagner cette putain de guerre mais je me demande bien comment... » C’était pourtant le coup de gong cosmique qui ouvrait l’ère de l’“empire américain”, l’‘American Century’ annoncé l’année d’avant par Henry Luce dans un texte pourtant plein d’amertume et de désespoir, tout marqué par la Grande Dépression ; ces deux “pourtant” marquent combien le pseudo “empire” de l’‘American Century’ n’était rien d’autre que l’alternative-simulacre : cela sera cela, cela sera ce simulacre d’“empire” qui prend naissance sur la revanche de ces cuirassés éventrés, – ou bien nous périrons, pensaient déjà les citoyens Américains-américanistes que sont les dirigeants et élites déjà complètement-Système.

(“Citoyens Américains-américanistes” ? Américains en train de devenir complètement américanistes, entrant dans la phase du festin, celui d’être dévorés par la Matrice qu’ils ont contribué à créer, partie importante et intégrante du montre satanique, le Système, engendré par le ‘déchaînement de la Matière”... Combien leur idée, l’idée de Luce notamment, correspond bien à celle de Lincoln, si souvent citée : « Si la destruction devait un jour nous atteindre, nous devrions en être nous-mêmes les premiers et les ultimes artisans. En tant que nation d’hommes libres, nous devons éternellement survivre, ou mourir en nous suicidant”. » Comme on dit dans les salons parisiens de la bienpensance-PC, “c’est dans leur ADN”, et c’est même l’ADN de notre catastrophique marche à l’abîme, avec nos ÉlitesSystème [ZZ] comme des moutons, bons élèves de La Boétie et de sa Servitude volontaire, prolongée en suicide empressé.)

... Aujourd’hui, trois-quarts de siècle plus tard, ce qui est à peu près mon âge, le simulacre touche à sa fin, transformé en tragédie-bouffe bien plus bouffe que tragique, et je crois bien que nous arrivons au terme de l’alternative envisagée par Lincoln, et l’on imagine évidemment dans quel sens. C’est autour de cette crise cosmique dont l’épicentre (la ‘Matrice’) est à ‘D.C.-la-folle’ et alentour en cette saison électorale, que je m’arrête à quelques épisodes à mesure de la chose, qui l’illustrent, la rationnalisent dans sa totale irrationalité, la consolident dans sa complète démence à la fois déstructurante et besognant à sa structuration catastrophique pour pouvoir durer jusqu’au terme.

L’idée était d’abord d’en faire un Bloc-Notes sur le site, rapidement transféré au journal à tout faire de PhG comme toutes les choses un peu folles dont il raffole. Comme intro à cette danse-bouffe démente du dément, je reprends avec la virtuosité de l’excellent joueur de volley-ball que je fus le chapô de ce que devait être ce texte...

• Un peu de balade au cœur de notre monde qui poursuit son temps-mortifère en repoussant les limites de la folie par goût de la performance. • Voici ce parlementaires US qui dépose un projet de loi qui interdit aux morts de voter, – et figurez-vous que ce n’est pas si grotesque que cela... • L’on attend que se manifestent les ligues de vertu face à cette terrifiante discrimination : “Halte au racisme anti-morts, l’égalité pour tous et les autres !”. • Dans ce slogan humaniste, c’est le “...et les autres” qui nous intéresse le plus. • Plus quelques autres cas dignes d’intérêt.

Effectivement, un député républicain du Texas à la Chambre des Représentants de Washington, Brian Babin, a déposé un projet de loi intitulé  à peu près “Loi Vous Devez Être Vivant pour Voter”, qui aurait aussi bien pu s’intituler ‘Loi sur l’interdiction faite aux morts de voter’. On s’explique de cette proposition de loi dite YMBAVA dans NewsMax.com :

« À première vue, le nom du projet de loi “You Must Be Alive to Vote Act” du représentant républicain du Texas Brian Babin semble évident, voire carrément hilarant.
» Mais étant donné le désordre post-électoral où nous nous trouvons, il n'y a rien de drôle dans la loi ‘YMBAVA’, qui doit être présentée au Congrès et, si le vote est positif, signée par le prochain président des Etats-Unis, – si ce n'est le président actuel reconduit, – dans la plus grande hâte.
» La proposition de loi de Babin vient du fait qu’au moins une partie des 74 millions d'électeurs qui ont soutenu Donald Trump pensent non seulement qu'un nombre important de morts ont ‘voté’, mais aussi que les démocrates ont contribué à ce que cela se produise, tandis que certains membres de la gauche affirment que les morts qui votent sont “extrêmement rares”. (C’est assez logique.)
» “Je dirige les efforts du Congrès pour mettre un terme à la pratique des personnes qui votent illégalement en utilisant les noms des personnes décédées, [explique Babin].
» “Mon projet de loi, la loi ‘You Must Be Alive to Vote’, garantit que ce type de fraude électorale est spécifiquement proscrit.`
» “Sans l'intégrité des élections, notre démocratie est vouée à l'échec.” »

Si je parle d’un autre titre pour le projet de loi (‘Loi sur l’interdiction faite aux morts de voter’), c’est pour mettre en évidence l’aspect discriminant et anti-égalitaire de cette loi que certains ne vont pas tarder à débusquer, – dans tous les cas, tonnerre, ils le devraient ! Et si ce n’est eux, je le ferai pour eux, tonnerre et entre déments ! Bien sûr, il ne fait nul doute que c’est de cette façon que les adeptes du ‘wokenisme’ devraient accueillir le projet, en y voyant du racisme, et en se déchaînant par conséquent : “Halte au racisme anti-mort, l’égalité pour tous et les autres !”

Ce “et les autres” dans la formule proposée montre bien l’universalisme-cosmologique du concept de l’égalité selon la perception du ‘wokenisme’. Le concept est largement supérieur à ce que l’on entendait jusqu’ici par ‘égalité’, car il est évident qu’il doit s’étendre au-delà de ce que nous entendons par “tous” (« l’égalité pour tous »). Nous devons rendre notre perception fondamentalement élastique, c’est-à-dire dépassant notre seule vision statistique et idéologique du peuplement terrestre. Pour cette raison, les morts eux-mêmes, considérés comme éliminés et non-existants, deviennent effectivement discriminés par cette loi, et privés de tout accès à l’égalité qui leur est due.

C’est ainsi qu’il faut désormais raisonner, pour appréhender la totalité du cosmos qui est embrassée par le ‘wokenisme’, et pour enfin extirper le mal du racisme jusqu’à ses plus vicieuses et cosmiques racines. Halte au racisme et à ses racines ! Ainsi, par des bouffonneries extraordinaires mais rendues nécessaires par les pratiques bouffonnes de fraude à ciel ouvert (« It’s a disgrace to our country, it’s like a third world country » [Trump]) des élections présidentielles en débat féroce et à la conclusion bien incertaine, ainsi se marque la désintégration par pourrissement et nullification (‘to cancel’, disent-ils) de l’‘empire américain’ de l’‘American Century’, devenu simulacre-bouffon d’empire d’un siècle qui est devenu les Derniers Temps.

Encore, la proposition de loi YMBAVA de Babin n’est pas le seul événement que je veux signaler pour fêter l’entropisation de la Bête ; l’on pourrait en dire en effet : “après tout, cela ne concerne que les USA et pas nous”. Pas si vite. Le phénomène si lumineux des BLM avec son extension capitalistique BLMGN (BLM-GNF), cette « affaire qui swingue », est un phénomène mondial, ‘globalisé’, qui concerne nombre de branches essentielles des activités de la postmodernité, et par conséquent nous hors-USA également.

Ainsi et alors, faut-il signaler la dernière en date, qui est la consécration que la publication Art Review , que présente et commente Alexander Adams, artiste et critique d’art, dans un texte pour RT.com le 6 décembre :

« Arts Review a désigné BLM comme la ‘personnalité’ la plus puissante et dominante de l’art dans le monde. C’est la première fois qu'un mouvement plutôt qu’un individu a été élu dans cette position et cela montre tout ce qui marche sur la tête dans le monde ‘woke’ de la culture moderne.
» Ce choix a été fait à partir d’une liste de présélectionnés désignée “power list” de 2020. L’évaluation d’Art Review est peut-être consternante et décourageante, mais elle est tout à fait exacte. Cette année, la BLM a balayé l'Occident comme une traînée de poudre (au sens figuré et au sens propre), incitant les foules à renverser des statues, à défigurer des monuments et à brûler des bâtiments. Malgré cela, trop peu de gens réalisent à quel point les administrateurs et personnalités des arts soutiennent ce mouvement politique qui s’autoproclame marxiste. »

Adams détaille ensuite l’effet que BLM a eu sur les grands établissements artistiques, les organisations, les musées, dans le monde entier. Aucune puissance organisée, aucun hyper-milliardaire, ne semble pouvoir réaliser avec ce tremblement de terre du monde de l’art ; et là, bien entendu, il n’est plus question des USA seuls.

Adams encore :

« Loin de bouleverser les courants et conceptions en cours, l’hostilité de BLM envers la culture traditionnelle européenne et américaine est tout à fait en accord avec la pensée dominante dans les milieux artistiques, universitaires et gouvernementaux. Une nouvelle génération (formée à la politique identitaire et aux études de de ‘cancel culture’ à l'université) estime qu’elle doit soutenir l’activisme. Il ne s'agit pas tant de choisir entre un devoir d’enseignement et une forme de matière à enseigner, – de nombreuses organisations ont des politiques de diversité, d'équité et d’inclusion qui instituent la ‘woke culture’ avec sa prétention de ‘justice sociale comme politique organisationnelle d’enseignement.
» Lorsque les protestations BLM (rapidement suivies d'émeutes) ont éclaté après la mort de George Floyd fin mai, le monde de l'art s’est impliqué instantanément. La Tate Gallery a publié une déclaration soutenant le BLM. Les artistes ont fait des dons au mouvement et ont organisé des ventes aux enchères. Creative Capital, qui “finance des artistes innovants et aventureux... qui façonnent l'avenir”, a expliqué comment soutenir le BLM. Le New York Times a désigné une statue couverte de graffitis du Général confédéré Robert E. Lee à Richmond, en Virginie, comme étant la meilleure création d'art protestataire de ces 75 dernières années. Le maire de Londres, Sadiq Khan, qui soutient le BLM, s’est engagé à “diversifier” les monuments et les noms de lieux de la ville.
» Le directeur de l'Institut de l’Institut d’Art Contemporain (ICA) de Londres a célébré le renversement de la statue d'Edward Colston à Bristol. Il a tweeté avec enthousiasme : “Ils doivent tous partir !” (Une déclaration audacieuse pour une organisation caritative enregistrée, à qui la loi interdit de se lancer dans une campagne politique.) L’ACI est un centre d’‘artivisme’, dépendant des financements et des dons publics car il a un public très restreint. Son compte Twitter est censé avoir 190 400 adeptes, mais la plupart de ses posts ont entre 2 et 8 ‘likes’.
» Tout cela vaut pour l’art contemporain, mais comment expliquer qu’un mouvement lié à l'iconoclasme peut être embrassé par les musées historiques ?
» La sympathie pour la narrative-BLM sur l'injustice raciale est extrêmement répandue dans les musées... »

Suivent d’autres détails, vous voyez le genre... « Tout cela vaut pour l’art contemporain », écrit Adams, c’est-à-dire que l’expression vaut pour l’art tout court puisque ce qui est aujourd’hui étiqueté ‘art’ et qui passe pour tel, jusqu’à l’Art Contemporain (A.C.) ‘himself’ (j’humanise cette sublime chose), chouchou de l’Église et de son pape sympa-BLM. Tout cela est absolument établi dans le seul présent, le Big Now, car nous n’avons plus rien à foutre du passé et ainsi en est-il pour les musées et institutions dédiées au passé.

Il faut dire clairement que BLM est une production évidente de la désintégration de l’empire, comme l’on dirait d’une matière fécale de dernière minute (avant l’occlusion finale), miraculeusement apparue, comme une sorte de Résurrection d’on ne sait quoi, aux yeux et à l’odorat de tous les artistes-contemporains du monde-im-monde, avec leurs satellites et leurs subventions (surtout leurs subventions). Enfin ! Ils ont un argument, et de quel poids avec les diverses breloques en comptes blanchis aux îles Caïman suant de $milliards de la galaxie-BLM, pour balancer cette merde du David de Michel-Ange et du Balzac de Rodin, pour les remplacer par une statue de cette ordure de Lee couverte de graffitis pour que le sale raciste-fasciste soit méconnaissable et im-monde, donc artistique, et qu’on dupliquerait en plus, avec traduction des graffiti pour nos petites têtes blondes masqués et confinés.

Bref, BLMGN ne pouvait pas mieux tomber, pour achever la complète inversion, merde par-dessus tête, de cette chose qui nous reste entre les doigts et dont nous ne savions que faire, – l’‘art’. Eux, ils savent faire. Ils feront. Ils participeront à l’achèvement du travail de complète destruction du monde pourtant redessiné par l’‘empire américain’ pour pouvoir tenir, mais qui ne tient rien du tout, qui s’automutile en mutilant les statues, qui déteste la nature-simulacre du monde qu’ils ont fait en ne voyant pas qu’il se déteste ainsi lui-même jusqu’à en crever.

Il n’y aura même plus de pape pour sanctifier selon les rites sataniques en vogue Park Avenue et au Congrès, l’enterrement en fanfare de l’‘empire américain’ : égalité pour tous, du vent le pape !

En attendant, et pour écarter ces pensées d’un malfaisant, pour s’adresser au ‘successeur de Pierre’ qui ose tout « c’est à ça qu’on le reconnaît », – en attendant, suggestion pour l’excellent pape François, ce faiseur de « bon boulot » pour La Divine Comédie-bouffe qu’est devenue l’Église, à la suite de ses acharnés efforts. Suggestion ? Voilà :  pourquoi ne pas canoniser BLM, dès maintenant tiens, on le mettrait côte-à-côte avec l’A.C. si chère au chœur battant de cette belle institution qu’est l’Église postmoderne du susdit Pope-Francis, de The House of Cards.

On aurait Saint-BLM, et l’Église battrait les records du monde de supporteurs, qu’aucune équipe de football au monde ne pourrait égaler, même avec Maradona ressuscité... Un peu d’audace, que diable ! Euh non, plutôt : ‘que dieu !’, pour brouiller les vieilles pistes fabriquées de force par les esclaves fouettés sadiquement par ces salopards de colonialistes blancs.