Haro sur la globalisation

Bloc-Notes

   Forum

Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.

   Imprimer

 722

Le Financial Times est à la fois très inquiet et extrêmement désolé. Il a devant les yeux les résultats d’un sondage multinational (Allemagne, Espagne, France, Italie, UK, USA) qu’il a fait effectuer par l’Institut Louis Harris. Il en présente les résultats, puis il les commente… La chose semble une terrible révélation pour le FT. Les peuples du monde développé, matrice de la globalisation, sont en majorité contre la globalisation.

«Citizens of rich countries feel insecure. They see globalisation as damaging to their interests, they worry about rising inequalities, they are unimpressed by those running their largest companies and want politicians to make the world more equal.

»Those are the stark results of the FT/Harris opinion poll, which apply in every country surveyed, whether in the US or UK with their more liberal economic cultures or in the more dirigiste continental European economies.

»The results open the way for populist politicians to win support by anti-globalisation rhetoric and promising greater regulatory control of economies.

»Even though defining globalisation defies many experts, the people in rich countries think dark thoughts when they hear the term. In no country polled did more people believe globalisation was having a positive effect on their countries than thought it was having a negative effect. Britain, the US and Spain stand out with less than a fifth of respondents thinking globalisation was beneficial.

»Since most economists believe globalisation has been a boost to the economic performance of rich countries as well as poor, these results are worrying.

»Part of the concern about globalisation is almost certainly the public’s feeling that the gap between rich and the poor in their countries was getting larger. More than three-quarters of respondents in every country except Spain thought that inequality was rising.

»The greater rewards earned by corporate executives go down badly with the rest of the population in rich countries. Only in Italy is there a majority who say they admire the people running their largest companies a fair amount or more. Britain and the US are least likely to respect corporate bosses, with 38 per cent of those polled in the UK saying they do not admire at all the people in charge of the largest companies.

»And everywhere, in Europe and in the US, a large majority supports more taxation for the highest earners. Contrary to many preconceptions, the lowest support for higher taxes on the rich came in France, where a still-sizeable 52 per cent were in favour.

»So much for the consensus. National differences also arose in many of the questions in the FT/Harris poll. A marked divergence arose between evidence and public impression in response to a question on whether people have the same opportunities to fulfil their potential.

»Many studies of inter-generational inequality show that the children of the poor are much more likely also to be poor in the US and in the UK than in continental European economies. But it is precisely the Anglo-Saxon countries where a much higher proportion of people have the impression that social background does not matter so much for economic opportunity.»

• La première surprise (et sans doute la seule) que nous éprouvions à la lecture de ces textes du FT, comme à celle des résultats, c’est bien devant la surprise douloureuse du FT. Ces gens se sont-ils un instant imaginé que la globalisation était populaire chez les citoyens civilisés ? Sans doute que oui et, alors, c’est la véritable surprise de ce sondage. (Au reste, il ne nous vient pas une seconde à l’esprit que cette surprise soit feinte ou de circonstance.)

• La seconde surprise n’en est pas une et prend le contre-pied de la réaction du FT. L’impopularité de la globalisation est une évidence d’un grand courant populaire qui se signale sporadiquement dans d’autres domaines, soit lors des grandes manifestations contre la guerre en Irak (février 2003), soit dans la constance du courant anti-américain dans le monde. Il y a là une identification inconsciente des peuples contre toutes les poussées déstructurantes et anti-identitaires, — car notre conviction est certainement que cette opposition à la globalisation s’appuie d’abord sur une opposition à cet aspect déstructurant et évidemment négateur des identités nationales.

• La troisième surprise n’en est pas une du tout. Les peuples anglo-saxons ne sont pas les derniers, tant s’en faut, à s’opposer à la globalisation et les Français ne sont certes pas les parangons de vertu ou les diables pervers (selon ce qu’on en a) systématiquement adversaires de la globalisation qu’on en a fait. Une première hypothèse est que les peuples ne s’identifient pas aux orientations prises par leurs nations ; une seconde hypothèse est qu’on est d’autant moins inquiet devant la globalisation qu’on se sent assurés d’une identité forte.

Résultat : le désarroi du FT. Si la globalisation reste particulièrement difficile à mesurer et à définir, il apparaît encore plus difficile de bien mesurer les réactions du public. La globalisation est un énorme phénomène que personne ne parvient à vraiment distinguer et contrôler mais dont les effets sont perçus comme de plus en plus négatifs.


Mis en ligne le 23 juillet 2007 à 12H06