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310Quelqu'un a dit un jour : "Le cinéma c'est Gary Cooper à cheval." Pour nous, le cinéma c'est Gary Cooper tout court, et j'espère le montrer en quelques lignes. De tous les acteurs de l'âge d'or, Cooper est le plus complet, bien plus par exemple que John Wayne ou Cary Grant. Seuls peuvent lui être comparés Gregory Peck ou Kirk Douglas, mais il les écrase. Gary Cooper incarne l'homme parfait, le père idéal (et non le gendre), on ne l'imagine pas commettre un acte mauvais. Il est ce château de pureté dont parle Mallarmé, cet Igitur rejeton des anciennes lignées que pleurent Villiers, Wilde ou Lovecraft. Ce n’est pas un hasard si Henry Hathaway, le plus sous-estimé des Maîtres, fut un aristocrate européen et même belge. C’est sans doute aussi le meilleur œil du cinéma. Personne ne filma l’Afrique ou le Mexique comme lui.
1935 : en quelques mois, Henry Hathaway, de son vrai nom marquis Henri Léonard de Fiennes donc, dirige Gary Cooper dans les deux plus beaux films du cinéma : les Trois Lanciers du Bengale et Peter Ibbetson, inspiré du roman rebelle et anar de George du Maurier, lui aussi d'origine française (à cette époque, comme disait Nietzsche, tout ce qui était d'essence aristocratique était d'origine française).
Les Trois Lanciers du Bengale (film préféré d’Hitler, dit-on, et on comprend vite pourquoi), écrit par un Francis Yeats-Brown, écrivain proche d’Oswald Mosley, sont le plus beau film de guerre de tous les temps, qui évoque en outre la guerre éternelle contre des musulmans alliés aux russes (Kipling…) et commandés par un chef afghan, Mohammed Khan (qui a dit que l'histoire ne se répétait pas ?). Cooper incarne un saint à cheval, un vrai templier qui veut à tout prix sauver le fils inexpérimenté de son colonel désespérément british. La camaraderie militaire, pour ceux qui l'ont connue, est sans égale. On l'a faite disparaître d'ailleurs. La scène centrale du film est d'une portée symbolique incroyable : la chasse au sanglier, animal druidique entre tous, pig-picking en anglais, qui constitue bien sûr dans ce cadre précis une insulte aux musulmans (la révolte des Cipayes n'est pas loin). La chasse au sanglier, comme celle à l'ours ou au cerf, a toujours eu une portée royale, alchimique presque. Quant à la fin du film, elle est tout simplement géniale : Cooper va se sacrifier, et il doit lancer une fusée pour faire sauter le dépôt de munitions ; il lui faut un mot pour sauver le monde. Et il le trouve : Poésie. Il lance et il meurt. Le film vaut aussi pour l'interprétation de l’irrésistible Franchot Tone, lui d'origine française.
L'autre chef d'œuvre d'Hathaway est Peter Ibbetson, film-culte des surréalistes et des cinéphiles d'élite. Il vaut pour son symbolisme (tout tourne autour des wagons et des maisons), pour son incroyable histoire d'amour, pour la lumineuse photographie en noir et blanc de Charles Lang (l’éclaireur du fantôme de Mrs Muir…), pour la présence de Cooper, bien sûr, et aussi d'Ann Harding, blonde sublime sortie du poème de Gérard de Nerval. Reconnaissons la pragmatique supériorité des studios, qui auraient pu adapter sans encombre Sylvie ou même Adrienne. C’est ça la classe.
Le film célèbre l'amour onirique, une vraie vie située ailleurs, celle dont parle Rimbaud, dont parlent tous les génies. Les deux êtres enchantés s'y retrouvent jusqu'à leur mort, alors que Cooper est emprisonné et paralysé, avant de gagner justement le paradis, un autre monde proche du Sidh des celtes. Mais tout le film vaut : les enfants du début jouent comme jamais on n'a vu jouer des enfants, et la scène du dîner infernal et coupant avec le mari est d'une intensité supraterrestre. Je pourrais parler d'autres films de Cooper : l'inoubliable Sergent York, qui narre une rédemption par la guerre et l'amour (encore) ; ou bien sûr le Westerner (ou cavalier du désert) de l’alsacien William Wyler, où l'on assiste au plus beau plan-séquence du cinéma : le dialogue de Cooper avec le juge Roy Bean, joué par l'inimitable Walter Brennan, d'ailleurs oscarisé pour ce rôle (tout arrive), est sans équivalent. Ici encore, on parle d'amour, on parle d'une Dame que l'on ne verra jamais. On ne reverra jamais un Gary Cooper. Il est mort quand est arrivée la télé, qui poussa l’âge d’or du cinéma vers sa noble sortie.
Hathaway, le cinéma et Gary Cooper
Quelqu'un a dit un jour : "Le cinéma c'est Gary Cooper à cheval." Pour nous, le cinéma c'est Gary Cooper tout court, et j'espère le montrer en quelques lignes. De tous les acteurs de l'âge d'or, Cooper est le plus complet, bien plus par exemple que John Wayne ou Cary Grant. Seuls peuvent lui être comparés Gregory Peck ou Kirk Douglas, mais il les écrase. Gary Cooper incarne l'homme parfait, le père idéal (et non le gendre), on ne l'imagine pas commettre un acte mauvais. Il est ce château de pureté dont parle Mallarmé, cet Igitur rejeton des anciennes lignées que pleurent Villiers, Wilde ou Lovecraft. Ce n’est pas un hasard si Henry Hathaway, le plus sous-estimé des Maîtres, fut un aristocrate européen et même belge. C’est sans doute aussi le meilleur œil du cinéma. Personne ne filma l’Afrique ou le Mexique comme lui.
1935 : en quelques mois, Henry Hathaway, de son vrai nom marquis Henri Léonard de Fiennes donc, dirige Gary Cooper dans les deux plus beaux films du cinéma : les Trois Lanciers du Bengale et Peter Ibbetson, inspiré du roman rebelle et anar de George du Maurier, lui aussi d'origine française (à cette époque, comme disait Nietzsche, tout ce qui était d'essence aristocratique était d'origine française).
Les Trois Lanciers du Bengale (film préféré d’Hitler, dit-on, et on comprend vite pourquoi), écrit par un Francis Yeats-Brown, écrivain proche d’Oswald Mosley, sont le plus beau film de guerre de tous les temps, qui évoque en outre la guerre éternelle contre des musulmans alliés aux russes (Kipling…) et commandés par un chef afghan, Mohammed Khan (qui a dit que l'histoire ne se répétait pas ?). Cooper incarne un saint à cheval, un vrai templier qui veut à tout prix sauver le fils inexpérimenté de son colonel désespérément british. La camaraderie militaire, pour ceux qui l'ont connue, est sans égale. On l'a faite disparaître d'ailleurs. La scène centrale du film est d'une portée symbolique incroyable : la chasse au sanglier, animal druidique entre tous, pig-picking en anglais, qui constitue bien sûr dans ce cadre précis une insulte aux musulmans (la révolte des Cipayes n'est pas loin). La chasse au sanglier, comme celle à l'ours ou au cerf, a toujours eu une portée royale, alchimique presque. Quant à la fin du film, elle est tout simplement géniale : Cooper va se sacrifier, et il doit lancer une fusée pour faire sauter le dépôt de munitions ; il lui faut un mot pour sauver le monde. Et il le trouve : Poésie. Il lance et il meurt. Le film vaut aussi pour l'interprétation de l’irrésistible Franchot Tone, lui d'origine française.
L'autre chef d'œuvre d'Hathaway est Peter Ibbetson, film-culte des surréalistes et des cinéphiles d'élite. Il vaut pour son symbolisme (tout tourne autour des wagons et des maisons), pour son incroyable histoire d'amour, pour la lumineuse photographie en noir et blanc de Charles Lang (l’éclaireur du fantôme de Mrs Muir…), pour la présence de Cooper, bien sûr, et aussi d'Ann Harding, blonde sublime sortie du poème de Gérard de Nerval. Reconnaissons la pragmatique supériorité des studios, qui auraient pu adapter sans encombre Sylvie ou même Adrienne. C’est ça la classe.
Le film célèbre l'amour onirique, une vraie vie située ailleurs, celle dont parle Rimbaud, dont parlent tous les génies. Les deux êtres enchantés s'y retrouvent jusqu'à leur mort, alors que Cooper est emprisonné et paralysé, avant de gagner justement le paradis, un autre monde proche du Sidh des celtes. Mais tout le film vaut : les enfants du début jouent comme jamais on n'a vu jouer des enfants, et la scène du dîner infernal et coupant avec le mari est d'une intensité supraterrestre. Je pourrais parler d'autres films de Cooper : l'inoubliable Sergent York, qui narre une rédemption par la guerre et l'amour (encore) ; ou bien sûr le Westerner (ou cavalier du désert) de l’alsacien William Wyler, où l'on assiste au plus beau plan-séquence du cinéma : le dialogue de Cooper avec le juge Roy Bean, joué par l'inimitable Walter Brennan, d'ailleurs oscarisé pour ce rôle (tout arrive), est sans équivalent. Ici encore, on parle d'amour, on parle d'une Dame que l'on ne verra jamais. On ne reverra jamais un Gary Cooper. Il est mort quand est arrivée la télé, qui poussa l’âge d’or du cinéma vers sa noble sortie.
Les grands westerns américains, Nicolas Bonnal
Une brève histoire du paganisme, Nicolas Bonnal
https://en.wikipedia.org/wiki/Francis_Yeats-Brown
Les grands westerns américains, Nicolas Bonnal
Une brève histoire du paganisme, Nicolas Bonnal