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2250• La belle formule d’Hillary a lancé un débat exceptionnel sur la nécessité hygiénique de la censure et du “contrôle total”. • Musk en rigole avec Carlson : si Kamala l’emporte, ils iront tous les deux en prison pour non-conformité au “contrôle total”. • A l’autre bout du spectre, voilà le pauvre Stoltenberg qui a quitté l’OTAN il y a une semaine et qui nous révèle sa profonde pensée : si l’Ukraine veut la paix elle devra passer sous les fourches caudines des Russes victorieux. • Comme quoi nous sommes certes menacés mais pas battus.
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Dans une ambiance de grande et franche rigolade parcourue d’hypothèses extraordinaires (et tout à fait sérieuses, elles), Elon Musk a donné une longue interview à Tucker Carlson, sur la chaîne du journaliste. Elle a été publié lundi sur le réseau social TweeterX, où Carlson publie également sa chaîne. Bien entendu, on a compris que Musk est, – comme il le dit lui-même, – « tout à fait partisan » de la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle du mois prochain.
« Carlson a commencé l’interview en envisageant ce qui se passerait si la candidate démocrate Kamala Harris battait son rival républicain Trump en novembre. “S’il perd… tu es foutu, mec !” s’est écrié Carlson, éclatant de rire en même temps que son interlocuteur.
» “Exact, s’il perd je suis foutu”, a acquiescé Musk, ajoutant “Et combien de temps est-ce que ma peine de prison va durer ? Est-ce que je verrai mes enfants ? Je ne sais pas.” »
Certes, on peut penser que Carlson plaisante, et c’est le cas pour ce qui est de la forme. Sur le fond, il ne faut pas s’y tromper. Depuis quelques temps, il est manifeste que le grand combat du Système est engagé contre les antiSystème, les dissidents, les “indépendants”, les “populistes d’extrême-droite”, – plusieurs noms contestés pour une seule position incontestable de contestation du Système (lui aussi nommé DeepState, establishment, presseSystème, élites-zombies, etc., – qu’importe le nom, tout le monde se retrouve sur le fond).
Si l’on veut, la phrase largement répercutée, et un peu imprudente, de Hillary Clinton à CNN, avec l’expression “contrôle total”, est l’indication la plus précise du sens de la bataille :
« Que ce soit Facebook, Twitter, X, Instagram ou TikTok, quels qu’ils soient, s’ils ne modèrent pas et ne surveillent pas le contenu, nous perdons le contrôle total et ce ne sont pas seulement les effets sociaux et psychologiques, c’est un véritable préjudice... »
Il est clair et évident pour tous ceux qui sont engagés dans la bataille, évident pour l’un et l’autre camp, que l’enjeu est l’installation ou pas d’une dictature du “contrôle total” de la parole, de la communication. Parvenu au point d’extrême tension où nous nous trouvons, avec comme prochain paroxysme l’élection du 5 novembre, il est clair et évident pour le camp du “contrôle total” que des mesures de censure et de coercition physique sévères devraient être prises contre ceux qui pratiquent cette activité de “subversion” de la dissidence. Par conséquent, la plaisanterie de Carlson n’en est pas une sur le fond, non plus que la réponse de Musk.
Enchaînant parallèlement à l’interview de Tusk sur la déclaration de Clinton, ‘SputnikGlobal.News’ publie un texte de Ian de Martino rassemblant un certain nombre d’opinions et de jugements sur l’actuel mouvement de censure. Il le fait alors que ‘Youtube’ vient d’’effectuer une purge en fermant les comptes de Mark Sleboda, de Rachel Blevins, de Glenn Diesen, de DD Geopolitics, de Fiorella Isabel, de Larry Johnson et de Eva K. Bartlett. Martino juge clairement que ces mesures sont prises en coordination entre les grands de ‘High Tech’ et le gouvernement. On retrouve la crainte exprimée par Hillary Clinton en toute ingénuité et avec un parfait cynisme, – conscient ou inconscient, c’est selon, – que les populations disposent d’une ouverture vers des “vérités” autres que celles qui sont dispensée par le Système et qu’on en perde ainsi “le contrôle total”.
« “Nous n’avons pas peur de confier au peuple américain des faits désagréables, des idées étrangères, des philosophies étrangères et des valeurs compétitives. Car une nation qui a peur de laisser son peuple juger la vérité et le mensonge sur un marché ouvert est une nation qui a peur de son peuple”, avait déclaré l’ancien président américain John F. Kennedy.
» “C’est de cela qu’ils ont peur”, a déclaré Sleboda, expert en relations géopolitiques et invité fréquent de Sputnik Radio, à ‘The Final Countdown’. “Ils ne vous font pas confiance pour entendre un point de vue différent de celui du gouvernement américain officiel et pour tirer ce qu’ils considèrent comme les bonnes conclusions politiques”.
» Dans des interviews séparées, Sleboda et Blevins ont tous deux déclaré que leurs chaînes avaient été supprimées sans avertissement ni avertissement. Tous deux ont été accusés d’avoir violé les politiques de YouTube sur les discours de haine et ont déclaré que leurs appels avaient été rejetés en quelques minutes.
» “N’importe qui critique la politique étrangère américaine, l’hégémonie, a vu ses chaînes YouTube supprimées”, a soutenu Sleboda. »
Bien entendu, ce qui nous est décrit là est le paysage d’une entente complète entre le gouvernement et les grandes entreprises du ‘HighTech’. Cette entente découle du fait général de la suppression progressive et complète de la politique dans les gouvernements, au profit de la protection des intérêts financiers généraux qui profitent essentiellement aux grandes entreprises.
Parallèlement, un courant d’entente idéologique de plus en plus puissant entre les deux partenaires, – généralement perçus comme “de droite” et “conservateurs” alors qu’ils se situent de plus en plus à gauche et dans un sens déconstructurant quasiment “révolutionnaire” dans la perception postmoderne. C’est cette tendance déconstructurante-“révolutionnaire” qui constitue l’idéologie du Système, et qui doit bénéficier d’une protection de la censure.
Cette entente annihile massivement (aux USA) l’effet du Premier Amendement (droit de parole) qui n’est nullement affirmé dans les activités d’Internet.
« “Mon avocat a appelé cela ‘la censure du Premier Amendement par procuration’, ou ‘la censure gouvernementale par procuration’, a expliqué le dessinateur politique et co-animateur de ‘The Final Countdown’ Ted Rall. “Le gouvernement américain a tendu la main aux grandes entreprises technologiques, a parlé à des gens comme Mark Zuckerberg [PDG de Meta] et ainsi de suite, et a dit : ‘Nous voulons que vous contrôliez et étouffiez ce que nous appelons la mésinformation et la désinformation’.”
» Alors qu’Internet est pratiquement omniprésent dans la société moderne, une extension du Premier Amendement aux secteurs public et privé de l’Internet est nécessaire pour protéger notre droit à la parole.
» “Que signifie réellement le Premier Amendement à l’ère actuelle où presque tout le monde est sur les réseaux sociaux ou sur Internet d’une manière ou d’une autre, et où c’est devenu en quelque sorte la nouvelle place publique ?” a demandé Blevins, journaliste indépendant et animateur de ‘The Backstory’ sur Radio Sputnik. »
Ces débats conduisent en général à des visions ou à des prévisions extrêmement pessimistes, qui sont une perception générale de la pensée dissidente qui est chaque jour confrontée à des risques et à des menaces. Cela n’est pas nécessairement fondé sur le terme, comme nous le voyons plus loin, mais cela se comprend aujourd’hui.
« “Comme nous l’avons vu ce week-end, YouTube peut arriver et simplement supprimer votre chaîne et vous priver du travail de toute une vie ”, a dénoncé Blevin, notant que sa chaîne était sauvegardée sur la plateforme de liberté d’expression Rumble.
“Ils n’ont pas encore vraiment adopté le terme d’ingérence électorale [pour qualifier une opinion dissidente], mais j’ai le sentiment que cela va arriver d’une manière ou d’une autre”, a prévenu Blevins.
» “Nous raconterons à nos petits-enfants l’âge d’or d’un Internet mondial”, avant que la censure ne prenne le dessus, a prédit Sleboda. “Je pense que nous allons voir notre Internet se fracturer en Internets d’États individuels ou en Internets de blocs géopolitiques. Et je pense que le processus a déjà commencé”, a-t-il prévenu. »
C’est une situation assez inhabituelle d’entendre des personnalisé publiques et médiatiques, largement engagés dans la bataille politique, débattre de leur futur possible-emprisonnement pour des questions de liberté de parole (celle que garantit le Premier Amendement). Voir également ce débat se prolonger chez des commentateurs connus également pour leur engagement politique, et déjà victimes de contraintes sur des questions de liberté de parole, – ce qui tend à crédibiliser le débat Musk-Carson qu’on pourrait pourtant percevoir comme surréaliste.
C’est un phénomène assurément propre à notre époque que de voir débattre, jusqu’à évoquer des peines juridiques pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement, à propos de quelque chose de plus important que de l’opinion critiquable ou diffamatoire, puisqu’il est question d’une vérité émanant d’une réalité (ce que nous nommons vérité-de-situation). C’en est au point où l’un des commentateurs cités juge qu’on pourrait un jour qualifier une prise de position défavorable à Untel ou Unetelle, candidat ou candidate, d’“ingérence dans le processus électoral”, – un équivalent du Russiagate servi à la demande, comme plat du jour permanent.
Il ne nous apparaît pas assuré qu’une telle évolution puisse aller à son terme à cause de la complexité du problème et de la charge, du côté des censeurs, des mensonges nécessaires pour seulement crédibiliser l’accusation. Nos deux subcrises, Ukraine et Israël, mesurent aujourd’hui la difficulté de l’entreprise parce que les partis officiellement défendu demandent, pour disposer d’un point d’appui acceptable, la construction d’un simulacre aux dimensions et à la complexité formidables On imagine la charge ainsi supportée et les ravages qu’elle cause dans les esprits des procureurs-censeurs.
D’autre part, la tâche d’une censure assurant un “contrôle total” des citoyens est proclamée et lancée régulièrement depuis 2001 et le Patriot Act aux USA. Elle apparut aussitôt très facile à assumer. La réalité est du contraire : au plus les exécutifs se sont mobilisés pour l’accomplir, au plus cette tâche s’est compliquée et a échappé à la possibilité d’un “contrôle total”. Cela vaut pour les citoyens “neutres”, pour les dissidents et pour les officiels eux-mêmes. Il est bien plus difficile aujourd’hui de conserver comme une vérité intangible le simulacre ukrainien que de croire et faire croire en 2003 que Saddam Hussein avait des armes de destruction massive.
Sur ce dernier point, nous avons le cas du Norvégien Stoltenberg, qui vient de quitter le secrétariat général de l’OTAN et qui ne perd pas une minute à nous révéler (le 5 octobre) une “vérité” que nous connaissons depuis si longtemps... Ci-après, quelques mots de Lucas Leiros, membre de l’association des journalistes des BRICS sur Stoltenberg qui n’est manifestement plus “sous contrôle total” :
« Mais le plus important dans cette nouvelle n’est pas l’incohérence de Stoltenberg, mais bien la justesse de son discours. Il a tout à fait raison d’admettre que l’Ukraine doit reconnaître ses pertes territoriales. Sans ce premier pas, il ne sera jamais possible de mettre fin au conflit, car la Russie a clairement indiqué à maintes reprises qu’elle n’était pas disposée à négocier sa souveraineté sur les Nouvelles Régions. Kiev doit reconnaître qu’elle a perdu la Crimée, Donetsk, Lougansk, Zaporojie et Kherson si elle envisage sérieusement un futur dialogue de paix. Sans reconnaître ses pertes, l’Ukraine ne fera que prolonger une guerre qu’elle ne peut pas gagner – et risquer de perdre encore plus de territoires.
» Il est curieux de voir comment Stoltenberg a admis cela si peu de temps après avoir quitté son bureau de l’OTAN. Apparemment, les responsables occidentaux sont contraints par les circonstances institutionnelles de cacher leur véritable point de vue sur le conflit, c’est pourquoi ils attendent d’avoir quitté leurs postes pour enfin dire la vérité. L’évaluation réaliste de Stoltenberg est la preuve évidente que même les décideurs de l’OTAN ne croient plus à une “victoire ukrainienne”. »
Mis en ligne le 8 octobre 2024 à 18H30