Hilarant, Hillary, — ou la double vertu des Clinton

Rien ne repoussera jamais assez loin les sympathiques limites des abracadabrantesques pratiques politico-friquées Made in USA. Dans l’affaire des ports US éventuellement administrés par Dubaï Port World (DPW), — et qui ne le seront pas, au nom de Dieu de la sécurité nationale ! — on voit Hillary Clinton dénoncer cette atteinte à la sécurité nationale et Bill conseiller habilement DPW sur la façon d’obtenir en douceur le marché.

C’est dans un éclat de rire général, pour qui sait en rire, que The Financial Times, très faux-frère pour l’occasion, a mis à jour la combinaison. L’affaire est diversement documentée, avec un bon compte-rendu de WSWS.org. Nous apprenons que Bill est un appointé régulier des UAE, dont fait partie Doubaï.

« Bill Clinton’s relations with the UAE are longstanding and lucrative. In 2002, he was paid $300,000 to address a conference in the emirate and received $450,000 for a more recent speech. The UAE has reportedly donated between half a million and a million dollars to the Clinton presidential library.

» In a further connection, published reports indicate that Clinton may have brokered a partnership deal between a Dubai government-owned financial company and the private investment firm of Democratic fundraiser Ron Burkle. Clinton is a paid member of the board of directors of the company, Yucaipa.

» Clinton has reciprocated by describing the dynastic regime in the UAE, where political parties are banned and the bulk of the population is made up of foreign laborers who enjoy no rights, as a “role model” for the Middle East and a “critical ally in the war on terror.”

Quoi de mal à tout cela? Il faut se rassurer puisqu’il y a ceci: « Hillary Clinton maintained that she and her husband never discussed his contacts with the UAE and insisted that he “supports my position, a position that is rooted in legitimate concerns about security.” » Hilarantes circonstances: Hillary n’a jamais parlé avec Bill de sa sympathique position sur les ports, — d’ailleurs ils ne se parlent guère plus; d’ailleurs Bill supporte la position d’Hillary concernant la sécurité des ports, contre des sous-marins d’Al Qaïda comme DPW dont Bill est l’avisé conseiller pour qu’ils emportent le contrat de gestion des susdits ports. Hillary, qui n’a peur de rien, a de forts soupçons quant à la vertu anti-terroriste des EAU, et Bill est d’accord avec elle ; d’ailleurs Bill a dit que les EAU sont un “modèle” pour le Moyen-Orient et “un allié essentiel dans la lutte contre la terreur”.

WSWS.org signale, pour ceux que cela intéresse, que le couple (républicain) Dole nous la joue idem, avec Elizabeth, sénatrice sourcilleuse quant à la sécurité des ports, et Bob, lobbyist appointé de Doubaï. Comme Hillary, Elizabeth n’a jamais parlé avec Bob de l’affaire des ports mais il est tout à fait d’accord avec elle. Ah oui, on oubliait : Madeleine Albright travaille avec Bill sur la promotion des vertus doubaïstes. Et la famille Bush a des liens de copains avec les UAE, par l’intermédiaire du Carlyle Group de Frank Carlucci, ancien de la CIA et du Pentagone. Avec mention spéciale pour Neil, le petit discret de la famille : « The president’s brother, Neil Bush, has forged his own lucrative connections with the UAE, making regular visits to Dubai and reportedly raising some $23 million in state investments for his educational software company, Ignite. »

Mis en ligne le 4 mars 2006 à 12H37