Hillary (et O’Hanlon-Pollack) piégés?

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C’est une bien curieuse affaire, qui s’accorde aux normes de cette époque étrange où l’information et la communication semblent n’être que les outils du virtualisme. Et puis, voilà que les conséquences sont bien réelles.

• Au départ, il y a l’article sensationnel de O’Hanlon-Pollack dans le New York Times du 30 juillet. Nous vous en avons parlé notamment le 8 août et le 14 août. L’article affirmait que le “surge” marchait et que la guerre pouvait être gagnée en Irak. L’affirmation a pu être rapidement remise à sa place, qui est celle d’un montage complet. Les deux “experts” avaient été baladés par les services de relations publiques du général Petraeus.

• Il n’empêche, tout l’establishment avait suivi d’un seul mouvement la tendance lancée bruyamment par l’article et aussitôt exploitée par Cheney-Bush. O’Hanlon et Pollack sont de la Brookings Institution et ils sont démocrates. Leur analyse touche largement l’équipe et les services de RP des principaux candidats démocrates, y compris et d’abord Hillary Clinton.

• D’où un discours que fit Hillary, le 21 août, selon lequel la “nouvelle tactique marchait”, ce qui était suivre les orientations de O’Hanlon-Pollack et, surtout, donner un satisfecit implicite à Bush-Cheney. Personne ne s’était aperçu, dans le staff d’Hillary, que O’Hanlon-Pollack s’était fait balader et que la chose était désormais démontrée. Le même 21 août, sur Huffington Post, Frank Dwyer était le premier à mettre en évidence la gaffe de la candidate, d’ailleurs authentifiée par l’extrait de son discours, où il s’agissait de ne pas déplaire à l’association des vétérans des guerres à l’étranger devant laquelle elle parlait:

«…That begins with ensuring that America does have the world's strongest and smartest military force. We've begun to change tactics in Iraq, and in some areas, particularly in Al Anbar province, it's working.

»We're just years too late changing our tactics. We can't ever let that happen again. We can't be fighting the last war. We have to be preparing to fight the new war.»

• … Mais, comme on sait, le vent tournoie dans tous les sens, à Washington. Parallèlement à la gaffe d’Hillary, le discrédit d’O’Hanlon-Pollack est désormais un fait politique largement en marche. Un article de ce matin dans le Daily Telegraph de Londres (journal largement connecté aux néo-conservateurs de Washington) examine la “démonisation” des deux experts baladés par les services RP du général Petraeus…

«Two of the Democratic party’s most influential strategists have been transformed into hate figures of the American Left after daring to support President George W. Bush’s tactics in Iraq.

(…)

»It has since turned Mr O’Hanlon and Mr Pollack into objects of hate for some Democrats and in the liberal blogosphere. Salon.com accused them of “shameless pro-administration propaganda” and called their article a “rank deceit”.

»Other critics said they ignored or under-played high casualty rates, sectarian cleansing, the power of militias and political stagnation.

»Most significantly the emergence of Mr O’Hanlon and Mr Pollack as cheerleaders for the “surge” strategy proved that senior Democrats are unable to present a united front of opposition to the war.

»Such was its impact that the presidential hopeful Hillary Clinton acknowledged that the surge is “working” in it efforts to improve security, even if Iraq’s government was failing.

»The political battlefield is heating up ahead of what is likely to be a mixed progress report from senior officials in Iraq next month. Mr Bush will nonetheless use it — and corroboration from other sources such as Brookings — to justify maintaining the surge and persuading wobbling Republicans not to back Democrat legislation for a timetable for withdrawal.»

• L’impact de cette affaire, au niveau de la politique intérieure washingtonienne, est donc considérable. Il semble que O’Hanlon, qu’on dit proche du camp Clinton (il aurait des espoirs d’y obtenir un poste en cas de victoire), a joué un rôle important en orientant le discours d’Hillary. Il s’ensuit, à la lumière de l’exploitation ultra-rapide de l’article O'Hanlon-Pollack par l’administration GW (Cheney faisait l’éloge de l’article le lendemain de sa publication), que naissent certaines théories sur un montage, une opération réussie de l’administration: à la fois provoquer un changement de point de vue sur la guerre (réussite temporaire) et piéger les démocrates, — particulièrement Clinton, — dans cette analyse (opération réussie). Pour cette raison (référence aux liens O’Hanlon-Clinton), un effort tout particulier avait été fait pour la visite de O’Hanlon-Pollack en Irak et pour répercuter leur article. Désormais, Clinton et les démocrates sont piégés par leurs engagements publics. Ils auront du mal à s’opposer à la thèse Petraeus selon laquelle la guerre marche finalement assez bien.

• A noter, enfin, le rôle essentiel qu’a joué Internet, à la fois dans la démolition de l’article-montage O’Hanlon-Pollack et dans l’acceptation de cette thèse déjà elle-même discréditée par Hillary Clinton.


Mis en ligne le 25 août 2007 à 13H12