Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
774On pouvait le deviner depuis un certain temps. Hillary Clinton, en fine politique, a compris que le libéralisme (selon les conceptions US, c’est-à-dire le progressisme) ne paie plus aux USA. Elle est en train d’achever une transformation bien dans l’air du temps, en devenant une démocrate “faucon” (hawk) bon teint. D’où son association en apparence très inattendue avec Newt Gingrich, l’ancien speaker républicain de la Chambre des Représentants, et ennemi juré des Clinton dans les années 1990. (Gingrich avait notamment mené l’attaque contre Hillary en 1993, alors qu’elle tentait de faire passer au Congrès un nouveau système de sécurité sociale progressiste ; il avait mené une majorité républicaine à la victoire au Congrès en novembre 1994, qui avait fortement handicapé Clinton, sur un programme ultra-conservateur, annonciateur de l’administration GW Bush post-9/11 : il avait conduit l’attaque contre Clinton pour l’impeachment dans l’affaire Lewinsky à la fin de 1998.)
L’association Hillary-Gingrich est largement appuyée sur un virage à droite de la sénatrice de New York (virage mesurable depuis quelques années, notamment sur l’Irak). L’article qui présente cette évolution (The New York Times du 13 mai 2005) consiste surtout en une présentation élogieuse de Hillary par Newt Gingrich.
« Beyond the issue of health care, Mrs. Clinton and Mr. Gingrich have forged a relatively close relationship working on a panel the Pentagon created to come up with ways to improve the nation's military readiness, according to people close to them.
» Mr. Gingrich says he has been struck by how pro-defense Mrs. Clinton has turned out to be at a time when other Democrats have criticized President Bush's decision to go to war against Iraq. He chalked that up to her experience in the White House, where her husband, as commander in chief, had to deal with grave national security matters.
» “Unlike most members of the legislature, she has been in the White House,” he said. “She's been consistently solid on the need to do the right thing on national defense.” It was, in fact, during one of the defense panel's meetings in Norfolk that Mr. Gingrich suggested to her that they join efforts to push legislation on an area of mutual concern: the need to spur greater online exchanges of medical information among patients, doctors, health insurers and other medical experts. That, in turn, led to the press conference that both attended this week.
» For all the headlines this unlikely duo is grabbing now, the thaw in their relationship dates back at least to December 2003, when Mr. Gingrich showed up on ‘Meet the Press,’ right after Mrs. Clinton had made an appearance of her own, and predicted that she had what it took to be the Democratic nominee for president — a comment that was noticed inside Mrs. Clinton's inner circle. On Thursday, he reiterated his belief that she will be a formidable challenger if she decides to run for the presidency in 2008. “Any Republican who thinks she's going to be easy to beat in 2008 really misunderstands the Clintons.” »
On en a vu d’autres en fait de réconciliation, mais celle-ci nous dit spécifiquement deux choses:
• Le conservatisme dur devient structurel aux USA. Les démocrates, plutôt qu’y faire contrepoids comme ce serait naturel dans le schéma classique, s’y adaptent et l’embrassent eux-mêmes. Le libéralisme (progressisme) est mort dans l’establishment washingtonien, le triomphe de GW est complet à cet égard.
• Il devient de plus en plus probable que Hillary Clinton sera candidate démocrate en 2008, et sérieusement armée pour l’emporter, — c’est-à-dire bardée d’engagements sur sa droite.
Mis en ligne le 15 mai 2005 à 13H30