Hillary serait-elle sacrilège?

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... C'est-à-dire, – Hillary ne serait-elle pas à 125% favorable à Israël? Grande émotion, consternation, indignation dans les organisations juives US favorables avec la passion qu’on sait à la cause d’Israël.

La situation étant instable et imprévisible, les surprises, ou supposées telles, ne manquent pas. C’en serait une, semble-t-on dire, de retrouver Hillary Clinton, désignée par tous les critiques de la politique belliciste et pro-israélienne de l’administration précédente comme fortement partisane d’Israël, sous le feu d’une critique furieuse de certaines organisations juives US. En cause, et cela jugée impardonnable, un avertissement sévère de la secrétaire d’Etat lancé à Israël, sous la forme d’une déclaration officielle exigeant en termes très fermes qu’Israël accélère son aide aux Palestiniens de Gaza. Il est possible qu’Hillary Clinton ne tienne pas précisément à subir le sort de Rice ou même de GW, traités publiquement de pantins du gouvernement israélien par Olmert au moment de la crise de Gaza.

Quelques extraits du constat fait par CBS le 27 février (repris pr Commondreams.org).

«“I am very surprised, frankly, at this statement from the United States government and from the secretary of state,” said Mortimer Zuckerman, publisher of the New York Daily News and member of the NYC Jewish Community Relations Council. […] “I don't believe that we should be in a position at this point to do anything to strengthen Hamas,” Zuckerman said. “We surely know what Hamas stands for as I say they are the forward battalions of Iran.”»

D’autres observations effarées ou furieuses, rapportées par la même dépêche, à partir de témoins qui se veulent représentatifs ou qui sont désignés comme tels, témoins aux USA ou en Israël mais qui expriment dans tous les cas ce qu’ils attendent de la ligne pro-israélienne dure que devrait être la politique US et qui commencent à s’inquiéter à ce propos: «“I liked her a lot more as a senator from New York,” Assemblyman Dov Hikind, D-Brooklyn, said. “Now, I wonder as I used to wonder who the real Hillary Clinton is.” […]«“I feel it's unfortunate that they don't continue the policy of the Bush administration, which was much more pro-Israel,” said Akiva Homnick of Jerusalem. […] “Hillary had Mrs. Arafat here and she invited Mrs. Arafat for lunch when she was the first lady,” added Babak Chafe of Great Neck. “She is pro-Palestinian 100 percent, really. Of course, we always knew it.”»

Du côté de la secrétaire d’Etat et de l’administration Obama, il semble y avoir une volonté affichée de modifier effectivement la politique traditionnelle des années Bush, certainement dans la forme: «Clinton's decision to hammer Israel comes as the Clintons and President Barack Obama are planning to give the Palestinians $900 million toward the rebuilding of Gaza in the wake of the Israeli offensive that was sparked by Hamas rocket fire. “We are working across the government to see what our approach will be,” Clinton said.»

Il s’agit évidemment d’un prolongement intéressant. Qu’on s’étonne douloureusement, sinon avec indignation, du “changement” de position d’Hillary Clinton est grotesque, – mais, après tout, nombre de nos déclarations publiques sont grotesques dans cette époque de la parole contrainte et du discours conformiste réduit à une langue primaire. Tout le monde devrait savoir, ou deviner, que Clinton a pris ses positions pro-israéliennes maximalistes parce qu’elle était sénatrice de New York, avec un fort électorat juif. On espère que Mr. Zuckerman n’a pas pris toutes ces déclarations-là, de la sénatrice Clinton du temps de New York et de son électorat juif, pour du comptant sans confirmation hors de New York, ou alors c’est faire preuve d’une grande naïveté ou d’une présomption excessive. Reste à voir ce que pense réellement aujourd’hui la secrétaire d’Etat Clinton, en se rappelant qu’effectivement la First Lady, du temps où elle était à la Maison-Blanche, était nettement sensible à la cause palestinienne (Babak Chafe, de Great Neck, n’a pas tort, dans tous les cas rétrospectivement, pour ces années-là: «She is pro-Palestinian 100 percent, really. Of course, we always knew it»).

Nous avons déjà publié quelques remarques sur la possibilité d’une incurvation de la politique US vis-à-vis d’Israël, où Hillary Clinton commençait déjà à avoir sa part. L’attitude de la Secrétaire d’Etat dans ce très récent incident, qui est manifestement une démarche délibérée et avec une intention politique, constitue un signe de plus pour renforcer l’hypothèse qu’il se passe quelque chose d’important dans les relations entre les USA et Israël. Le voyage qu’entreprend la secrétaire d’Etat au Moyen-Orient cette semaine permettra éventuellement de faire progresser la réflexion sur ce thème.


Mis en ligne le 2 mars 2009 à 09H18