Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
1175Certains commencent à se poser la question de savoir si la puissante Hillary Clinton, qui tient le département d’Etat, tient vraiment la politique étrangère de son pays en mains. Martin Walker, de UPI, consacre un article à cette question, le 10 février 2009.
«This week Hillary Clinton embarks on her first foreign tour as secretary of state, visiting Japan, Indonesia, South Korea and China. And the first question on the minds of her various hosts will be whether she is the true face of American diplomacy or just a hollow symbol.
»Given the force of her personality, her record in the Senate and the votes she stacked up in the primaries last year, it sounds bizarre to question her authority. But consider Hillary's curious position from the point of view of a Chinese or Japanese foreign minister.»
L’argumentation de Walker est solide. Il suffit de constater que la première grande intervention publique de politique étrangère a été celle du vice-président Joe Biden, le 7 février à Munich, à la Wehrkunde; que le même Biden montre une activité remarquable dans ce domaine, avec déjà des voyages dans la zone de crise Afghanistan-Pakistan, et en Irak, en janvier; que les intentions de Biden à cert égard implique effectivement un très grand activisme en matière de politique extérieure, perpétuant un nouveau rôle important pour le vice-président, inauguré par Gore et (surtout) Cheney..
Il y a aussi ces autres points:
• La nomination de deux “envoyés spéciaux” du président pour deux zones de crise importantes (Mitchell au Moyen-Orient, Holbrooke pour le Pakistan et l’Afghanistan).
• L’activisme du département du trésor dans les relations avec la Chine, établi depuis la crise par Paulson et qui sera poursuivie par Tim Geithner. La chose est évidemment justifiée par le poids énormes de la Chine sur la situation financière des USA et dans le domaine du commerce.
• Les intentions du général James Jones d’élargir le poids bureaucratique et les compétences du National Security Council, notamment à des matières telles que les exportations sensibles, la sécurité des voies de communication par rapport au commerce, etc.
• Le poids de Robert Gates et du Pentagone dans diverses questions importantes, comme les conflits irakien et afghan, les relations avec Israël, les relations avec l’Europe et surtout avec la Russie où les matières militaires jouent un rpole important.
Walker conclut comme il va de soi à cette lumière du constat de la diffusion du pouvoir en politique extérieure:
«But Hillary can hardly have been prepared for the erosion of her role that seems inevitable from the energetic travel schedule of Biden, the bureaucratic empire-building of the NSC and those new special envoys. This seems to leave Hillary with real authority over not much more than Africa, Latin America and Japan. It is hard to imagine that this is what she expected when she took over the State Department.
»More to the point, it leaves the foreign ministers of other countries wondering just how far she really speaks for the United States when she travels. Or should they also check with the Pentagon, the NSC, the Treasury, the relevant special envoy and the office of the vice president?»
Cette situation a-t-elle été voulue, et pour quelles raisons? Il nous semble probable qu’Obama, sachant qu’il allait être accaparé par les affaires intérieures, a effectivement mis en place volontairement un si grand nombre de structures pour que de très nombreuses mains se saisissent des affaires extérieures, de façon à sécuriser le fonctionnement effectif de ce domaine avec lui fort peu présent. Cela n’empêche pas, d’autre part, qu’en agissant ainsi il applique le précepte du “diviser pour régner”, notamment en empêchant Hillary de mettre en place une forteresse en matière de politique extérieure. Ainsi espère-t-on verrouiller un rival potentiel, par exemple pour la désignation démocrate aux prochaines présidentielles.
Cela n’empêche pas (bis) que l’effet décrit par Walker dans son dernier paragraphe sera au rendez-vous, que les alliés et autres partenaires vont se trouver placés une fois de plus devant une énigme américaniste (qui commende quoi? Qui fait quoi?); que cela n’est pas le meilleur moyen de restaurer dans toute sa splendeur assurée et harmonieuse la toute-puissance de l’influence US; que, si l’on poursuit dans ce sens, on sera conduit à observer que, pour la structure et le fonctionnement de la politique extérieure US, l’adage clasique convient à merveille, – “plus ça change, plus c’est la même chose”.
Mis en ligne le 12 février 2009 à 11H32