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5240Ce serait, ce sera vraiment une drôle d’élection, USA-2020, à tous égards, quelque chose qui introduirait dans les affaires du monde un baril de poudre, une mèche allumé, des fous qui pensent à autre chose, la haine comme combustible principal de l’hôpital psychiatrique, avec les coucous qui cherchent désespérément leur nid. Prenez Tulsi Gabbard et Hillary Clinton : la première n’existe pas pour l’essentiel de la presseSystème non-US (interrogez donc un vrai “journaliste” français [ditto, de la presseSystème] à cet égard) et quand elle existe pour la presseSystème US, c’est comme marionnette de Poutine ; la seconde semblait ne plus exister du tout, comme une sorte de fantôme redoutable et écrasant, sinon irrésistible, de spectre gluant également, une Lady McBeth d’un autre temps.
Mais voilà que tout bascule, d’abord par le biais d’une interview qu’Hillary Clinton donne à l’ancien conseiller du président Obama, David Plouffe. Commentant la course à la nomination du parti démocrate, et notamment le quatrième débat entre les candidats, elle ditque, sans vouloir faire de prédictions bien entendu, en toute objectivité et toute honnêteté comme à son habitude, elle pense que « les Russes ont l’œil sur une personne qui est présentement parmi les candidats dans les primaires et qu’ils essaient de l’orienter pour qu’elle devienne une candidate indépendante[des deux principaux partis]. […] Elle est [cette personne] la favorite des Russes. » Clinton estime qu’ainsi, “cette personne” divisera les démocrates et fera élire Trump, qui est le favori des Russes finalement… Peut-être pourrait-on demander à Vlazdimir Vladimlirovitch de désigner directemet le prochain président, sans passer par des élections coûteuses.
Par ailleurs, dans la même interview largement présentée par WSWS.org qui, pour la première fois, parle assez longuement de Gabbard et montre à son égard une position plutôt ambiguë, Clinton désigne également et nommément Jill Stein, candidate pour “les Verts” en 2016, d’une façon absolument formelle comme un agent des Russes (“a Russian asset”), – donc en plus de “la personne” en question : « Cela est assumer que Jill Stein laissera tomber[une candidature en 2020], ce qu’elle pourrait ne pas faire parce qu’elle aussi est un agent russe. […] Oui, elle est un agent russe, je veux dire, complètement. Ils [les Russes] savent qu’ils ne peuvent gagner sans un troisième candidat indépendant. »
(Aparté qui-va-de-soi : Bien entendu, nul n’aura à l’esprit, et surtout pas les commentateurs des journaux de référence, d’avoir la méchante idée d’imaginer une seconde qu’Hillary Clinton barbote extraordinairement dans le “complotisme” le plus débridé, un “complotisme” à deux coups au mains, portant sur deux élections, sur les primaires, etc. ; et toujours, toujours, un “complotisme” contre elle, contre sa Sublime Personne, car ce qu’Hillary ne pardonne pas à Stein, c’est de lui avoir pris des voix lors du vote de novembre 2016, donc d’avoir permis à cet épouvantable Trump de se la payer comme on caresse le cul d’une escort girl. A cet égard de l’imagination obsessionnelle et du caractère narcissique, il est possible que Clinton mérite un traitement psychiatrique au moins aussi vigoureux que celui que les adversaires de Trump réclament pour Trump. Dans tous les cas, sa façon de mettre en cause Stein, d’une façon si diffamatoire, pourrait bien la mener devant les tribunaux, ce qui animerait un peu plus encore les bacchanales en cours…)
Revenons-en à Tulsi Gabbard, – puisqu’il s’agit principalement d’elle à notre estime, bien entendu, – pour observer le principal : elle a aussitôt riposté avec colère par le biais de son compte tweeter. La députée d’Hawaii, bête absolument-noire de tous les belliciste US et désormais quotidiennement accusée d’être “a Russian asset”, nous fait part de deux choses :
• “C’est vous, Hillary Clinton, la plus pourrie d’entre les pourries (et pourris) de la politique à Washington D.C., qui êtes derrière la campagne de diffamation qui tend à faire de moi une ‘marionnette du Kremlin’”.
• Au lieu de vous cacher, sortez au grand jour et annoncez enfin ce que vous avez en tête et préparez en secret : que vous êtes candidate pour la désignation du parti démocrate pour USA-2020.
Voici le texte des tweets du 18 octobre :
« Super ! Merci Hillary Clinton. Vous, la reine des bellicistes, incarnation de la corruption et personnification de la pourriture qui a rendu le Parti démocrate malade pendant si longtemps, vous êtes enfin sortie de derrière le rideau où vous vous dissimuliez...
» Depuis le jour où j'ai annoncé ma candidature, il y a eu une campagne concertée pour détruire ma réputation. Nous nous demandions qui était derrière tout cela et pourquoi. Nous savons maintenant que c'était bien entendu vous, grâce à vos réseaux et à vos puissants alliés dans les médias de la presseSystème et le système de la sécurité nationale...
» Il est maintenant clair que cette primaire est entre vous et moi. Ne vous cachez pas lâchement derrière vos candidats faux-nez. Participez directement à la course. »
Cet accrochage d’une extrême violence montre que la campagne USA-2020 n’a pas encore révélé toutes ses potentialités explosives. Concernant le sort de Gabbard, on la croyait malheureusement, non pas éliminée mais neutralisée par l’appareil du parti démocrate et toute sa production de corruptions et de FakeNews, voire de DeepFuke (ce sont les termes qu’ils emploient ou qu’ils méritent). Or, la sortie d’Hillary nous montre au moins une chose.Le parti démocrate, dans son noyau même dont la pourriture-Clinton est la plus prestigieuse représentante et manipulatrice (surtout dans un parti démocrate qui ne sait qui se choisir, qui est déchirée entre divers clans et tendances, avec une évolution extrémiste constante, etc.), le parti démocrate donc a encore peur de Tulsi Gabbard, et même plus peur que jamais.
Une attaque comme celle de Clinton, qui compte beaucoup plus d’adversaires qu’elles ne croient, peut devenir un brevet d’honorabilité paradoxal pour Gabbard, voire la propulser parmi les personnalités les plus importantes de la campagne, de la façon que suggère Gabbard elle-même avec cette affirmation extrêmement audacieuse : « Il est maintenant clair que cette primaire est entre vous et moi ». On a de la peine à penser, selon ce qu’on connaît du personnage mesuré et maître de soi qu’est Gabbard, que cette phrase stupéfiante soit une sortie provocatrice sans aucune assise ni indice intéressant, – par exemple une sortie “à-la-Trump”… Ce n’est pas son genre, à moins qu’elle ait jugé qu’en cette circonstance, tenter un tel coup, avec une personnalité comme Clinton, c’était la sagesse tactique même pour la faire sortir de ses gonds et tenter effectivement de rafler USA-2020.
Quoi qu’il en soit, l’algarade furieuse entre les deux femmes conduit à plusieurs questions dont nous n’avons pas les réponses, qui sefvent de compléments à nos observations.
• Lorsqu’elle accuse Clinton d’être la manipulatrice en cheffe des attaques contre elle, Gabbard fait-elle seulement une supposition basée sur la seule interviewe, ou dispose-t-elle d’éléments plus concrets ?
• Son défi à Hillary est-il fondé ? (“Cessez donc de vous dissimuler derrière vos divers faux-nez qui font pour vous le travail de déblayage”, en d’autres mots « Participez directement à la course. ») Gabbard sait-elle quelque chose de précis sur les intentions d’Hillary ou bien tente-t-elle de la pousser à prendre une telle décision d’une façon irréfléchie, sous le coup de la colère et de la vanité blessée ?
Quoi qu’il en soit, on jugera justifié que Gabbard mette le paquet, notamment avec la phrase qu’un commentateur-zombie jugerait effectivement ahurissante : « Il est maintenant clair que cette primaire est entre vous et moi. » Le problème pour ceux qui seraient tentés d’expédier Gabbard d’un sourire méprisant avec la question “Pour qui se prend-elle ?”, c’est qu’on pourrait leur répondre avec une question également stéréotypée mais qui a toute sa place : “Qui m’a fait reine?”, puisque tout le monde ne cesse de l’accuser et de la dénoncer, Hillary Clinton en tête.
C’est là finalement qu’est le nœud de l’intrigue de ces élections USA-2020 du côté démocrate : pourquoi tant d’attention est-elle accordée, tant d’efforts sont-ils déployés, contre une candidate (Gabbard) dénoncée de partout, bloquée dans des sondages calibrés pour la démolir, dénoncée comme “agent russe”, jugée hors-course avant que d’exister ? Au fait, ils finiraient par ouvrir une enquête contre Gabbard, quelque chose dans ce sens ; ils sont assez déments pour le faire. Nous verrions alors la campagne USA-2020 exploser de toutes parts, de toutes les façons, et sans doute s’amorcer les grandes cérémonies de l’enterrement de l’“Empire des Etats-Unis d’Amérique”.
Run, Tulsi, run...
Mis en ligne le 19 octobre 2019 à 13H56