Holà, petit Nicolas ! Première piqûre de rappel maistrienne…

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Sarko va plus vite que son ombre. Il avait le programme jusqu’à son élection, élection incluse, mais pas après — mais il a pourtant enchaîné. D’où la “retraite monacale” sur le yacht de l’ami Bolloré. Aussitôt, le ciel a tonné. Prenez, par exemple, l’inévitable Libé qui se fait pour la bonne occasion le porte-voix des électeurs frontistes ayant voté pour Sarko et l’interpelle («Boat People», titre de la une sous une photo du superbe navire) au nom de la misère des banlieusards accablés par la racaille ambiante. Sarko ne s’excusera pas pour autant, ce qui montre que l’héroïsme du personnage pointe sous Bonaparte.

Libé est-il l’instrument de Joseph de Maistre? Rien ne pourrait faire plus plaisir à ce quotidien réactionnaire et papiste, comme l’était l’historien sus-nommé. Les gros titres de la presse parisienne ont donc constitué ce que nous désignerions comme “une première piqûre de rappel maistrienne”.

Le petit Nicolas doit apprendre une chose : il a été choisi par le destin. Comme chacun sait, on n’échappe pas à son destin, sous peine, si l’on insiste, de “tomber ignoblement” (notre citation maistrienne favorite). Sarko a commencé son apprentissage du destin de président de la République avant même d’être investi, ce qui laisse présager un destin exceptionnel, — du type : il a intérêt à vite apprendre à être héroïque, sous peine (bis) de “tomber ignoblement” sous les coups de l’impitoyable liberté de la presse la plus intelligente du monde.

Pis encore, s’exclame le Ciel courroucé : Sarko a commencé par une faute de goût. Nous autres, à dedefensa.org, nous lui aurions pardonné s’il avait choisi un vrai bateau, un de ces superbes yachts à voile où se fait la vraie navigation. C’eût été le choix des grandes étendues maritimes, avec le seul bruit du chuintement des vagues et des poulies qui grincent, où l’on trouve aisément sa “retraite monacale” dans la monotonie de la navigation sans pétarades. Un gros yacht à moteur, cela fait un peu trop vite arrivé, c’est-à-dire arriviste. Désormais, le candidat choisi par le destin doit songer à cette sorte de détails. Il est élu, les vacances sont finies. Il doit se tenir à la disposition de l’Histoire.


Mis en ligne le 9 mai 2007 à 15H59